Revue de réflexion politique et religieuse.

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Depuis le mois de jan­vier 2022, la revue publie désor­mais régu­liè­re­ment en ligne des articles, notes de lec­tures, entre­tiens, ou contri­bu­tion spon­ta­nées qui lui sont adres­sées

22 Mar 2022

L’Église de France, la per­sé­cu­tion des juifs et le Vati­can (1940–1944) par Limore Yagil

La grande majo­ri­té de l’Église de France, sur­tout la hié­rar­chie épis­co­pale, accueillit avec enthou­siasme et espoir les pro­po­si­tions de « réno­va­tion natio­nale » énon­cées par le maré­chal Pétain, chef du gou­ver­ne­ment de Vichy. Dès le len­de­main de sa consti­tu­tion, le nou­veau régime édic­ta quelques décrets qui lais­saient clai­re­ment pré­sa­ger ses inten­tions concer­nant les juifs. La hié­rar­chie catho­lique, à quelques excep­tions près, n’a pas encou­ra­gé l’antisémitisme offi­ciel du régime de Vichy. Par tra­di­tion, l’Église affirme que l’obéissance à l’autorité est pour les fidèles une obli­ga­tion de conscience. Si la majo­ri­té des évêques ont été concrè­te­ment fidèles à Pétain, cer­tains ont dis­tin­gué entre la légi­ti­mi­té de l’État et la vali­di­té de sa légis­la­tion, et encou­ra­gé leurs fidèles, en par­ti­cu­lier les reli­gieuses et les prêtres de leurs dio­cèses, à agir pour secou­rir des juifs, et ceci bien avant l’été 1942. Face aux rafles des juifs en été 1942, six évêques ont ripos­té publi­que­ment, cha­cun avec un style dif­fé­rent.

Ce qui est inté­res­sant, c’est que d’autres pré­lats res­tés silen­cieux ne sont pas res­tés pas­sifs dans leur dio­cèse. « Les évêques avaient su main­te­nir intactes les exi­gences de la conscience chré­tienne sur les enjeux fon­da­men­taux concer­nant la per­sonne humaine et notam­ment la per­sé­cu­tion anti­sé­mite », a pré­ci­sé le car­di­nal Lus­ti­ger[1]. (suite…)

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2 Mar 2022

Le motu pro­prio Tra­di­tio­nis cus­todes et ses suites. Occa­sion pro­vi­den­tielle ou vic­toire à la Pyr­rhus ? par Laurent Jestin

Le motu pro­prio Tra­di­tio­nis cus­todes (16 juillet 2021) a eu pour objet d’annuler celui de Benoît XVI, Sum­mo­rum Pon­ti­fi­cum, publié qua­torze années aupa­ra­vant. Le pro­pos de ce der­nier était d’arriver à une paci­fi­ca­tion des ten­sions entre par­ti­sans des litur­gies post­con­ci­liaires et fidèles à la litur­gie héri­tée des siècles pas­sés, dite de saint Pie V mais assu­ré­ment bien anté­rieure, posant pour cela que cha­cune de ces deux « formes » expri­maient la même concep­tion de la litur­gie. L’acte du 16 juillet der­nier a été sui­vi de plu­sieurs autres, for­mant un ensemble répres­sif bru­tal, incom­pris, esti­mé abu­sif par beau­coup, dont divers évêques et car­di­naux. À l’inverse, divers autres se sont bruyam­ment réjouis de la dis­pa­ri­tion de ce qu’ils consi­dé­raient comme une ano­ma­lie affec­tant non seule­ment la dis­ci­pline litur­gique, et sur­tout une contra­dic­tion inac­cep­table. Selon eux, la dif­fé­rence va au-delà des formes, elle tra­duit plu­tôt une rup­ture de fond : non une dif­fé­rence céré­mo­nielle, mais une oppo­si­tion radi­cale entre une théo­lo­gie de la messe anté­rieure à 1969, révo­quée, et une autre théo­lo­gie, incom­pa­tible avec la pré­cé­dente. (suite…)

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25 Jan 2022

Entre­tien sur le concept d’É­tat pro­fond par La Rédaction

“Nous sommes en pré­sence de deux phé­no­mènes paral­lèles, l’un qui est la réac­tion de défense sani­taire au sein de chaque État , jus­ti­fiant un « état d’exception » tem­po­raire, pro­por­tion­né à la gra­vi­té réelle d’une menace à l’encontre d’une popu­la­tion, et déli­mi­té par la nature médi­cale de celle-ci, l’autre qui consiste en l’implantation, à la faveur de l’événement, des bases d’un régime poli­tique appa­rem­ment nou­veau, ayant une allure tyran­nique.

