Revue de réflexion politique et religieuse.

L’Église de France, la per­sé­cu­tion des juifs et le Vati­can (1940–1944)

Article publié le 22 Mar 2022 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

La grande majo­ri­té de l’Église de France, sur­tout la hié­rar­chie épis­co­pale, accueillit avec enthou­siasme et espoir les pro­po­si­tions de « réno­va­tion natio­nale » énon­cées par le maré­chal Pétain, chef du gou­ver­ne­ment de Vichy. Dès le len­de­main de sa consti­tu­tion, le nou­veau régime édic­ta quelques décrets qui lais­saient clai­re­ment pré­sa­ger ses inten­tions concer­nant les juifs. La hié­rar­chie catho­lique, à quelques excep­tions près, n’a pas encou­ra­gé l’antisémitisme offi­ciel du régime de Vichy. Par tra­di­tion, l’Église affirme que l’obéissance à l’autorité est pour les fidèles une obli­ga­tion de conscience. Si la majo­ri­té des évêques ont été concrè­te­ment fidèles à Pétain, cer­tains ont dis­tin­gué entre la légi­ti­mi­té de l’État et la vali­di­té de sa légis­la­tion, et encou­ra­gé leurs fidèles, en par­ti­cu­lier les reli­gieuses et les prêtres de leurs dio­cèses, à agir pour secou­rir des juifs, et ceci bien avant l’été 1942. Face aux rafles des juifs en été 1942, six évêques ont ripos­té publi­que­ment, cha­cun avec un style dif­fé­rent.

Ce qui est inté­res­sant, c’est que d’autres pré­lats res­tés silen­cieux ne sont pas res­tés pas­sifs dans leur dio­cèse. « Les évêques avaient su main­te­nir intactes les exi­gences de la conscience chré­tienne sur les enjeux fon­da­men­taux concer­nant la per­sonne humaine et notam­ment la per­sé­cu­tion anti­sé­mite », a pré­ci­sé le car­di­nal Lus­ti­ger[1].

En réa­li­té, la majo­ri­té des évêques ont agi dis­crè­te­ment dans leur dio­cèse pour secou­rir les juifs. S’il est impos­sible de four­nir de nom­breux détails dans le cadre de cet article, on peut déjà pré­sen­ter quelques grandes lignes. Après 1926, date de la mise à l’Index de l’Action Fran­çaise par Rome, les évêques nom­més en France sont d’Action catho­lique, sou­vent proches des aspi­ra­tions du catho­li­cisme social et de la démo­cra­tie d’inspiration chré­tienne, pri­vi­lé­giant le social au regard du poli­tique. Euge­nio Pacel­li, futur pape Pie XII, est créé car­di­nal en 1929 puis nom­mé Secré­taire d’Etat du pape Pie XI en 1930. Il tra­vaille avec lui au quo­ti­dien, notam­ment dans la nomi­na­tion des évêques en France, et la pré­pa­ra­tion de l’encyclique Mit bren­nen­der Sorge, publiée en 1937, contre le nazisme et le racisme. Une fois élu pape en 1939, il encou­rage bon nombre des évêques, en France et dans les autres pays euro­péens, à agir dans leurs dio­cèses et leur fait par­ve­nir une aide finan­cière impor­tante de plu­sieurs mil­lions de francs, offi­ciel­le­ment des­ti­née aux pri­son­niers de guerre et aux réfu­giés, mais per­met­tant concrè­te­ment de faire éva­der des juifs des camps d’internement et de les pla­cer dans des lieux de secours.

