Revue de réflexion politique et religieuse.

Lec­ture : Hen­ri VIII d’Angleterre et les ori­gines des révo­lu­tions modernes

Article publié le 5 Fév 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Un nou­veau livre de l’historienne mila­naise Eli­sa­bet­ta Sala vient de paraître, à la suite d’un pré­cé­dent publié deux ans aupa­ra­vant, dont le conte­nu est pro­ba­ble­ment mieux défi­ni par les sous-titres que par les titres : Eli­sa­beth « la San­gui­naire ». La créa­tion d’un mythe. La per­sé­cu­tion d’un peuple, et La colère du roi est morte : Hen­ri VIII et le schisme qui divi­sa le monde. En effet, il ne s’agit pas seule­ment de bio­gra­phies, mais de bien plus : com­ment com­prendre, au-delà du cas des deux sou­ve­rains anglais, Hen­ri VIII et sa fille Eli­sa­beth Ire, les muta­tions fon­da­men­tales inter­ve­nues en un siècle d’histoire de grande impor­tance non seule­ment pour l’Angleterre mais pour toute l’Europe et ensuite pour une grande par­tie du monde.
Tout semble naître d’une ques­tion pri­vée : Hen­ri VIII veut rompre son mariage avec sa pre­mière femme Cathe­rine d’Aragon et épou­ser Anne Boleyn. Mais les faits et gestes d’un sou­ve­rain, sur­tout quand la suc­ces­sion inter­vient par voie dynas­tique, ne sont jamais pure­ment pri­vés. Et en effet, c’est ce qui arrive quand éclate le conflit entre Hen­ri VIII et le pape qui refuse l’annulation ou la dis­so­lu­tion du mariage. Pas à pas, en vue d’arriver à ses fins, le roi ne peut que se sous­traire au contrôle du pon­tife ; mais com­ment faire ? Il y avait peut-être d’autres pos­si­bi­li­tés, mais Hen­ri VIII a pris le che­min le plus dur et le plus effi cace : sous­traire son pays à la sou­ve­rai­ne­té spi­ri­tuelle du pape en créant une Eglise anglaise – l’Eglise angli­cane – dont il se pro­clame le chef.

Tout aurait pu s’achever alors, et c’est bien ce qu’espérait Hen­ri VIII. Mais les actes poli­tiques une fois posés conti­nuent d’avoir leurs effets dans le temps, même long­temps après, comme l’enseignait déjà Aris­tote, mais sur­tout Machia­vel, que l’auteur du livre n’aime certes pas. L’Eglise angli­cane s’est conso­li­dée au cours du siècle, mais les cal­vi­nistes arrivent en Angle­terre, avec leur avant-garde extré­miste, les puri­tains. Paral­lè­le­ment, les catho­liques res­tent pro­ba­ble­ment la majo­ri­té de la popu­la­tion, sépa­rés des angli­cans par la ques­tion de l’obéissance au pape, et des cal­vi­nistes et des puri­tains par bien d’autres choses encore, dont cer­taines séparent de plus angli­cans et puri­tains. Mais tous les pro­tes­tants sont unis entre eux par une com­mune haine envers les catho­liques, contre les­quels naît, se déve­loppe et se pour­sui­vra sous le règne d’Elisabeth Ire une très dure per­sé­cu­tion, dont le récit consti­tue l’élément cen­tral de l’enquête d’Elisabeth Sala.

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