Dans ce cli­mat opaque, on parle d’hybridation pour dési­gner cette inter­pé­né­tra­tion entre ins­tances légales et inter­ve­nants clan­des­tins, qui rend indis­cer­nable la loca­li­sa­tion des déten­teurs du pou­voir réel”

Entre­tien avec le direc­teur de la rédac­tion à retrou­ver en ligne : https://www.hommenouveau.fr/3900/politique-societe/allons-nous-vers-un-etat-profond-planetaire—br-entretien-avec-bernard-dumont–directeur-de-catholica.htm (site de l’Homme Nou­veau)

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4 Jan 2022

Fin d’une ten­ta­tive de conci­lia­tion par Laurent Jestin

[Note : le texte sui­vant a été publié dans le numé­ro 153. Un dys­fonc­tion­ne­ment d’im­pres­sion ayant élu­dé l’en­semble de ses notes de bas de page, il est ici publié en ver­sion inté­grale et réta­blie]

Tra­di­tio­nis cus­todes, la lettre apos­to­lique en forme de motu pro­prio du pape Fran­çois « sur l’usage de la litur­gie romaine anté­rieure à la réforme de 1970 », a frap­pé par les res­tric­tions pra­tiques dras­tiques qu’elle contient. La lettre aux évêques l’accompagnant énonce le terme visé : l’extinction de la messe célé­brée selon l’usus anti­quior, ce qui, plus que le ton abrupt que tous ont noté, fait de ces res­tric­tions un chan­ge­ment de cap radi­cal. Mais quel en est le fon­de­ment ? Nombre de réci­pien­daires, sou­vent pour s’en déso­ler ou s’en décla­rer exempts, se foca­lisent sur l’accusation d’une col­lu­sion entre mis­sel ancien et refus du concile Vati­can II et du magis­tère pos­té­rieur. C’est se trom­per sur l’importance de ce motif effec­ti­ve­ment invo­qué. Il est second et, pour le bien com­prendre dans la logique du motu pro­prio, il convient de rele­ver une pre­mière oppo­si­tion, plus fon­da­men­tale, à la source du rai­son­ne­ment de Tra­di­tio­nis cus­todes. Cela, qui n’apparaît qu’en fili­grane dans la lettre d’accompagnement adres­sée aux évêques, se trouve déve­lop­pé par celui qu’à bon droit on consi­dère comme l’un des ins­pi­ra­teurs du docu­ment papal et son inter­prète le plus auto­ri­sé, à savoir Andrea Grillo[1]. C’est ain­si un com­men­taire sur trois niveaux –  le motu pro­prio lui-même, la lettre qui l’accompagne, l’explicitation d’Andrea Grillo – que nous nous pro­po­sons d’entreprendre, avec pour centre l’article 1er du motu pro­prio, dans le par­ti pris assu­mé d’un accord sub­stan­tiel entre les deux pre­miers et le troi­sième niveau. (suite…)

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10 Nov 2021

Les réponses non pro­por­tion­nées d’une théo­lo­gie morale « pro­por­tion­nelle » par Dom Giulio Meiattini


Le texte qui suit est la tra­duc­tion d’un cha­pitre du livre col­lec­tif 
Mors tua vita mea, publié sous la direc­tion de Mas­si­mo Viglione (Manie­ro del Mir­to, Alba­no Laziale, 2021, 332 p.), repris ici dans notre tra­duc­tion avec l’autorisation de l’éditeur et de l’auteur. Le long sous-titre de l’ouvrage en indique l’objet pré­cis : « La fin ne jus­ti­fie pas les moyens. Sur l’illicéité morale des vac­cins qui uti­lisent les lignes cel­lu­laires de fœtus vic­times d’avortements volon­taires ».[1]

Le débat sur l’utilisation de lignées cel­lu­laires pro­ve­nant d’avortements volon­taires pour tes­ter et/ou pro­duire des vac­cins (ou « pré­ten­dus vac­cins ») est deve­nu une affaire très contro­ver­sée et très dis­cu­tée, même dans les milieux catho­liques, uni­que­ment à la suite des pro­blèmes de san­té cau­sés par la pro­pa­ga­tion du Sars-Cov‑2. Jusqu’alors, le sujet était trai­té presque exclu­si­ve­ment par des experts en bioé­thique et en théo­lo­gie morale, ou trai­té dans très peu de textes magis­té­riels. Ce sont les cir­cons­tances récentes entou­rant une vac­ci­na­tion de masse inédite qui ont mis la ques­tion sous les feux de la rampe et lui ont don­né une toute nou­velle réso­nance.

