Revue de réflexion politique et religieuse.

Apo­lo­gie ano­mique de l’indéterminé

Article publié le 12 Juin 2014 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Autour de Michel Maf­fe­so­li, une dizaine de cher­cheurs du Centre d’études sur l’actuel et le quo­ti­dien (CEAQ, Uni­ver­si­té René Des­cartes Sor­bonne Paris V), s’interrogent dans L’homme post­mo­derne ((. Michel Maf­fe­so­li et Brice Per­rier (dir.), L’homme post­mo­derne, Fran­çois Bou­rin édi­teur, 2012, 212 p., 20 €. ))  sur les carac­té­ris­tiques de l’homme contem­po­rain, qua­li­fié de post­mo­derne en réfé­rence à la post­mo­der­ni­té défi­nie aus­si bien comme époque que comme concep­tion d’un rap­port par­ti­cu­lier de l’homme à la rai­son. On ne pour­ra s’empêcher de dis­cer­ner rapi­de­ment dans l’accumulation redon­dante des carac­té­ris­tiques de ce type d’humanité, au pre­mier rang des­quelles culmine l’« indé­ter­mi­na­tion », un furieux pen­chant pour un his­to­ri­cisme nom­bri­liste où par­fois le dithy­ram­bique le dis­pute à la pla­ti­tude la plus radi­cale. Mais pré­ci­sons d’abord la charge. L’ouvrage, qui exprime du reste des concep­tions diverses, pos­sède des inté­rêts réels mais sur­tout un défaut ata­vique rédhi­bi­toire : celui pré­ci­sé­ment de vou­loir défi­nir l’indéterminé. N’eût-il pas été plus avi­sé de ques­tion­ner que d’affirmer : l’homme post­mo­derne existe-t-il ? En pro­po­sant l’impossible arché­type du « divers », du « mul­tiple », de « l’indéterminé », Maf­fe­so­li et plu­sieurs autres cher­cheurs ne nous offrent que l’alternative soit de croire que l’heure du tota­li­ta­risme exis­ten­tiel a son­né (où toute iden­ti­té par­ti­cu­lière ne serait qu’un reflet éphé­mère à la sur­face de la non-iden­ti­té glo­bale et obli­ga­toire), soit qu’ils ne font que packa­ger un pro­duit vieux comme l’homme, à savoir l’homme lui-même.
L’homme post­mo­derne vivrait dans un temps uni­ver­sel, le pré­sent éter­nel, au sein d’une socié­té frac­tale com­po­sée de com­mu­nau­tés mou­vantes. Il se défi­ni­rait par une série d’oxymores : nomade ancré, consom­ma­teur éco­lo­giste, rêveur réa­liste, idéa­liste prag­ma­tique… Mais il serait d’abord un homme de l’émotion, mû par la réac­tion inté­rieure aux contacts, aux sti­mu­li que démul­ti­plie désor­mais la tech­no­lo­gie.
Si l’on constate chez Maf­fe­so­li et la plu­part des rédac­teurs une sorte de jubi­la­tion à contem­pler cet homme de la jouis­sance et de l’immédiat, cer­taines contri­bu­tions plus cri­tiques mettent en exergue les limites de ce modèle.
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