Ain­si, Mgr Louis Ras­touil, évêque de Limoges, très éloi­gné de l’Action Fran­çaise, se montre sou­cieux de suivre les ensei­gne­ments des Sou­ve­rains Pon­tifes depuis sa nomi­na­tion[2]. Il donne un nou­veau souffle à son dio­cèse, en encou­ra­geant sur­tout le déve­lop­pe­ment des mou­ve­ments d’Action catho­lique. Dès 1939, il lance un appel pour la créa­tion d’un Comi­té de secours de guerre au sein de l’Action catho­lique, pour prendre en charge les dif­fé­rentes acti­vi­tés au pro­fit des réfu­giés. Dif­fé­rentes orga­ni­sa­tions – la Ligue fémi­nine d’action catho­lique, les Sœurs de Saint-Vincent de Paul, les Scouts –, déjà enga­gées dans des acti­vi­tés de secours aux nom­breux réfu­giés espa­gnols, sur­tout aux enfants contraints de fuir leur pays depuis 1936, deviennent d’importants relais per­met­tant notam­ment de secou­rir les juifs à par­tir de 1940 et pour dis­tri­buer les dons envoyés par le Pape Pie XII pour venir en aide aux nom­breux étran­gers inter­nés dans les camps du Limou­sin[3]. Pen­dant les pre­mières années de Vichy, Mgr Louis Ras­touil se mon­tra favo­rable au Maré­chal, quoique réser­vé sur cer­taines orien­ta­tions du gou­ver­ne­ment. Comme son homo­logue de Tulle, Mgr Amable Chas­saigne, Ras­touil mani­feste une atten­tion par­ti­cu­lière aux éva­cués, sur­tout ceux d’Alsace-Lorraine, aux sol­dats, dont bon nombre étaient pri­son­niers de guerre[4]. Il désap­prouve tota­le­ment les mesures prises par le gou­ver­ne­ment de Vichy à l’encontre des juifs, les trou­vant « bar­bares et inhu­maines » et sur­tout « contraires à la doc­trine de cha­ri­té et d’entraide de l’Église catho­lique[5] ». Et il condamne, en termes dis­crets, les arres­ta­tions d’enfants juifs[6]. Par ailleurs, une filiale des Ami­tiés Chré­tiennes est fon­dée avec l’aide du pas­teur Albert Chau­dier et du père Roger Braun, qui per­met de sau­ver de nom­breux juifs, dont le rab­bin Deutsch[7]. Ce réseau est encou­ra­gé par le Vati­can.

Pré­lat d’origine fla­mande, Mgr Vans­teen­ber­ghe avait ache­vé sa for­ma­tion théo­lo­gique à Rome, avant d’enseigner au Grand sémi­naire de Lille. En 1940, il est nom­mé évêque de Bayonne pour mieux com­battre les mou­ve­ments natio­na­listes, connais­sant sa cri­tique à l’égard du nazisme, avec son culte du sang et de la race. Depuis 1941, il exprime son sou­tien à Témoi­gnage chré­tien, ce qui lui vaut de nom­breuses tra­cas­se­ries de la part des auto­ri­tés poli­tiques, d’autant qu’il déploie une grande acti­vi­té pour sou­te­nir les réseaux d’entraide aux juifs[8]. Son poste de pré­lat en zone occu­pée, son sta­tut et son influence font ain­si de son action de résis­tance spi­ri­tuelle un exemple pour tous les fidèles et les ecclé­sias­tiques de la région. Sa ferme condam­na­tion des « injus­tices » contre la « per­sonne humaine invio­lable et sacrée³ », est la seule à être émise par un évêque en zone occu­pée. Accu­sé par les auto­ri­tés alle­mandes d’inciter les lec­teurs à la déso­béis­sance, l’évêque réagit en adres­sant à son tour à l’état-major alle­mand à Biar­ritz une lettre de pro­tes­ta­tion dans laquelle il évoque l’interdiction de paru­tion comme une « per­sé­cu­tion reli­gieuse » ; le texte cir­cule dans les nom­breuses églises et cou­vents, et est repris par les prêtres dans leurs ser­mons. Son mes­sage est clair : « On ne livre pas ceux que la France a accueillis ». Doré­na­vant sur­veillé, Mgr Vans­teen­ber­ghe mène­ra jusqu’au bout son com­bat sans jamais céder aux pres­sions. De san­té fra­gile, iso­lé au Pays Basque, l’évêque qui évi­ta la dépor­ta­tion à de nom­breuses per­sonnes meurt subi­te­ment le 10 décembre 1943. On peut men­tion­ner les nom­breux enfants juifs cachés chez des par­ti­cu­liers ou pla­cés dans les orphe­li­nats et inter­nats reli­gieux, dans des villes comme Bayonne et Mau­léon ou dans les fermes et les mai­sons à Soule. Ain­si, le col­lège catho­lique Saint-Fran­çois, à Mau­léon, devint un lieu d’accueil pour ceux qui vou­laient fuir la France.