(suite…)

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9 Mai 2020

Paru­tion : La digni­té humaine. Heurs et mal­heurs d’un concept mal­trai­té par La Rédaction

Paru­tion de cet ouvrage col­lec­tif réa­li­sé sous la direc­tion de Ber­nard Dumont, Miguel Ayu­so, Dani­lo Cas­tel­la­no. Au registre des idées reçues, l’affirmation selon laquelle la digni­té humaine est une décou­verte des Lumières tient une place de choix. Mais on n’a pas atten­du Kant pour consi­dé­rer que l’être humain tient une place émi­nente dans la Créa­tion, et le chris­tia­nisme voit dans la per­sonne du Verbe incar­né l’Exemplaire même de toute digni­té. Par contraste, la phi­lo­so­phie moderne a vou­lu pla­cer la racine de la digni­té dans l’autonomie, c’est-à-dire dans l’affranchissement de toute loi exté­rieure à la volon­té humaine, et non plus dans l’honneur d’accomplir libre­ment ce qui est bien.
La post­mo­der­ni­té voit s’exacerber sous nos yeux les contra­dic­tions pro­vo­quées par ce « concept mal­trai­té », uti­li­sé à toutes les sauces mais inapte à poser des bornes infran­chis­sables à toute espèce de trans­gres­sion. Par des che­mins de tra­verse, ce retour­ne­ment de pers­pec­tive a pro­gres­si­ve­ment péné­tré l’Église catho­lique, en par­ti­cu­lier sous l’influence de Jacques Mari­tain, et a pesé sur le concile Vati­can II, grâce notam­ment aux efforts du jésuite amé­ri­cain John Court­ney Mur­ray, sus­ci­tant plus de dif­fi­cul­tés que d’heureux effets. Faut-il alors dire avec Ste­ven Pin­ker que « la digni­té est une stu­pi­di­té » ? Mieux vau­drait plu­tôt reprendre la ques­tion sur des bases plus assu­rées.

> Com­man­der l’ou­vrage   | > Lire la recen­sion de Cyrille Dou­not (n. 147)

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4 Nov 2019

Mariage chré­tien et imma­tu­ri­té par Antoine Bied-Charreton

En réponse à Phil­lipe de Labriolle et Luis Maria de Ruschi, à pro­pos des écrits récents de Claude Jean­tin. Claude Jean­tin, avo­cat ecclé­sias­tique (Lyon), a publié dans l’Année Cano­nique 2016 (Letou­zey et Ané Ed., Tome LVII, pp. 39–71), un impor­tant article sur le thème « Imma­tu­ri­té Post­mo­derne et Contre­fa­çons du Mariage » ; en sep­tembre der­nier, une mono­gra­phie déve­lop­pée sur le même sujet (« L’immaturité devant le Droit Matri­mo­nial de l’Église », même édi­teur, 428 p.). Dans le numé­ro 143 de Catho­li­ca (pp. 40–51), Phi­lippe de Labriolle [lire], psy­chiatre hos­pi­ta­lier à Orléans, a don­né un compte-ren­du de ce der­nier ouvrage, dans des termes qui tra­duisent son adhé­sion.

Bro­chant sur le tout, cet article a lui-même sus­ci­té un com­men­taire dans le numé­ro sui­vant de la Revue, de la part de Luis Maria de Ruschi [lire], juge ecclé­sias­tique à Bue­nos Aires. Sans enga­ger en rien l’Officialité de Paris-Île de France, au sein de laquelle j’exerce les fonc­tions de Défen­seur du lien depuis 2014, je sou­haite ajou­ter mes propres obser­va­tions à ce débat impor­tant du point de vue du droit matri­mo­nial cano­nique.

Il est de fait que le Canon 1095[1] est, en tout cas en France, le chef de nul­li­té de loin le plus sou­vent invo­qué par les par­ties. Il res­sort de l’unique enquête sta­tis­tique à laquelle nous avons accès[2] que pour la pro­vince ecclé­sias­tique d’Ile de France et la der­nière année cou­verte par l’enquête (2013), le grave défaut de dis­cer­ne­ment de l’épouse avait été invo­qué dans 76% des causes (sur les­quels 53% de réponse « posi­tive »), les pour­cen­tages appli­cables aux époux étant peu dif­fé­rents (res­pec­ti­ve­ment 72 et 49 %). (suite…)

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16 Oct 2018

Une solu­tion de conti­nui­té doc­tri­nale. Peine de mort et ensei­gne­ment de l’Église par Cyrille Dounot

« Si l’Évangile inter­dit aux États d’appliquer jamais la peine de mort, saint Paul lui-même alors a tra­hi l’Évangile » Car­di­nal Jour­net[1]

