Revue de réflexion politique et religieuse.

La Révo­lu­tion, l’E­glise, la France. Entre­tien avec Rey­nald Secher

Article publié le 21 Sep 1987 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

A deux ans du bicen­te­naire de la Révo­lu­tion, l’i­déo­lo­gie offi­cielle impose tou­jours sa ver­sion défor­mée de la réa­li­té his­to­rique, mal­gré la pro­gres­sive cor­rec­tion des plus gros­sières erreurs. On le com­prend aisé­ment, l’E­tat répu­bli­cain a besoin du mythe pour fon­der sa légi­ti­mi­té. Chez les his­to­riens de métier, les posi­tions se nuancent mais demeurent lar­ge­ment tri­bu­taires du même mythe. Cepen­dant, la véri­té pro­gresse, même si ce n’est que très len­te­ment. Les par­ti­sans éper­dus de la tra­di­tion répu­bli­caine ‑ il en existe tou­jours sur­tout par­mi les socia­listes ou les francs-maçons ‑ font plu­tôt figures de mar­gi­naux. Sous l’in­fluence de Fran­çois Furet ou de Jean Tulard, entre autres, une image plus réa­liste de la période a com­men­cé d’en­ta­mer les gloires de Marianne. Tou­te­fois les tabous demeurent. II n’est tou­jours pas “per­mis” de faire la lumière sur les crimes de la Ter­reur sans s’at­ti­rer les cen­sures intel­lec­tuelles et admi­nis­tra­tives de l’ins­ti­tu­tion uni­ver­si­taire. C’est notam­ment la leçon à tirer de la ten­ta­tive de Rey­nald Secher, reje­té de la cor­po­ra­tion pour avoir ten­té de per­cer les ténèbres entou­rant les mas­sacres de Ven­dée.

Rey­nald Secher : un bicen­te­naire cen­su­ré. Entre­tien exclu­sif avec Michel Bres­son

La Chapelle‑Basse‑Mer, vil­lage ven­déen (Per­rin 19$6), résul­tat d’une thé”, de troi­sième cycle, a valu à son auteur, R. Secher, une gloire dont il se serait bien pas­sée, puis­qu’il est aujourd’­hui per­so­na non gra­ta dans l’ins­ti­tu­tion uni­ver­si­taire. Max Gal­lo, his­to­rien socia­liste et ancien secré­taire d’État est per­son­nel­le­ment par­ti en guerre contre lui, avec sa lettre ouverte aux nou­veaux Mus­ca­dins (Albin Michel 1986). Rey­nald Sécher nous expli­cite les rai­sons de sa mésa­ven­ture.

“Jamais je n’au­rais pen­sé que la Ven­dée ait pu faire l’ob­jet d’un véri­table géno­cide. Je pen­sais comme faut un cha­cun qu’il s’a­gis­sait d’une simple guerre civile faite d’es­car­mouches, et dont les moti­va­tions étaient sauvent mal défi­nies. Le terme même de géno­cide m’a d’ailleurs été contes­té par quelques, détrac­teurs qui estiment abu­si­ve­ment qu’if doit être réser­vé aux dépor­ta­tions de Juifs par les Nazis, et que !‘an ne sau­rait en faire une uti­li­sa­tion “ rétro­ac­tive ”. Mais peu importe le mot, puis­qu’on pour­rait aus­si bien par­ler de “ popu­li­cide ”, terme que Babeuf uti­li­sait dès 1793 jus­te­ment à pro­pos de la Ven­dée.

Max Gal­lo et Fran­çois Lebrun (qui tra­vaille avec Michel Vavelle) m’ont fait d’autres reproches, entre autres d’être “ du côté des Blancs ”. C’est faux, j’ai mon­tré qu’il y avait eu des atro­ci­tés des deux côtés, mais avec une dif­fé­rence essen­tielle : les Blancs les com­met­taient dans le feu de la bataille, et ni sys­té­ma­ti­que­ment ni de manière pré­mé­di­tée ; alors que le géno­cide ven­déen a été pla­ni­fié par la Conven­tion, jusque dans les détails d’exé­cu­tion (pro­jet d’empoisonnement de l’eau potable à l’arsenic, ordre de détruire l’en­semble du dépar­te­ment don­né le 1er août 1793, etc.).

