Revue de réflexion politique et religieuse.

En librairie : numéro courant

Numé­ro 158 : Par­ler du peuple sert-il encore à quelque chose ?

Si le popu­lisme sert encore très fré­quem­ment d’é­pou­van­tail dans les milieux intel­lec­tuels et média­tiques, le carac­tère oli­gar­chique de cette pré­sen­ta­tion réflexe com­mence à sus­ci­ter des réac­tions tein­tées d’a­ga­ce­ment. Ger­trude Lübbe-Wolff, pro­fes­seur émé­rite de droit à l’U­ni­ver­si­té de Bie­le­feld, qui fut membre de la Cour consti­tu­tion­nelle fédé­rale alle­mande, consacre ain­si un bref ouvrage à la « démo­pho­bie »[1]. Repre­nant très sys­té­ma­ti­que­ment les cri­tiques habi­tuel­le­ment for­mu­lées contre la démo­cra­tie directe, elle les retourne contre la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive, mon­trant que les défauts impu­tés à la pre­mière sont éga­le­ment au moins aus­si pré­sents chez la seconde, y com­pris dans ses ava­tars déli­bé­ra­tifs. Sans être révo­lu­tion­naires, cer­tains déve­lop­pe­ments de ce bref essai sont rafraî­chis­sants : évo­quant par exemple le risque de mani­pu­la­tion du peuple dans la démo­cra­tie directe, l’au­teur insiste sur l’in­fluence des inté­rêts finan­ciers et du lob­bying sur les déci­sions prises par les ins­ti­tu­tions repré­sen­ta­tives : « Là où les par­le­ments et les gou­ver­ne­ments prennent des déci­sions, les cercles puis­sants exercent une influence par­ti­cu­liè­re­ment impor­tante sur les déci­sions poli­tiques[2] », et rap­pelle que les pre­mières pro­cé­dures de démo­cra­tie directe contem­po­raines ont été pré­ci­sé­ment intro­duites pour faire échec aux dérives oli­gar­chiques des par­tis en place.

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La revue en ligne

29 Jan 2024

La Rédaction : Fran­çois Hou, Cha­pitres et socié­té en Révo­lu­tion (lec­ture)

L’histoire de la Révo­lu­tion ne déchaîne plus les dis­cus­sions pas­sion­nées d’il y a quelques décen­nies encore. D’aucuns y ver­ront les pro­grès, dans le public, d’une com­pré­hen­sion plus équa­nime de la période. Il nous cha­gri­ne­rait que ce soit plu­tôt l’ignorance qui fasse son œuvre. Car ce serait dom­mage : la période a encore beau­coup à nous apprendre. Témoin l’ou­vrage majeur*, tiré d’une thèse, écrite par un nor­ma­lien qui a sou­te­nu en 2019 à l’université Paris‑I sous la direc­tion de Phi­lippe Bou­try, spé­cia­liste de l’histoire reli­gieuse du XIXe siècle. L’auteur, Fran­çois Hou, a mené des recherches d’archives tita­nesques pour recons­ti­tuer le des­tin, avant et après la révo­lu­tion, des cha­noines d’une dou­zaine de dio­cèses fran­çais, choi­sis pour repré­sen­ter toute la diver­si­té de la France en termes de fer­veur, de socio­lo­gie, de poli­tique, etc.

La pre­mière par­tie recons­ti­tue tout le débat de l’époque autour de l’institution du cha­pitre, ce « sénat de l’Église » (Concile de Trente), « conseil-né » de l’évêque, qui n’en a pas moins un pou­voir monar­chique. La période consi­dé­rée est le moment d’un débat ecclé­sio­lo­gique majeur et de sa réso­lu­tion – thème qu’avait étu­dié, en son temps, l’abbé Plon­ge­ron. La rup­ture poli­tique vient radi­ca­li­ser les idées et sur­tout les for­cer à pas­ser à l’acte, c’est-à-dire à se confron­ter aux faits. (suite…)

13 Jan 2024

Père Serafino Maria Lanzetta : Le Synode et la méthode pas­to­rale (par­tie 3)