Le 11 mai 2018, lors d’une audience concé­dée au pré­fet de la Congré­ga­tion pour la doc­trine de la foi, le pape a approu­vé une nou­velle ver­sion du § 2267 du Caté­chisme de l’Église catho­lique (CEC) indi­quant notam­ment : « L’Église enseigne, à la lumière de l’Évangile, que la peine de mort est inad­mis­sible. » Cette modi­fi­ca­tion doc­tri­nale est actée par un simple res­crit, réponse écrite d’ordre admi­nis­tra­tif, don­né lors d’une audience ordi­naire, ex Auden­tia Sanc­tis­si­mi.
Daté du 1er août 2018, il indique seule­ment que le nou­veau texte sera pro­mul­gué « par impres­sion dans LOsser­va­tore Roma­no, entrant en vigueur le même jour, et ensuite sera publié dans les Acta Apos­to­licæ Sedis ». Il s’agit d’un texte juri­dique de faible enver­gure, employé ordi­nai­re­ment pour des ques­tions règle­men­taires, et non doc­tri­nales. De sur­croît, l’approbation pon­ti­fi­cale de ce nou­veau para­graphe n’a pas été faite en « forme spé­ci­fique », qui abro­ge­rait toute dis­po­si­tion anté­rieure trai­tant du même sujet. Le texte latin porte que le pape en a sim­ple­ment « approu­vé la for­mu­la­tion ». Il s’agit d’une appro­ba­tion en « forme géné­rique », per­met­tant de sou­te­nir que les dis­po­si­tions anté­rieures contraires peuvent être tenues pour tou­jours valables. Enfin, ce texte de forme juri­dique mineure cache mal un mépris des formes et des ins­ti­tu­tions, en éta­blis­sant que son entrée en vigueur dépend d’une publi­ca­tion dans la presse offi­cieuse du Saint-Siège (déro­geant au prin­cipe éta­bli par le can. 8, §1), lais­sant dédai­gneu­se­ment au jour­nal offi­ciel du Vati­can le soin d’en assu­rer une copie. (suite…)

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28 Mar 2018

Pour­quoi le colo­nel Bel­trame a‑t-il été égor­gé ? par La Rédaction

L’en­tre­tien sui­vant avec l’is­la­mo­logue Marie-Thé­rèse Urvoy, extrait de notre numé­ro 139 (prin­temps 2018), répond indi­rec­te­ment à cette ques­tion.

Catho­li­ca – Com­ment expli­quer l’émergence de l’extrémisme dans le modus ope­ran­di de ce qu’il est conve­nu d’appeler le ter­ro­risme isla­miste ? Qu’est-ce que cela dit de l’état d’esprit actuel du, ou d’un cer­tain monde isla­mique ?

Marie-Thé­rèse Urvoy – La vio­lence n’est pas l’essence de l’islam mais elle a exis­té en lui dès le début. La pre­mière scis­sion qui est appa­rue, celle des Kha­ri­gites (d’abord sec­ta­teurs de ‘Alî, puis s’opposant à lui après qu’il ait accep­té le prin­cipe de l’arbitrage) a pris une forme extrême chez les Azra­qites, très radi­caux (condam­nant tout pécheur, quelle que soit sa faute) et très vio­lente (mise à mort, réduc­tion en escla­vage de sa famille). L’azraqisme a été contré parce qu’aucune socié­té ne peut s’établir sur une base aus­si radi­cale. ‘Alî les a com­bat­tus de façon éga­le­ment vio­lente et le kha­ri­gisme ne s’est per­pé­tué que sous des formes très atté­nuées.  Néan­moins, la pos­si­bi­li­té d’une inter­pré­ta­tion radi­cale de l’islam a per­du­ré, se mani­fes­tant pério­di­que­ment sous des formes très vio­lentes, même sans réfé­rence au kha­ri­gisme (cf., par exemple le tamyîz d’Ibn Tûmart, abou­tis­sant à l’exécution de groupes entiers jugés non fiables). (suite…)

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16 Mar 2018

Un nou­vel ava­tar de l’her­mé­neu­tique de la conti­nui­té par Pierre Charles

Il y a 5 ans, Benoît XVI annon­çait, dans l’incrédulité géné­rale, sa renon­cia­tion au trône pon­ti­fi­cal. Depuis cinq ans, les milieux conser­va­teurs ne cessent de s’interroger sur les rai­sons pro­fondes de ce geste, dans la mesure où les motifs allé­gués par l’intéressé dans son dis­cours du 11 février 2013, comme dans les Der­nières conver­sa­tions avec Peter See­wald en 2016, sont appa­rus comme trop faibles ou déce­vants au regard de la sta­ture et de l’élévation que ses admi­ra­teurs attri­buaient et attri­buent encore au pape Benoît. Les rai­sons de la démis­sion étaient, en somme, en contra­dic­tion non seule­ment avec l’éthos théo­lo­gique – la lutte à mort contre le rela­ti­visme –, mais encore avec l’éthos mar­ty­ro­lo­gique que Benoît XVI avait lui-même construit dans ses dif­fé­rents dis­cours de 2005 : l’éthos de celui qui ne fui­rait pas devant les loups.

