Revue de réflexion politique et religieuse.

Charles Maur­ras : Soli­loque du pri­son­nier

Article publié le 10 Avr 2010 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Texte mécon­nu, des­ti­né à l’origine à une publi­ca­tion en espa­gnol, rédi­gé en pri­son en 1948 ou peu après. Maur­ras écrit à la troi­sième per­sonne, pour se défendre contre diverses accu­sa­tions. Ces 79 pages (dont deux anciens textes en annexe) captent l’attention par l’intérêt de leur auteur pour la poli­tique inter­na­tio­nale de l’avenir, en ces années fon­da­trices d’un nou­vel équi­libre mon­dial. On repro­chait à Maur­ras son enfer­me­ment dans « la seule France ». Il leur répond en cri­ti­quant les construc­tions fac­tices et for­cées (l’ONU venait de rem­pla­cer la SDN, et l’on était en plein essor de l’ « idée euro­péenne »), mécon­nais­sant les racines des peuples, leurs affi­ni­tés ou leurs aller­gies mutuelles – pre­nant l’exemple des natio­na­li­tés you­go­slaves. Maur­ras se fait l’avocat de l’union entre Latins, dans les­quels il inclut, sans ran­cune, les Anglais, mais sur­tout pas les Alle­mands tant qu’ils n’auront pas subi une « longue cure d’humilité : avant de rede­ve­nir des voi­sins habi­tables, ils ont besoin de se tirer com­plè­te­ment du nar­cis­sisme ger­ma­niste, hégé­lo-fich­téen, rôle dans lequel ils ont été les enfants gâtés de l’Europe pen­dant plus de cent ans ». (Sur ce point, Maur­ras se trouve en accord avec les déna­zi­fi­ca­teurs, mais il ne devine pas la por­tée incal­cu­lable de la cure de dés­in­toxi­ca­tion qu’ils mettent en oeuvre.) L’éloge cha­leu­reux de la Suisse n’étonne pas, celui des Etats-Unis est plus inat­ten­du. L’expression est sereine, puri­fiée sans doute par l’épreuve et l’échec, mais à l’époque où il écrit, Maur­ras confesse encore n’avoir « ni l’honneur ni le bon­heur de comp­ter par­mi les croyants au catho­li­cisme ».

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