Le cha­noine Ithur­bide fait éva­der la famille Meyer, dont les deux gar­çons sont élèves de l’établissement. Plu­sieurs juifs trouvent refuge à Soule, notam­ment chez les Frères des Écoles chré­tiennes, et au Petit Sémi­naire d’Aire-sur-Adour[9]. Au foyer des orphe­lines de guerre, c’est sœur Marie-Antoi­nette, des Filles de la Cha­ri­té de Saint-Vincent de Paul, qui reçoit des filles juives[10]. Plus de deux cents pen­sion­naires, par­mi les­quels de nom­breux enfants juifs, sont accueillis entre 1940 et 1944 par Mar­gue­rite Schwab, direc­trice du Pré­ven­to­rium d’Arbonne[11]. Assis­tante sociale, elle soigne des enfants d’ouvriers et de milieux modestes, et par­mi eux éga­le­ment des juifs. Elle sert aus­si d’agent de liai­son pour le réseau Confré­rie Notre-Dame-Cas­tille. Plus de soixante-dix-sept enfants juifs sont pro­té­gés par son équipe. Cer­tains res­te­ront quelques mois, et d’autres jusqu’à la Libé­ra­tion[12]. Aucun doute que l’évêque était au cou­rant de toute cette acti­vi­té illé­gale ; il avait don­né son accord de manière géné­rale en disant : « Faites, mon fils, selon votre conscience ». Il est évident, que pour de telles acti­vi­tés, consi­dé­rées comme illé­gales et donc dan­ge­reuses, on ne trou­ve­ra dans les archives aucune ins­truc­tion expli­cite, comme le sou­hai­te­raient cer­tains his­to­riens et cher­cheurs.

Pour sa part, dès le mois de mars 1941, Mgr Saliège, évêque de Tou­louse, prit ses dis­tances avec le gou­ver­ne­ment de Vichy, n’admettant ni ses prin­cipes tota­li­taires ni sa légis­la­tion anti­sé­mite. Pré­sident de l’Association catho­lique d’aide aux étran­gers, il s’occupait spé­cia­le­ment, avec l’aide de Mgr de Cour­règes, de la situa­tion de nom­breux réfu­giés et juifs inter­nés dans les camps situés dans le dio­cèse, comme Réce­bé­dou et Noé. Il était donc tout à fait natu­rel que cette asso­cia­tion inter­vînt pour venir en aide aux inter­nés. Mgr Saliège réus­sit à obte­nir un sou­tien finan­cier de Pie XII, pour les secou­rir[13]. Il rece­vait régu­liè­re­ment des infor­ma­tions  concer­nant l’état des réfu­giés inter­nés[14]. Thé­rèse Dau­ty[15], l’assistante sociale du Comi­té catho­lique,  avait réus­si, en février 1942, à péné­trer dans les camps d’internement et à dis­tri­buer les dons envoyés par le Vati­can[16]. Cette ancienne pro­fes­seur de lettres, inter­dite d’enseignement, fit connaître à Mgr Saliège la situa­tion inhu­maine ren­con­trée lors de sa visite des camps d’internement pour ten­ter de sous­traire des pri­son­niers, des enfants en par­ti­cu­lier, et de dis­tri­buer les dons du Vati­can. Le 23 août 1942, Mgr Saliège envoie une lettre aux curés du dio­cèse pour qu’elle soit lue le dimanche dans toutes les églises. Bien que la publi­ca­tion de cette lettre ait été inter­dite par Pierre Laval, elle conti­nue­ra d’être lue dans d’autres paroisses de France, puis dif­fu­sée par le Vati­can et sur les ondes de la BBC à Londres. Pre­mière pro­tes­ta­tion publique contre l’antisémitisme d’État, le mes­sage de Mgr Saliège eut un reten­tis­se­ment consi­dé­rable et contri­bua à une prise de conscience géné­rale de l’opinion fran­çaise, jusqu’à conduire les pré­fets de Vichy à deman­der au gou­ver­ne­ment d’interrompre les livrai­sons de Juifs aux Alle­mands par crainte de troubles à l’ordre public.