L’anniversaire de cet évé­ne­ment, ain­si que celui de l’élection du pape Fran­çois, ont été mar­qués cette année par deux nou­velles par­ti­cu­liè­re­ment pénibles pour le camp conser­va­teur. Cette fois, les décla­ra­tions pro­blé­ma­tiques ou dou­lou­reuses ne sont pas venues de l’entourage proche de Benoît XVI, en par­ti­cu­lier de son secré­taire, Mgr G. Gäns­wein, ou de son frère aîné, Mgr G. Rat­zin­ger, mais de l’intéressé lui-même, dont on pou­vait dire, jusque-là, qu’il s’était abs­te­nu d’intervenir avec clar­té dans les dif­fé­rents débats dans les­quels son nom avait été agi­té pour ser­vir indif­fé­rem­ment l’un ou l’autre des éten­dards. (suite…)

Rubrique(s) : Revue en ligne
2 Fév 2018

Col­lec­tif, Chré­tiens d’Orient. 2 000 ans d’histoire. par La Rédaction

Col­lec­tif, Chré­tiens d’Orient. 2 000 ans d’histoire, Cata­logue de l’exposition, Gal­li­mard, Muba, Ins­ti­tut du monde arabe, octobre 2017, 29 €.

Rubrique(s) : Bibliographies n. 138, Revue en ligne
5 Mai 2017

Dieu, l’État et moi par La Rédaction

Ce roman est sor­ti un mois avant le pre­mier tour de l’élection pré­si­den­tielle. Sans vou­loir pei­ner l’auteur, la plus grande par­tie de ses 440 pages n’a qu’une valeur mineure, ima­gi­nant de manière aus­si fan­tai­siste que conven­tion­nelle les pre­miers mois d’un nou­vel élu à la pré­si­dence, immé­dia­te­ment plon­gé dans toutes sortes de sou­cis. L’objet prin­ci­pal n’apparaît que pro­gres­si­ve­ment : ce pré­sident, qui est catho­lique, a d’étranges rêves lumi­neux, qu’il sou­met à exa­men médi­cal, puis théo­lo­gique en s’adressant à l’archevêque de Paris et au Pape… Cela lui sug­gère de faire le lien entre le désordre qu’il constate dans le domaine poli­tique et la néces­si­té de trou­ver un fon­de­ment stable sur lequel recons­truire un ordre cohé­rent. « Les Droits de l’homme sont un texte juri­dique. Aucune loi n’est sup­por­table sans un fon­de­ment : il faut un pro­jet qui la sous-tende. Je ne veux plus que les droits de l’homme pro­cèdent de l’individu, mais d’une clé de voûte unique, qui ne soit pas assu­jet­tie aux modes. » Il faut « un outil com­mun, mais indé­pen­dant de cha­cun. Une norme supé­rieure. Une valeur qui soit indé­pen­dante des hommes. Exté­rieure à eux. Trans­cen­dante. » Lorsqu’il offi­cia­lise les visions dont il béné­fi­cie et les consé­quences qu’il en tire, le Sénat le menace de des­ti­tu­tion pour atteinte à la sacro-sainte laï­ci­té, tan­dis que les évêques émettent des décla­ra­tions alam­bi­quées. (suite…)

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13 Nov 2016

Le trans­hu­ma­nisme est un inté­grisme par La Rédaction

ouvre2Signa­lons la paru­tion de cet inté­res­sant ouvage : « Si le trans­hu­ma­nisme touche un large public au-delà de ses fon­da­teurs, de ses diri­geants ou de ses membres, c’est que les indi­vi­dus intègrent peu à peu les normes de la socié­té où ils vivent, au point de dési­rer les repro­duire. »

« Mieux qu’un pam­phlet, un bré­viaire de résis­tance » qui mérite d’être lu.

Mathieu Térence. Le trans­hu­ma­nisme est un inté­grisme. Cerf, octobre 2016, 100 pages, 10 €

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26 Oct 2016

Pas de liber­té pour les enne­mis de la liber­té ! par La Rédaction

ouvrageDans le n. 131 (prin­temps 2016) de Catho­li­ca, Pierre Charles a pré­sen­té un livre paru en Ita­lie, inti­tu­lé Ancil­la homi­nis, de Pas­quale Dani­lo Quin­to. Il rap­pe­lait en com­men­çant qui était cet auteur, ren­voyant notam­ment à son auto­bio­gra­phie parue en 2012, Da ser­vo di Pan­nel­la a figlio libe­ro di Dio. Ce titre expri­mait clai­re­ment une conver­sion, le pas­sage de la condi­tion d’esclave à la liber­té des enfants de Dieu. Esclave de qui ? de Mar­co Pan­nel­la, l’un des plus typiques repré­sen­tants de tout ce qu’a pu concen­trer de haine de l’ordre social l’athéisme acti­viste post-soixante-hui­tard. Pan­nel­la est mort au mois de mai der­nier, mais son par­ti « radi­cal » demeure actif, tout comme son ancienne com­pagne de com­bat Emma Boni­no, grande zéla­trice de l’avortement, du gen­der et autres grandes causes du moment. (suite…)

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14 Sep 2016

Bicé­pha­lisme pon­ti­fi­cal : illu­sions et dan­gers par Pierre Charles

actigLe 28 juin der­nier, le « pape émé­rite » a fait un bref retour média­tique, pour par­ti­ci­per à une céré­mo­nie orga­ni­sée au Vati­can à l’occasion des 65 ans de son ordi­na­tion sacer­do­tale, et pré­si­dée par son suc­ces­seur.