J’ex­plique ces réac­tions par le fait que pour ces gens‑là, la Révo­lu­tion est un broc : il faut jus­ti­fier la Répu­blique par rap­port à l’an­cien Régime, donc, blan­chir la pre­mière et noir­cir le second. C’est toute la méthode de Miche­let, pour qui la Révo­lu­tion devait être le com­men­ce­ment d’une nou­velle période de regé­né­res­cence. Je ne pen­sais pas, au début de mon tra­vail, heur­ter la sus­cep­ti­bi­li­té des gens qui s’ac­cro­chaient à cette atti­tude, d’au­tant qu’a­vec une telle méthode, on en vient à cou­vrir les pires crimes contre l’humanité Par­tout ailleurs, dans le public, chez les intel­lec­tuels, mon livre a été très bien accueilli. J’ai des cen­taines de lettres pour le prou­ver. Mais pour la quasi‑totalité, c’est une décou­verte, parce que rien n’est ensei­gné sur le géno­cide ven­déen dans les notes. Seules les écorce libres de l’Ouest trans­met­taient un mini­mum de connais­sances à ce sujet, mais depuis la loi Debré (1369), il n’en reste plus rien, à cause de l’u­ni­forr­mi­sa­tion des pro­grammes.

La réac­tion du cler­gé est déce­vante. Deux évêques ont sou­te­nu mon livre, ceux de Sées (Y.‑M. Dubi­geon et de Nantes (E. Mar­cus) : un cer­tain nombre de prêtres aus­si. Mais la grande majo­ri­té s’est mon­trée indif­fé­rente (par incul­ture, dés­in­té­rêt pour les ques­tions his­to­riques, ou même hos­ti­li­té de prin­cipe à l’histoire. Beau­coup se sont montres hos­tiles poux des rai­sons poli­tiques, sous ce rap­port, pou­voir poli­tique et pou­voir reli­gieux sont com­plices. C’est très grave à long ferme : le silence du cler­gé devant le géno­cide tra­duit une honte envers sa propre his­toire. Fina­le­ment, c’est, par une éton­nante inver­sion, la Consti­tu­tion civile du cler­gé qui s’ap­plique. ”

 

Timo­thy TACKETT, La Révo­lu­tion, l’E­glise, la France, Cerf 1986

II est un autre milieu qui a inté­rêt à assu­rer la lon­gé­vi­té du mythe révo­lu­tion­naire : celui du libé­ra­lisme catho­lique, pour lequel l’ac­cep­ta­tion de la Révo­lu­tion est une néces­si­té de prin­cipe (sous réserve de larges cri­tiques sur les aspects secon­daires). Et pour­tant, même dans ce sec­teur géné­ra­le­ment rai­di dans ses pos­tu­lats, cer­taines évo­lu­tions se des­sinent, fussent‑elles de l’ordre de gran­deur des mou­ve­ments brow­niens. Le livre de Timo­thy Tackett, his­to­rien amé­ri­cain ‑ non catho­lique ‑ spé­cia­li­sé dans les ques­tions ecclé­sias­tiques, et pro­fes­seur à la Catho­lic Uni­ver­si­ty of Ame­ri­ca (comme le P. Cur­ran), en témoigne à sa manière.