Mgr Saliège contri­bua à pro­té­ger de nom­breux juifs et pros­crits, en les pla­çant dans des lieux sûrs aux alen­tours de Tou­louse. En dehors du refus for­mel des Car­mé­lites d’accueillir des juifs pour­chas­sés, toutes les autres com­mu­nau­tés ont accep­té de le faire : les Cla­risses, les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, les Fran­cis­caines du Très-Saint-Sau­veur, les Reli­gieuses Répa­ra­trices, et les Petites Sœurs des Pauvres[17]. Concrè­te­ment, l’organisation de ce sau­ve­tage fut confiée à l’évêque auxi­liaire, Mgr Louis de Cour­règes d’Ustou, qui exer­çait  une influence bien­fai­sante tant auprès des mili­tants qu’au sein  du cler­gé[18].

À Paris, en zone occu­pée, le car­di­nal Emma­nuel Suhard prit posi­tion sans équi­voque à l’égard du natio­nal-socia­lisme, bien avant 1940[19]. Suite aux rafles, d’abord celle de 1941, puis de l’été 1942, le car­di­nal don­ne­ra des ins­truc­tions pour l’accueil clan­des­tin de nom­breux enfants juifs. On estime à plus de cinq cents le nombre de per­sonnes que le car­di­nal a sau­vé de la dépor­ta­tion, ou qu’il aida à se réfu­gier en zone libre ou à l’étranger. Le nombre des enfants sau­vés est encore plus impor­tant. Plus de sept cents familles catho­liques de la région pari­sienne ont héber­gé des enfants ou des familles juives. Un nombre impor­tant de prêtres catho­liques du dio­cèse et de congré­ga­tions catho­liques s’engagèrent dans des actes d’entraide avec le sou­tien du car­di­nal Suhard : le père Daniel Péze­ril, le père Hen­ri Dif­fi­né[20], le cha­noine Lan­cre­non, le père Michel Riquet, les sœurs de Notre-Dame de Sion et les reli­gieux de cette congré­ga­tion, les Domi­ni­caines, les Filles de la Cha­ri­té de Saint-Vincent de Paul, les sœurs de la Visi­ta­tion, etc. (La liste se trouve dans nos ouvrages[21].) En 1943, Mgr Suhard part à Rome pour ren­con­trer Pie XII, au moment où les auto­ri­tés mili­taires ita­liennes hos­tiles aux mesures anti-juives étaient prêtes à favo­ri­ser chez elles l’accueil des juifs mena­cés. À la suite de ces ren­contres et de ces inter­ven­tions dis­crètes, et après la déci­sion de Pie XII, de nom­breux juifs purent ain­si par­tir se réfu­gier en Ita­lie[22].

