Revue de réflexion politique et religieuse.

Inopé­rantes laï­ci­tés

Article publié le 4 Juil 2010 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Une confé­rence avait été orga­ni­sée le 24 jan­vier 2008 à Bruxelles, sous le titre « Héri­tage chré­tien » en Répu­blique et Conso­cia­tion. L’ouvrage col­lec­tif qui en est issu est main­te­nant publié. Des his­to­riens et des socio­logues, la plu­part issus de l’ULB et de la Sor­bonne, y apportent sur­tout leurs lumières sur le déve­lop­pe­ment du concept de la « laï­ci­té » : sa place dans la vie publique belge et fran­çaise, dans les légis­la­tions res­pec­tives des deux pays et les conven­tions inter­na­tio­nales ou supra­na­tio­nales qui s’imposent à elles. Il res­sort de ces échanges que la notion même de laï­ci­té n’est pas uni­voque, ni en termes de socio­lo­gie, ni en termes de droit posi­tif. La ques­tion se pose alors de savoir si une notion aus­si impré­cise, voire confuse, pré­sente une vraie uti­li­té opé­ra­tion­nelle pour les sciences poli­tiques ou juri­diques.

L’article 1er de la consti­tu­tion fran­çaise de 1958 pro­clame que la France est un Etat laïc, sans défi­nir ce qu’elle entend par là. A cet égard, il eût été inté­res­sant de dis­po­ser d’une ana­lyse juris­pru­den­tielle, mal­heu­reu­se­ment absente des dis­ser­ta­tions socio­po­li­tiques de ce col­loque. Rien n’est simple. Ain­si, le concept de laï­ci­té n’est pas for­cé­ment syno­nyme de sépa­ra­tion des Eglises et de l’Etat. De ce point de vue même, la célèbre loi de 1905 expul­sant l’Eglise de la sphère publique fran­çaise n’a pas empê­ché la Répu­blique d’entretenir des liens avec elle : loi sur les édi­fices publics mis à la dis­po­si­tion du culte (1907), réta­blis­se­ment des rela­tions diplo­ma­tiques avec le Saint-Siège (1921), appli­ca­bi­li­té du concor­dat de 1801 en Alsace-Moselle (1925), loi Debré sur les rap­ports entre l’Etat et les éta­blis­se­ments sco­laires pri­vés (1959), accord avec le Saint-Siège sur la recon­nais­sance des diplômes déli­vrés par l’enseignement supé­rieur catho­lique (2008), etc. Ajou­tant à la per­plexi­té de l’observateur étran­ger, l’actuel pré­sident de la Répu­blique fran­çaise, lors de sa récep­tion para­doxale (pour le Chef d’un Etat sépa­ré de l’Eglise) comme cha­noine hono­raire de l’archi-basilique du Latran à Rome (2007), a appe­lé de ses voeux l’avènement d’une laï­ci­té posi­tive recon­nais­sant que les reli­gions consti­tuent un atout socié­tal ! […]

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