Le livre de Tackett conclut une enquête sys­té­ma­tique rela­tive à un objet très pré­cis : le ser­ment impo­sé aux prêtres après la pro­mul­ga­tion de la Consti­tu­tion civile du cler­gé (CCC), en 1791. L’au­teur part de l’i­dée ‑ juste, et connue de longue date ‑ que le fameux ser­ment a eu une impor­tance capi­tale pour pré­ci­pi­ter la rup­ture entre l’E­glise et la Révo­lu­tion. “C’est un véri­table évé­ne­ment struc­tu­rant”, qui a pro­vo­qué un com­plet remo­de­lage de la France. “Après le ser­ment, la socié­té fran­çaise n’al­lait plus jamais être tout à fait la même”. L’o­ri­gi­na­li­té de Tackett est d’a­voir vou­lu mesu­rer avec pré­ci­sion la réa­li­té de cette rup­ture, en décomp­tant de la manière la plus détaillée le nombre de jureurs et d’in­ser­men­tés, en fai­sant toutes sortes de com­bi­nai­sons pour faire appa­raître une série de cor­ré­la­tions, afin de sub­sti­tuer à l’ex­pli­ca­tion géné­ra­le­ment avan­cée par les his­to­riens catho­liques tra­di­tion­nels une démons­tra­tion scien­ti­fique sans réplique. C’est une œuvre métho­dique, avec une pré­di­lec­tion mar­quée pour les sta­tis­tiques, mais qui ne s’en­ferme pas dans l’im­passe quan­ti­ta­tive. Tackett veut s’é­car­ter des sen­tiers anté­rieurs et ne s’ins­pire que du seul essai d’é­va­lua­tion chif­frée qui ait eu lieu, en 1906. “Pour toute une géné­ra­tion d’his­to­riens appar­te­nant au cler­gé, dési­reux avant tout de sépa­rer le bon grain de l’i­vraie et de four­nir des modèles moraux aux ecclé­sias­tiques qui affron­taient l’an­ti­clé­ri­ca­lisme de la troi­sième Répu­blique, (…) la dif­fé­rence entre les deux cler­gés dépen­dait, en der­nière ana­lyse, du carac­tère reli­gieux et moral de l’âme indi­vi­duelle ; d’un côté, une âme faible et égoïste, de l’autre, une âme probe et cou­ra­geuse”.

Ce qui est éton­nant, c’est qu’a­près avoir déployé des pro­diges d’ef­forts pour mener à bien son enquête, l’his­to­rien amé­ri­cain n’ar­rive pas à une conclu­sion réel­le­ment dif­fé­rente. Sous ce rap­port, le juge­ment que porte Michel Vovelle dans sa pré­face, et qui est repris pour la publi­ci­té du livre est plu­tôt for­cé : “L’ou­vrage que pré­sente Timo­thy Tackett, je le dis en pesant mes mots, est des­ti­né à faire date dans l’his­to­rio­gra­phie de la Révo­lu­tion fran­çaise”.

En véri­té, le livre apporte quelques pré­ci­sions inté­res­santes (mais déjà connues dans leur ensemble : les prêtres tenus au ser­ment au début de l’an­née 1791 n’é­taient que les prêtres de paroisse, les aumô­niers d’ins­ti­tu­tions, les pro­fes­seurs de sémi­naires, et aus­si les évêques (les reli­gieux n’é­taient pas concer­nés). Et sur cet ensemble, un peu plus de cin­quante pour cent ont accep­té de prê­ter ser­ment, une frange de six pour cent envi­ron ayant émis des res­tric­tions ou s’é­tant rétrac­tés peu après. Les pré­ci­sions portent encore sur le fait que ce sont sur­tout les curés en charge qui ont cédé à la pres­sion de la loi révo­lu­tion­naire, tan­dis que les évêques ont refu­sé presque una­ni­me­ment, de même qu’une majo­ri­té de pro­fes­seurs de sémi­naires. Les endroits tou­chés par le jan­sé­nisme, et son suc­cé­da­né, le riché­risme (qui pré­ten­dait que le pou­voir des curés était de droit divin) ont eu une majo­ri­té de jureurs. Cer­taines régions, comme la Bre­tagne, ont été moins tou­chées que d’autres. Quant aux rai­sons pour les­quelles les uns ont prê­té le ser­ment et les autres l’ont refu­sé, l’au­teur a consa­cré beau­coup de son temps à éta­blir des cor­ré­la­tions à par­tir de dif­fé­rents cri­tères, dont l’i­né­vi­table oppo­si­tion ville‑campagne, ou la rela­tion sta­tis­tique entre le degré de for­ma­tion et l’op­tion pour le ser­ment. Tout cela tient trop sou­vent de l’exer­cice de style, d’au­tant plus que l’au­teur admet la limite du genre. “II est vite appa­ru évident que cer­tains des para­mètres étaient reliés, quand ils l’é­taient, d’une manière non linéaire”…