Cet évé­ne­ment s’est dérou­lé dans le contexte des débats pro­vo­qués par les décla­ra­tions de son secré­taire par­ti­cu­lier, Mgr Georg Gäns­wein, qui, en mai, a déve­lop­pé la théo­rie d’un « minis­tère pétri­nien élar­gi » et d’un « pon­ti­fi­cat d’exception » de Benoît XVI (Aus­nah­me­pon­ti­fi­kat).

Ce mot a don­né lieu à toutes les inter­pré­ta­tions, les­quelles ont appe­lé un reca­drage sans ambi­guï­tés de la part de Fran­çois, dans l’avion qui le rame­nait d’Arménie, le 27 juin 2016 : « Il n’y a qu’un seul pape, l’autre […] est “pape émé­rite”, et non pas le second pape. Il est fidèle à sa parole, c’est un homme de Dieu, très intel­li­gent et qui pour moi est comme un grand-père sage à la mai­son. ». Le dis­cours de remer­cie­ment impro­vi­sé pen­dant quelques minutes par le même « pape émé­rite », le 28 juin, a pris la forme d’une courte dis­ser­ta­tion spi­ri­tuelle. Mais les conser­va­teurs y ont lu une remise en cause de l’actuel « pape actif ». La cen­tra­li­té du motif de l’action de grâce, éga­le­ment pris dans le sens eucha­ris­tique, a été inter­pré­tée par Anto­nio Soc­ci [ici], par exemple, comme une leçon de res­pect eucha­ris­tique admi­nis­trée par « Benoît XVI » au « pape argen­tin », en pleine période de rap­pro­che­ment avec les pro­tes­tants : une véri­table her­mé­neu­tique du déses­poir !. Mais le « pape émé­rite » a, au contraire, mul­ti­plié les témoi­gnages d’obéissance à l’égard de Fran­çois. Com­ment s’y retrou­ver ? (suite…)

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28 Août 2016

Lec­tures cri­tiques d’une étrange exhor­ta­tion par Bernard Dumont

amoris laetitiaL’exhortation Amo­ris lae­ti­tia [AL] a don­né lieu à de nom­breux com­men­taires. L’un des plus ache­vés est celui d’Anna M. Sil­vas, pro­fes­seur de langues anciennes et de patris­tique à l’université de la Nou­velle Angle­terre (Armi­dale, NSW, Aus­tra­lie), dont on trou­ve­ra le texte com­plet ici.

Une autre ana­lyse, signée Daniele Mat­tius­si, est parue dans le bul­le­tin ita­lien Ins­tau­rare, diri­gé par Dani­lo Cas­tel­la­no, phi­lo­sophe du droit (Udine) et fré­quent contri­bu­teur à Catho­li­ca. Ce texte très dense com­mence par des remarques sur la nature de l’exhortation, inédite tant par son volume (consti­tuant un véri­table trai­té) que par son style non conclu­sif – ne se pré­sen­tant que comme une « pro­po­si­tion » (AL 5) – n’excluant pas les posi­tions contra­dic­toires et les pro­pos polé­miques contre les sup­po­sés par­ti­sans de « la doc­trine froide et sans vie ».

Trois sec­tions de ce texte retiennent par­ti­cu­liè­re­ment l’attention : « le pro­blème du prin­cipe et de la situa­tion », « les incer­ti­tudes autour de la conscience », « l’historicisme et l’herméneutique idéo­lo­gique ».

Le pro­blème auquel il est d’abord fait allu­sion est celui du cri­tère du juge­ment appli­qué à une situa­tion don­née, en l’espèce une situa­tion matri­mo­niale. Si « dis­cer­ne­ment » il doit y avoir, il convient d’en déter­mi­ner le cri­tère. Or, à suivre l’exhortation, ce cri­tère est en réa­li­té un non-cri­tère : le pur fait prime sur l’ordre objec­tif du bien et du mal, qui est la vraie réa­li­té. On retrouve là l’un des prin­cipes de l’idéalisme alle­mand, qui pose que le fait est ipso fac­to ration­nel et donc moral. « Il convient de prê­ter atten­tion à la réa­li­té concrète, parce que “les exi­gences, les appels de l’Esprit se font entendre aus­si à tra­vers les évé­ne­ments de l’histoire” […] » (31) Le « dis­cer­ne­ment »

Le second pro­blème abor­dé par D. Mat­tius­si est celui de la conscience. (suite…)

Rubrique(s) : Revue en ligne
1 Août 2016

Brèves remarques sur les intel­lec­tuels orga­niques par Francois Vauthier

G.ReguzzoniEn com­plé­ment de l’entre­tien avec Giu­seppe Reguz­zo­ni, Sur la fonc­tion du poli­ti­que­ment cor­rect, (n. 132)

1. Dans la socié­té de l’ère contem­po­raine (c’est-à-dire depuis les Lumières jusqu’aujourd’hui) la condi­tion de l’intellectuel n’est pas aisée.

