Revue de réflexion politique et religieuse.

Autres livres reçus

Article publié le 13 Avr 2019 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Byung-Chul Han, Le désir. L’enfer de l’identique, Autre­ment, col­lec­tion « Les grands mots », octobre 2018, 156 p., 10 €

Huit articles de l’auteur ger­ma­no-coréen, sou­vent obs­curs, par­fois sca­breux. L’amour, écrit Alain Badiou (pré­face), est « l’expérience radi­cale, peut-être la seule qui le soit à ce point, de l’existence de l’Autre ». L’auteur reprend : capi­ta­lisme et infor­ma­tion détruisent la pos­si­bi­li­té même des rap­ports sociaux. « La masse d’informations accé­lère mas­si­ve­ment l’entropie du monde, et aug­mente le niveau du bruit. La pen­sée a besoin de silence. […] La masse pul­lu­lante des infor­ma­tions, cette déme­sure de posi­ti­vi­té, s’exprime sous forme de bruit. Or, sans néga­ti­vi­té, il n’existe que de l’identique. » Quelques bonnes obser­va­tions au milieu de concepts hégé­liens mul­ti­pliés sans néces­si­té. Byung-Chul Han a fait mieux.

Abbé Lud­ger Grün, Le vin de Cana. Vivre du sacre­ment du mariage, Via Roma­na, Ver­sailles, jan­vier 2019, 120 p., 9 €

Beau­coup de choses s’écrivent sur le mariage, et toute une lit­té­ra­ture déso­lante de bana­li­té et de psy­cho­lo­gisme en fait oublier la véri­té pro­fonde. Ce tout petit livre (10 x 16), écrit par un prêtre de Suisse alé­ma­nique, est vrai­ment digne d’être connu en rai­son de sa den­si­té théo­lo­gique expri­mée dans un style simple et déli­cat. L’ensemble est conçu autour du signe effi­cace de l’union du Christ et de l’Église, qui est effec­ti­ve­ment ce que le sacre­ment ins­ti­tue et signi­fie. Ce mys­tère est grand (Éphé­siens 5, 24).

Yves Morel, La vraie pen­sée d’Augustin Cochin, Via Roma­na, Ver­sailles, février 2019, 342 p., 24 €

Ce gros ouvrage, sérieu­se­ment argu­men­té, pré­fa­cé par Jean Tulard, déve­loppe une thèse bien pré­cise : Augus­tin Cochin, après avoir connu une longue dis­grâce, a été réha­bi­li­té, prin­ci­pa­le­ment grâce à Fran­çois Furet, pour sa recherche sur le fonc­tion­ne­ment des labo­ra­toires d’idées (« socié­tés de pen­sée ») et des clubs d’émulation et de pro­pa­gande qui ont « fait », littéra­lement, la Révo­lu­tion fran­çaise. Mais l’auteur s’applique à démon­trer que cette réha­bi­li­ta­tion com­porte une part de men­songe par omis­sion, car elle laisse de côté la posi­tion cri­tique de Cochin face à l’ensemble de la Révo­lu­tion, ce qui le rat­tache au cou­rant contre-révo­lu­tion­naire, et cela mal­gré son enthou­siasme qua­si exclu­sif pour la méca­nique sociale et son faible inté­rêt, inver­se­ment,
pour les idées. La thèse est dis­cu­table, au sens où elle mérite d’être sérieu­sement exa­mi­née, et le cas échéant contes­tée.

Theo­dor Wie­sen­grund Ador­no & Max Hor­khei­mer, Kul­tu­rin­dus­trie. Rai­son et mys­ti­fi­ca­tion des masses, Allia, 4e édi­tion, mars 2019, 110 p., 7 €

Opus­cule très tas­sé, publié à l’origine en 1947, et donc assez lar­ge­ment déca­lé du point de vue tech­nique plus de soixante ans après, à cause du dévelop­pement des nou­veaux moyens dits d’information, bal­bu­tiants ou incon­nus au moment de sa rédac­tion. Et pour­tant sur le fond, on trouve dans cette cri­tique de l’industrie du diver­tis­se­ment des juge­ments qui nous paraissent main­te­nant par­fai­te­ment lucides. Exemple : « Ce qui compte aujourd’hui, ce n’est plus le puri­ta­nisme, bien qu’il s’affirme tou­jours dans les organisa­tions fémi­nines, mais la néces­si­té inhé­rente au sys­tème de ne jamais lâcher le consom­ma­teur, de ne lui don­ner aucun ins­tant l’occasion de pres­sen­tir une pos­si­bi­li­té de résis­ter. » L’analyse du lan­gage et de sa dis­so­cia­tion d’avec la réa­li­té par la publi­ci­té est plus qu’actuelle. Il s’agit de psy­cho­tech­nique.

Autres titres dont nous essaie­rons de rendre compte plus tard : Com­prendre l’Apocalypse, d’Érick Audouard (Pierre-Guillaume de Roux, novembre 2018) ; Les robots et le mal, d’Alexei Grin­baum (DDB, jan­vier 2019) ; La demeure des hommes. Pour une poli­tique de l’enracinement, de Paul-Fran­çois Schi­ra (Tal­lan­dier, jan­vier 2019) ; Contre le libé­ra­lisme, d’Alain de Benoist (édi­tions du Rocher, février 2019) ; Le laby­rinthe cata­lan, de Benoît Pel­lis­tran­di (DDB, février 2019).

-->