En conclu­sion, après lec­ture des archives dio­cé­saines, des archives pri­vées des dif­fé­rentes congré­ga­tions, des archives natio­nales, dif­fé­rents fonds, et sur­tout des archives du Vati­can, il est clair que Pie XII était bien conscient depuis 1939 de la situa­tion des réfu­giés et des juifs en Alle­magne, en France, en Bel­gique, en Pologne et dans les autres pays euro­péens[23]. Dès 1939, le Vati­can a régu­liè­re­ment envoyé un sou­tien finan­cier impor­tant des­ti­né aux nom­breux réfu­giés pla­cés dans les camps d’internement, aux pri­son­niers de guerre et aux juifs[24]. Même si l’aide à ces der­niers n’est pas men­tion­née tou­jours de manière expli­cite, les archives témoignent du fait que concrè­te­ment l’argent envoyé par le Vati­can a per­mis de sau­ver de nom­breux juifs, soit en les fai­sant sor­tir des camps d’internement de manière dis­crète et illé­gale, soit en finan­çant les lieux d’hébergement chez des par­ti­cu­liers ou dans les dif­fé­rentes ins­ti­tu­tions, soit encore en encou­ra­geant l’organisation de réseaux d’entraide dans les dif­fé­rents dio­cèses, à l’exemple de Limoges, de Per­pi­gnan, Mar­seille, Bourges, Anne­cy, Poi­tiers, Paris, du Mans, de Lyon, Tou­louse, Albi, Agen, Rodez, et ailleurs. Il est clair que les efforts des prêtres pour por­ter secours aux juifs en France ont été régu­liè­re­ment encou­ra­gés par le pape Pie XII, qui accor­da des sub­ven­tions pour sou­la­ger la souf­france des inter­nés dans cer­tains camps, notam­ment des juifs. Concrè­te­ment c’est le Comi­té catho­lique de Tou­louse et Mgr de Cour­règes, avec ses col­lègues le père Arnou et l’abbé Lagarde, qui prirent en charge la dif­fu­sion de ces fonds[25].

Ces quelques exemples par­mi d’autres sont le témoi­gnage de l’existence de plu­sieurs réseaux d’entraide aux juifs dans les nom­breux dio­cèses en France. Et cette riche acti­vi­té a été sou­te­nue par Pie XII, qui a pré­fé­ré faire confiance aux évêques fran­çais, dont il connais­sait cer­tains per­son­nel­le­ment. Régu­liè­re­ment, le Vati­can envoya une aide finan­cière et logis­tique pour aider les juifs à quit­ter la France. Ain­si, le don du Pape à l’évêché de Tou­louse s’effectua par le biais de l’Association catho­lique d’Aide aux étran­gers. Il fut de l’ordre de plu­sieurs mil­lions de francs entre 1939 et 1945. À cela il faut ajou­ter les sub­ven­tions du Vati­can au pro­fit du Secours catho­lique, qui per­met­taient notam­ment de secou­rir des juifs. À défaut de pou­voir cri­ti­quer publi­que­ment la poli­tique anti­sé­mite de Vichy et sur­tout les dépor­ta­tions des juifs par les nazis vers les camps d’extermination, il fit savoir au maré­chal Pétain, par l’intermédiaire du nonce apos­to­lique Mgr Vale­rio Vale­ri, que le Saint-Siège désap­prou­vait les mesures prises par le gou­ver­ne­ment de Vichy à l’encontre des juifs.

Ain­si, c’est avec les encou­ra­ge­ments de Pie XII que de nom­breux évêques en France ont pro­té­gé les juifs et ont sou­te­nu les diverses ini­tia­tives pour les secou­rir. Tous les évêques, dont nous avons étu­dié le par­cours per­son­nel et leur acti­vi­té en faveur des juifs dans leurs dio­cèses étaient des fidèles dis­ciples de Pie XI et de l’encyclique Mit Bren­nen­der Sorge appe­lant à com­battre le nazisme, et donc aus­si à secou­rir les juifs ; tous connais­saient per­son­nel­le­ment Pie XII. Il convient donc sur­tout de recon­naître aujourd’hui l’importante contri­bu­tion en ce sens du cler­gé – évêques (plus de 70 sur les 80), prêtres et ins­ti­tu­tions catho­liques – au sau­ve­tage des juifs en France, et ceci avec les encou­ra­ge­ments de Pie XII, en dépit de son silence[26].