Cela peut s’expliquer en se pla­çant d’un point de vue phi­lo­so­phique, consi­dé­rant la dif­fé­rence entre l’ancienne socié­té et la nou­velle, celle qui s’organise sur les prin­cipes des Lumières.

Dans une socié­té d’ordre, de type tra­di­tion­nel, l’artiste, le poète, le pen­seur ont simul­ta­né­ment une fonc­tion dés­in­té­res­sée — c’est le pri­mat de la contem­pla­tion, la recherche du bonum hones­tum par excel­lence — mais aus­si une fonc­tion sociale, d’exaltation du Bien, du Vrai, du Beau, une fonc­tion de témoin. La rela­tion de l’intellectuel à la socié­té peut être déli­cate (cf. la caverne de Pla­ton) mais il accom­plit à sa manière une sorte de sacer­doce.

2. Dans la socié­té nou­velle, à l’inverse, l’intellectuel a peine à trou­ver la même place, même pour les plus éru­dits et dés­in­té­res­sés.

« On ne doit pas s’at­tendre à ce que les rois se mettent à phi­lo­so­pher, ou que des phi­lo­sophes deviennent rois ; ce n’est pas non plus dési­rable parce que déte­nir le pou­voir cor­rompt inévi­ta­ble­ment le libre juge­ment de la rai­son.

Mais que des rois ou des peuples rois (qui se gou­vernent eux-mêmes d’a­près des lois d’é­ga­li­té) ne per­mettent pas que la classe des phi­lo­sophes dis­pa­raisse ou devienne muette, et les laissent au contraire s’ex­pri­mer libre­ment, voi­là qui est aux uns comme aux autres indis­pen­sable pour appor­ter de la lumière à leurs affaires, et parce que cette classe, du fait de son carac­tère même, est inca­pable de for­mer des cabales et de se ras­sem­bler en clubs, elle ne peut être sus­pec­tée d’être accu­sée de pro­pa­gande. » (Kant, Pro­jet de Paix per­pé­tuelle)

Les « Phi­lo­sophes » sur­ent se don­ner le beau rôle ! La concep­tion tra­di­tion­nelle, ici hypo­cri­te­ment reprise, n’a ces­sé d’être ins­tru­men­ta­li­sée, par Condor­cet, par Kant lui-même, par Fichte. Ce der­nier, dans sa 4e confé­rence sur La des­ti­na­tion du Savant (Über die Bes­tim­mung des Gelehr­ten, 1794 ; le « savant » étant celui qui « sait », par oppo­si­tion au com­mun des mor­tels), confère à  l’intellectuel la mis­sion d’émanciper l’humanité.

Mais comme cette éman­ci­pa­tion est liée à des luttes poli­tiques, l’intellectuel dont il s’agit se trans­forme en agent idéo­lo­gique, en acti­va­teur révo­lu­tion­naire. C’est la pra­tique la plus visible au XIXe siècle. Pen­sons à Vic­tor Hugo, à Miche­let, à Dur­kheim, à Wag­ner, tous « enga­gés » à leur manière, dans la suite logique de leurs pré­dé­ces­seurs du siècle des Lumières. (suite…)

Rubrique(s) : Revue en ligne
27 Déc 2015

L’art reli­gieux est-il encore com­pré­hen­sible ? par Emanuela Fogliadini

Les fonc­tions de l’i­mage sacrée dans le chris­tia­nisme. La fonc­tion de l’art sacré est aujourd’­hui stra­té­gique. Le chris­tia­nisme doit réap­prendre à uti­li­ser judi­cieu­se­ment et intel­li­gem­ment les tré­sors que la Tra­di­tion lui offre.

 

Rubrique(s) : Numéro 128, Revue en ligne
14 Jan 2015

Com­men­taires : Le renon­ce­ment du Louvre par Christine Sourgins

[note : cet article est paru dans le numé­ro 126 de catho­li­ca]