Avec la décla­ra­tion Fidu­cia sup­pli­cans (FS) du 18 décembre 2023, le Dicas­tère pour la Doc­trine de la Foi, avec une cer­taine pré­ci­pi­ta­tion par rap­port aux récents résul­tats du Synode, a deman­dé au pape Fran­çois, ex audien­tia, d’ap­prou­ver de nou­velles béné­dic­tions, créées ad hoc « pour les couples en situa­tion irré­gu­lière » et « pour les couples de même sexe ». Dans les deux cas l’ac­cent est mis sur le « couple ». Pour pla­cer cela au niveau du prin­cipe, et ain­si en jus­ti­fier mora­le­ment les actes, on tente de sépa­rer l’as­pect litur­gique de la béné­dic­tion d’un aspect anté­cé­dent, « théo­lo­gique » mais non rituel. Avec quels résul­tats ? (suite…)

29 Déc 2023

Père Serafino Maria Lanzetta : Synode sur la syno­da­li­té. Post-scrip­tum (par­tie 2)

L’article ci-des­sus a été publié avant la pre­mière ses­sion « syno­dale ». Nous avons deman­dé à l’auteur de bien vou­loir rédi­ger ce post-scrip­tum pour com­plé­ter le com­men­taire de cet épi­sode.

La pre­mière assem­blée romaine du Synode sur la syno­da­li­té s’est tenue du 4 au 29 octobre 2023. Offi­ciel­le­ment, elle s’est défi­nie comme  « XVIe Assem­blée ordi­naire du Synode des évêques », mais ce n’est pas pour rien qu’elle n’a fina­le­ment pas été appe­lée ain­si. En effet, il ne s’a­gis­sait pas seule­ment d’un synode où les évêques ont eu le droit de vote sur les ques­tions concer­nant la foi, la morale et la pra­tique pas­to­rale de l’É­glise, mais où ce même droit de vote a été éga­le­ment éten­du aux laïcs, qui étaient ain­si assi­mi­lés de jure aux évêques. Tel est l’ob­jec­tif de la nou­velle logique syno­dale qui vise à recons­ti­tuer l’É­glise sur le modèle de la syno­da­li­té, modi­fiant aus­si de la sorte la nature même du Synode des évêques. Dans le Rap­port de syn­thèse de la pre­mière ses­sion, publié le 28 octobre 2023[1], on aurait pu s’at­tendre à quelque chose de très per­tur­bant, étant don­né qu’à l’ordre du jour figu­raient des sujets pro­vo­cants tels que la béné­dic­tion des couples de même sexe, le dia­co­nat et le sacer­doce fémi­nin, le déclas­se­ment du céli­bat sacer­do­tal, etc. (suite…)

14 Sep 2023

Père Serafino Maria Lanzetta : Un synode qui vient de très loin (par­tie 1)

Le texte sui­vant, dont l’original en ita­lien vient de paraître dans le der­nier numé­ro de la revue Fides catho­li­ca, est pré­sen­té ici dans une tra­duc­tion effec­tuée par nos soins, agréée par son auteur.

Il n’était jamais arri­vé qu’un synode dis­cute du synode, c’est-à-dire de lui-même. C’est le cas aujourd’hui, avec un long synode encore en cours, qui a com­men­cé en 2021 et devrait se conclure en 2024 par deux assem­blées romaines. Il s’agit d’une réflexion sur la « syno­da­li­té », qui est un pro­ces­sus, un pro­gramme d’action et une construc­tion de l’Église en marche, pas­sant d’une Église sta­tique, hié­rar­chique et pyra­mi­dale à une Église en mou­ve­ment, qui se construit au fur et à mesure, mais en par­tant de la base et en inver­sant l’ordre : ceux qui sont en haut doivent être en bas et ceux qui sont en bas doivent être en haut. Le pape Fran­çois l’a dit dans son dis­cours à l’occasion du 50e anni­ver­saire de l’institution du Synode des évêques (17 octobre 2015) : (suite…)

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