Revue de réflexion politique et religieuse.

Lec­ture : Le Kur­dis­tan et ses chré­tiens

Article publié le 4 Juil 2010 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Un livre bizarre, ou deux livres jux­ta­po­sés, reflé­tant peut-être la double per­son­na­li­té de l’auteur, Mirel­la Galet­ti : une pre­mière par­tie serait due à l’universitaire, pro­fes­seur d’histoire des mondes arabe, musul­man et kurde dans plu­sieurs uni­ver­si­tés ita­liennes ; et la seconde par­tie témoi­gne­rait des recherches de type socio­lo­gique effec­tuées sur le ter­rain, les ter­rains plu­tôt, en dia­spo­ra comme dans le « Kur­dis­tan ». Le choix de ce terme, en ce moment, est en lui-même source de dif­fi­cul­tés. On a pu s’en aper­ce­voir lors d’une confé­rence au Col­lège des Ber­nar­dins, où un évêque chal­déen de la région, inter­ro­gé par l’auteur de ce livre, fit un éloge sans nuance de la poli­tique reli­gieuse menée par les diri­geants (kurdes) dans la « zone auto­nome » du nord de l’Irak. C’en était gênant, et cer­tains le firent ver­te­ment remar­quer ou quit­tèrent avec dis­cré­tion l’auditoire. Le pro­pos de Mirel­la Gal­let­ti n’est pas celui-là, il n’en reste pas moins ambi­gu. Elle a fait le choix de rete­nir « le nom géo­gra­phique actuel, plus connu au plan inter­na­tio­nal » (p. 15) ; mais à ce plan, pré­ci­sé­ment, il a une signi­fi­ca­tion très par­ti­cu­lière : il repré­sente le « cadeau » que les Etats-Unis ont accep­té de faire à leurs alliés d’occasion qui lut­taient, en Irak, contre le pré­sident Sad­dam Hus­sein, comme eux-mêmes envi­sa­geaient de le faire et l’ont fait. Or, la seule carte pro­po­sée (p. 355) montre un « Kur­dis­tan » allant d’Alep, en Syrie, à la Géor­gie et à l’Arménie, et jusqu’au Turk­mé­nis­tan et à l’Est de l’Iran. C’est donc toute l’Asie cen­trale et occi­den­tale où se trouvent des kur­do­phones ou des « chré­tiens du Kur­dis­tan » qui est prise en compte ; comme si, pour défi­nir le Magh­reb, on mon­trait tous les pays où vivent des Magh­ré­bins émi­grés, en plus des trois Etats du nord de l’Afrique occi­den­tale, ce qui inclu­rait, entre autres, toute l’Europe occi­den­tale jusqu’à la Scan­di­na­vie, l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, etc. […]

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