On en revient donc aux rai­sons tou­jours allé­guées jusque‑là. Les prêtres jureurs ont été des faibles, tiraillés entre un cer­tain désir de plaire au nou­veau pou­voir éta­bli (et de ne pas perdre leur charge) et la conscience du devoir d’o­béir au pape. Tackett donne d’ailleurs divers exemples des jus­ti­fi­ca­tions, sou­vent de bien piètre niveau, avan­cées par les jureurs, se rame­nant la plu­part du temps au léga­lisme. “La reli­gion m’or­donne l’o­béis­sance ‘á la loi”. Pour le curé de Kirsch (Moselle), “les curés étaient les pre­miers et les plus impor­tants fonc­tion­naires publics et devaient ain­si don­ner l’exemple aux autres”. D’autres invo­quaient les défauts des évêques, et plus géné­ra­le­ment du pape, par gal­li­ca­nisme, dou­blé de vile fla­gor­ne­rie. “Je croi­rais outra­ger l’As­sem­blée natio­nale et calom­nier la pure­té de ses vues si je lui sup­po­sais la moindre inten­tion d’at­ten­ter à la juri­dic­tion spi­ri­tuelle”, disait un curé de Seine‑et‑Marne.

L’his­to­rien fait ici une remarque à la fois judi­cieuse et lourde de sous‑entendus. “Un grand nombre de ceux qui accep­taient le ser­ment et la Consti­tu­tion civile avaient clai­re­ment adop­té une nou­velle concep­tion du prêtre et de son rôle dans la socié­té, fort éloi­gnée de l’i­mage clé­ri­cale incul­quée par la direc­tion de l’E­glise depuis le concile de Trente et la Réforme catho­lique. L’ac­cent était moins mis sur la place du prêtre à l’in­té­rieur de la hié­rar­chie ecclé­sias­tique que sur sa place au sein de la com­mu­nau­té laïque, et sur l’al­lé­geance qu’il devait à l’As­sem­blée natio­nale”. Tackett oppose ain­si le “prêtre tri­den­tin” et le “prêtre citoyen”, le pre­mier refu­sant le ser­ment par crainte ‑ dis­cu­table, à son sens ‑ que le res­sort caché de la CCC soit la volon­té de détruire le chris­tia­nisme, et le second pré­fi­gu­rant le nou­veau prêtre conci­liaire enga­gé dans la socié­té de son temps. La Consti­tuante, par pré­ci­pi­ta­tion et cédant aux acti­vistes jaco­bins ou jan­sé­nistes, n’a pas su gérer habi­le­ment sa poli­tique reli­gieuse, et ce fai­sant, elle a lais­sé échap­per une chance his­to­rique. L’au­teur conclut au fâcheux “déra­page” : “En obli­geant le cler­gé à sépa­rer le grain de l’i­vraie, en impo­sant un choix clair et défi­ni­tif pour ou contre la nou­velle Consti­tu­tion, le ser­ment allait ren­for­cer et per­pé­tuer l’u­ni­vers mani­chéen de la poli­tique révo­lu­tion­naire, et don­ner prise à la para­noïa sous‑jacente qui s’é­tait empa­rée de l’As­sem­blée natio­nale et d’une grande par­tie de la popu­la­tion depuis le début de la Révo­lu­tion”.