Si les déci­sions prises par la nou­velle direc­tion de Louvre n’étaient pas amen­dées, le « musée le plus fré­quen­té du monde » devien­drait un musée par­tiel et par­tial.
En effet, en 2010, le pou­voir exé­cu­tif d’alors avait déci­dé de créer au Louvre un dépar­te­ment consa­cré aux arts des chré­tien­tés d’Orient, des empires byzan­tins et slaves, déci­sion enté­ri­née par le conseil d’administration de l’établissement public du musée, alors pré­si­dé par Hen­ri Loy­rette. La créa­tion de ce dépar­te­ment fut annu­lée le 15 avril 2013, jour de la prise de fonc­tion du nou­veau pré­sident du Louvre, Jean-Luc Mar­ti­nez. C’est dire si cette déci­sion a été prise rapi­de­ment « sans qu’ait été menée une réflexion appro­fon­die » comme le déplore dans une lettre à La Croix l’ancienne res­pon­sable de la sec­tion copte au Louvre et conser­va­teur géné­ral hono­raire du patri­moine, Marie-Hélène Rut­schows­caya ((. La Croix, 7 avril 2014. )) .
Celle-ci montre qu’on ne peut, pour jus­ti­fier cette sup­pres­sion, invo­quer des rai­sons d’économie. L’opération avait été pré­vue à bud­get constant, le per­son­nel néces­saire se trou­vant déjà au sein du Louvre. On ne man­quait pas d’espace non plus (le futur dépar­te­ment devait occu­per l’aile Riche­lieu) et les œuvres étaient déjà en pos­ses­sion du musée ((. Les esti­ma­tions qui cir­culent font état de 11 000 pièces (10 000 œuvres coptes et un mil­lier de byzan­tines et post-byzan­tines). )) . Or elles sont actuel­le­ment pré­sen­tées, lorsqu’elles le sont, dans un joyeux désordre, dis­per­sées dans huit dépar­te­ments. Elles couvrent l’Europe orien­tale (Grèce, Bal­kans, Ukraine, Armé­nie), la Rus­sie, le Proche-Orient chré­tien (Liban, Palestine,Syrie…) et l’Égypte copte jusqu’au Sou­dan et à l’Éthiopie. Marie-Hélène Rut­schows­caya parle d’« aber­ra­tion » : des objets coptes sont conser­vés au dépar­te­ment des Anti­qui­tés grecques, étrusques et romaines, ou encore au dépar­te­ment des Objets d’art. Autre­ment dit, ces œuvres sont « décon­nec­tées de tout contexte his­to­rique et cultu­rel ». Le musée, en per­sé­vé­rant dans cette inco­hé­rence, orga­nise auprès du public comme des cher­cheurs l’invisibilité et l’illisibilité de ces œuvres et des cultures dont elles témoignent.
Le silence com­plet qui a entou­ré ce revi­re­ment étonne : qua­si­ment pas d’échos dans les grands médias. Que n’auraient-ils pas dit si l’on avait sup­pri­mé le pro­jet de dépar­te­ment des arts de l’Islam, celui du Musée des civi­li­sa­tions de l’Europe et de la Médi­ter­ra­née (Mucem, Mar­seille) ou celui des Arts pre­miers ?
Il semble que ce nou­veau dépar­te­ment ait été un sujet cli­vant dès ses pré­misses. Cer­tains conser­va­teurs auraient déplo­ré un regrou­pe­ment d’œuvres en fonc­tion de cri­tères reli­gieux. Voi­là des conser­va­teurs peu au fait de ce qui se pra­tique dans d’autres grands musées du monde, où une approche civi­li­sa­tion­nelle, et non pas confes­sion­nelle, est mise en place. Quel manque de ver­gogne dans l’invocation de ce cri­tère après l’ouverture d’un dépar­te­ment des arts de l’Islam ! On nous dit éga­le­ment que ce pro­jet aurait néces­si­té une impor­tante réor­ga­ni­sa­tion des autres dépar­te­ments et de leurs champs de com­pé­tences ; mais le dépar­te­ment des arts de l’Islam posait les mêmes pro­blèmes et cela n’a pas arrê­té le pro­jet.
Les expo­si­tions au musée du Louvre, Arme­nia sacra, Sainte Rus­sie et Chypre en 2013 montrent l’intérêt sus­ci­té par ces sujets. De plus l’actualité s’accélère au Proche-Orient et l’on ne peut plus dire, avec le minis­tère de la culture alors diri­gé par Auré­lie Filip­pet­ti, « que la créa­tion de ce dépar­te­ment n’[est] pas une urgence ». « Les évé­ne­ments dra­ma­tiques que nous connais­sons actuel­le­ment au Proche-Orient et en Europe de l’Est devraient nous inci­ter à être plus atten­tifs » concluait de son côté, en avril der­nier, Marie-Hélène Rut­schows­caya.
Depuis, l’Etat isla­mique (ou Daech) n’a ces­sé de sévir et l’on assiste à une des­truc­tion mas­sive et des hommes et du patri­moine cultu­rel des chré­tiens d’Orient, notam­ment en Syrie et en Irak. La lettre noûn stig­ma­tise, pour la per­sé­cu­tion, les chré­tiens comme autre­fois l’étoile jaune, les juifs. La France ne s’engagera-t-elle qu’à lar­guer des bombes alors que le com­bat contre l’ignorance est fon­da­men­tal ?
Car l’ignorance nour­rit le mépris et le mépris ali­mente la vio­lence. Il est temps que le devoir d’histoire vienne apai­ser et cor­ri­ger le devoir de mémoire car la mémoire est pas­sion­nelle, par­tielle et par­tiale.

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