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[1]. Jean-Marie Lus­ti­ger, Le Choix de Dieu, Fal­lois, 1987, pp. 104–106 ; Limore Yagil, « L’attitude des évêques en France et le sau­ve­tage des Juifs », Etienne Fran­çois (dir.) La résis­tance chré­tienne au nazisme en Alle­magne et en France, Col­lège des Ber­nar­dins, Parole et Silence, 2014, pp. 51–72.

[2]. Rome, Archives du Saint-Siège : Francia/835–836/397 : 1938–1966 ; Louis Per­ouas, Le catho­li­cisme en Limou­sin aux XIXe et XXe siècles, à tra­vers sa presse. Les semaines reli­gieuses, Édi­tions Les Moné­dières, Limoges, 2000.

[3]. Archives dio­cé­saines de Tou­louse : Lettre d’Henri Bas­set, notaire, du 3 juillet 1942, témoi­gnant du pro­jet rela­tif au Secours du Pape pour les étran­gers et les ini­tia­tives prises par Mgr Ras­touil. Sou­te­nu par le Vati­can, Mgr Ras­touil s’est empres­sé de contac­ter les Œuvres cha­ri­tables catho­liques de Limoges, les Sœurs Visi­teuses des paroisses, les Sœurs Garde-malades, les Dames de la Cha­ri­té, avec les orga­ni­sa­tions de la Socié­té de Saint Vincent de Paul….et la Ligue fémi­nine d’Action catho­lique, avec l’objectif  d’assurer le ser­vice d’entraide et de cha­ri­té tant sou­hai­té par le Saint-Père. Archives natio­nales de France (AN)  F7/ 15292 ; F1A/3784 ; F1A/4000 ; 72AJ/112 ; 2AG/493 ; Jean-Louis Clé­ment, Les évêques au temps de Vichy. Les rela­tions entre l’Église et l’État de 1940 à 1944, Beau­chesne, 1999, pp.74–79, 224–227.

[4]. Archives dépar­te­men­tales de la Haute-Vienne,  185W1/220 : lettre du pré­fet du 18 mai 1943.

[5]Ibid., note des ren­sei­gne­ments géné­raux du 5 sep­tembre 1942.

[6]La Semaine reli­gieuse de Limoges, 1943, n°3, 8, 11, 23 ; 1942, n°32, 43 ; Limore Yagil, La France terre de refuge, op. cit., T. III., pp. 112–116.

[7]. Vanves, Archives jésuites, T24/18 : pro­jet de Secours du Pape pour les étran­gers rési­dant en France, et notam­ment dans le Limou­sin.

[8]. Mgr Vans­teen­ber­ghe, « Fra­ter­ni­té », in Bul­le­tin dio­cé­sain, sep­tembre 1942.

[9]. Archives dépar­te­men­tales des Pyré­nées-Atlan­tiques, 54 W/ 13 et 1031 W/ 228.

[10]. Ibid., 1031W/133.

[11]. Ser­vice his­to­rique de l’Armée de Terre (SHAT) : GR 16 P / 541659.

[12]. Yad Vashem/ M31/9200.

[13]. Archives du dio­cèse  de Tou­louse, Fonds de Mgr de Cour­règes, car­ton I, dos­sier «  Don du pape », 1942 ; Pierre Blet, Pie XII et la Seconde Guerre mon­diale d’après les archives du Vati­can, Per­rin, 1997, p. 290.

[14]. Jean-Louis Clé­ment, Mgr Saliège, arche­vêque de Tou­louse 1929–1956, Beau­chesne, 1994, pp. 204–206.

