Revue de réflexion politique et religieuse.

Dieu, l’État et moi

Article publié le 5 Mai 2017 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Ce roman est sor­ti un mois avant le pre­mier tour de l’élection pré­si­den­tielle. Sans vou­loir pei­ner l’auteur, la plus grande par­tie de ses 440 pages n’a qu’une valeur mineure, ima­gi­nant de manière aus­si fan­tai­siste que conven­tion­nelle les pre­miers mois d’un nou­vel élu à la pré­si­dence, immé­dia­te­ment plon­gé dans toutes sortes de sou­cis. L’objet prin­ci­pal n’apparaît que pro­gres­si­ve­ment : ce pré­sident, qui est catho­lique, a d’étranges rêves lumi­neux, qu’il sou­met à exa­men médi­cal, puis théo­lo­gique en s’adressant à l’archevêque de Paris et au Pape… Cela lui sug­gère de faire le lien entre le désordre qu’il constate dans le domaine poli­tique et la néces­si­té de trou­ver un fon­de­ment stable sur lequel recons­truire un ordre cohé­rent. « Les Droits de l’homme sont un texte juri­dique. Aucune loi n’est sup­por­table sans un fon­de­ment : il faut un pro­jet qui la sous-tende. Je ne veux plus que les droits de l’homme pro­cèdent de l’individu, mais d’une clé de voûte unique, qui ne soit pas assu­jet­tie aux modes. » Il faut « un outil com­mun, mais indé­pen­dant de cha­cun. Une norme supé­rieure. Une valeur qui soit indé­pen­dante des hommes. Exté­rieure à eux. Trans­cen­dante. » Lorsqu’il offi­cia­lise les visions dont il béné­fi­cie et les consé­quences qu’il en tire, le Sénat le menace de des­ti­tu­tion pour atteinte à la sacro-sainte laï­ci­té, tan­dis que les évêques émettent des décla­ra­tions alam­bi­quées. Mais grâce à une défense bien menée, la Haute Cour ne donne pas suite, et le pré­sident voit sa cote remon­ter. Il décide alors de se lan­cer dans une révi­sion consti­tu­tion­nelle : « La Décla­ra­tion des droits de l’homme, fon­de­ment de notre Consti­tu­tion, dis­po­se­ra d’une clé de voûte exté­rieure au plan humain, intou­chable, qui inter­di­ra aux hommes de la tri­pa­touiller au gré de leurs envies du moment. » Mais le pro­jet n’aboutira pas : le pré­sident meurt dans un acci­dent de la route, et ses suc­ces­seurs se chargent d’en faire oublier le pro­jet.

Au-delà de la curio­si­té que consti­tue ce livre, on reste pan­tois devant la sim­pli­fi­ca­tion sur laquelle repose son « mes­sage » : com­ment l’auteur ne voit-il pas une contra­dic­tion entre l’affirmation d’un fon­de­ment « trans­cen­dant » don­né à la Décla­ra­tion des droits de l’Homme (fon­de­ment qui s’y trouve d’ailleurs déjà, puisqu’elle est effec­tuée « en pré­sence et sous les aus­pices de l’Être suprême »…) et le conte­nu de l’article 3 du même texte, qui pose que « le prin­cipe de toute Sou­ve­rai­ne­té réside essen­tiel­le­ment dans la Nation. » À Syl­vain de Mul­len­heim de bien vou­loir nous expli­quer ce qu’apporterait de nou­veau la pro­po­si­tion ins­pi­rée de son per­son­nage.

Réfé­rence : Syl­vain de Mul­len­heim Dieu, l’État et moi, Cherche-Midi, mars 2017 (22 €)

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