Claude Lan­glois ajoute que le cli­vage entre jureurs et réfrac­taires a pro­vo­qué, en rai­son de la per­sé­cu­tion de la Ter­reur et de la dis­so­lu­tion du cler­gé consti­tu­tion­nel, une pénu­rie impor­tante de prêtres, fac­teur d’ag­gra­va­tion de la déchris­tia­ni­sa­tion des cam­pagnes au XIXe siècle. Mais la véri­table consé­quence est dans la laï­ci­sa­tion accen­tuée d’une frac­tion impor­tante des fidèles. “Le catho­li­cisme est sor­ti amoin­dri, mais sur­tout dédou­blé”. “Ce qui fait main­te­nant l’ob­jet de l’ac­cep­ta­tion ou du refus, c’est un catho­li­cisme clé­ri­cal (…) où le cler­gé contrôle les croyances et impose les pra­tiques, par le caté­chisme, la litur­gie, les sacre­ments et tout par­ti­cu­liè­re­ment la confes­sion, qui devient de plus en plus un catho­li­cisme inté­gral et intran­si­geant. Inté­gral, car il affirme sa volon­té de faire connaître com­ment doit se com­por­ter l’in­di­vi­du, com­ment doivent vivre les socié­tés et les nations ; intran­si­geant en consé­quence, car ses affir­ma­tions, après s’être heur­tées à l’E­tat laï­ci­sé par la Révo­lu­tion et à la bour­geoi­sie qui demande l’au­to­no­mie de son action publique et le quant‑à‑soi de sa vie pri­vée, s’op­posent bien­tôt à des corps de doc­trine pro­gres­si­ve­ment consti­tués le libé­ra­lisme et le socia­lisme”. A l’in­verse appa­raît une sorte de reli­gion laï­ci­sée et indi­vi­dua­liste, le “catho­li­cisme popu­laire”, qui refuse la tutelle du magis­tère ecclé­sias­tique et l’in­tru­sion du prêtre dans la morale indi­vi­duelle.

En un cer­tain sens l’ap­pré­cia­tion dithy­ram­bique de Michel Vovelle appa­raît fina­le­ment fon­dée, tant les pré­ju­gés en faveur de la Révo­lu­tion sont tenaces. Le tra­vail de l’au­teur amé­ri­cain fera peut‑être date dans l’his­to­rio­gra­phie de la période révo­lu­tion­naire, non pas tant par son conte­nu que par le fait de conclure, au terme d’une labo­rieuse enquête, dans le même sens géné­ral que les his­to­riens catho­liques du pas­sé. Le tra­vail de Tackett n’a pas été celui d’un par­ti­san, et c’est par la logique d’une démarche scien­ti­fique qu’il en est venu à remettre la ques­tion du ser­ment consti­tu­tion­nel à la place qu’elle méri­tait. La por­tée réelle de l’af­faire est évi­dente : la Révo­lu­tion n’est pas anti­chré­tienne seule­ment en rai­son des per­sé­cu­tions de l’An II. Elle l’est dès la nuit du 4 août 1789, qui a direc­te­ment pré­pa­ré la Consti­tu­tion civile du cler­gé. “II serait erro­né de sous-esti­mer le carac­tère nova­teur de l’oeuvre révo­lu­tion­naire et la sur­prise cau­sée par l’en­semble des lois sur l’E­glise qui dépas­saient les attentes de la quasi‑totalité de la popu­la­tion”, remarque Tackett. Voi­là bien un constat. Avec quelle len­teur passera‑t‑on main­te­nant à une vision plus cor­recte de l’en­semble du phé­no­mène révo­lu­tion­naire, et en consé­quence, à la com­pré­hen­sion des rap­ports entre l’E­glise et la Révo­lu­tion, ques­tion pen­dante depuis deux cents ans ?

D’autres pré­ven­tions sont encore à craindre. La post­face de l’ou­vrage, due à Claude Lan­glois, le laisse faci­le­ment devi­ner. Son auteur fait pré­ven­ti­ve­ment état des réac­tions défa­vo­rables que Tackett ne man­que­ra pas de s’at­ti­rer. “Reve­nir à la déchris­tia­ni­sa­tion en par­tant de la Révo­lu­tion ? Pro­cé­der ain­si, n’est‑ce pas régres­ser vers une vieille his­to­rio­gra­phie ultra­mon­taine rede­ve­nue bruyante depuis quelque temps ?”. II cite en note le livre de Jean Dumont, La Révo­lu­tion fran­çaise ou les pro­diges du sacri­lège (Cri­te­rion 1984) “à titre d’exemple”, et “mal­gré sa médio­cri­té”. Les cinq cents pages de l’ou­vrage incri­mi­né ne sont certes pas géniales, mais elles riva­lisent pour le moins avec bon nombre d’ou­vrages his­to­riques actuels. La nuance de mépris qui perce sous le pro­pos s’ex­plique pro­ba­ble­ment par le sou­ci de se démar­quer, ce qui témoigne de la per­sis­tance de l’au­to­cen­sure des uni­ver­si­taires face à l’i­déo­lo­gie domi­nante. Patience donc.

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