[15]. Pro­fes­seur de Lettres à Gaillac, Thé­rèse Dau­ty est  révo­quée pour ses acti­vi­tés de résis­tante. Elle se charge d’organiser l’hébergement et le pla­ce­ment clan­des­tin de nom­breux réfu­giés, de consti­tuer des relais pour l’établissement de faux papiers et cartes d’alimentation. Elle est arrê­tée par la Ges­ta­po le 24 février 1943 et trans­fé­rée à Fresnes.

[16]. Le deuxième don de Pie XII en 1942 est d’un total de 1 390 000 francs, envoyé le 8 mars 1942. Archives du dio­cèse de Tou­louse, Fonds de Mgr de Cour­règes, car­ton I, dos­sier «  Don du pape », lettre n° 4613 du nonce du 8 mars 1942.

[17]. Jean Estebe (dir.), Les Juifs à Tou­louse et en Midi tou­lou­sain au temps de Vichy, Tou­louse, Presses uni­ver­si­taires du Mirail, 1996, p. 60 ; Limore Yagil, Chré­tiens et Juifs sous Vichy, op . cit., pp. 360–375.

[18]. Louis de Cour­règes (Mgr), « Le secours aux étran­gers en France » dans Eccle­sia, 1945, p. 335 ; Roger Braun, « In memo­riam. Mgr Louis de Cour­règes d’Ustou » dans Ren­contre, 1979, n° 61, pp. 167–170.

[19]. Archives his­to­riques de l’archevêché de Paris (AHAP), Fonds Suhard ; Limore Yagil, Chré­tiens et Juifs sous Vichy, op. cit., pp. 516–520.

[20]. Fran­çois Graf­fin, Hen­ri Dif­fi­né 1890–1978, prêtre de la Com­pa­gnie de Jésus, mys­tique et guide spi­ri­tuel, Paris, Havas, 2000, pp. 169–170.

[21]. Limore Yagil, Chré­tiens et Juifs sous Vichy, op. cit., pp. 516–544 ; Jean-Pierre Gué­rend, Car­di­nal Emma­nuel Suhard. Arche­vêque de Paris (1940–1949), Cerf, 2011, pp. 172–203.

[22]. A.N 2AG/492. Jean Vina­tier, Le car­di­nal Suhard, l’évêque du renou­veau mis­sion­naire (1874–1949), Cen­tu­rion, p. 155.

[23]. Johan Ickx, Le Bureau. Les Juifs de Pie XII, Paris, Michel Lafon, 2020 ; consul­ta­tion en octobre 2021 des Archives his­to­riques du Vati­can (AA.EE.SS), Pie XII, par­tie I et II : Sta­ti Eccle­sias­ti­ci, Polo­nia, Fran­cia, Alba­nia, Bel­gium, Ebrei ; Limore Yagil, Des catho­liques au secours des Juifs sous l’Occupation, Bayard, 2022 (à paraître).

[24]. Léon Pape­leux, L’action cari­ta­tive du Saint Siège en faveur des pri­son­niers de guerre 1939–1945, Bruxelles,  Ins­ti­tut His­to­rique Belge de Rome, 1991 ; Jan Bank, Churches and Reli­gion in the Second World War, Bloom­sbu­ry, 2016.

[25]. Archives du dio­cèse de Tou­louse, Fonds de Mgr de Cour­règes.

[26]. Limore Yagil, « Pie XII, the Bishops and the Rescue of Jews in France 1940–1944 », Nuo­va Sto­ria Contem­po­ra­nea, Sep­tembre-Décembre 2020, pp. 153–163 ; Limore Yagil, Des catho­liques au secours des Juifs sous l’Occupation, op. cit. David Dalin, Pie XII et les Juifs : le mythe du Pape d’Hitler, Tem­po­ra, Per­pi­gnan, 2007.

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