Revue de réflexion politique et religieuse.

De la loi natu­relle aux “valeurs com­munes” mon­diales

Article publié le 5 Fév 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Le docu­ment de la Com­mis­sion théo­lo­gique inter­na­tio­nale (CTI), A la recherche d’une éthique uni­ver­selle : nou­veau regard sur la loi natu­relle, publié le 27 mars 2009, reste d’une actua­li­té brû­lante. Les catho­liques ne dis­cutent pas le fait que la loi natu­relle doive fon­der une éthique uni­ver­selle, puisqu’elle est la loi éthique uni­ver­selle. En revanche, pour les non-catho­liques et dans la pers­pec­tive d’un dia­logue œcu­mé­nique et inter­cul­tu­rel mené dans un monde glo­ba­li­sé, le pro­blème d’une éthique uni­ver­selle reste une inter­ro­ga­tion per­ma­nente. Depuis la publi­ca­tion du mani­feste du Par­le­ment des Reli­gions du Monde, en 1993, Vers une éthique mon­diale, des textes en tous genres ont été écrits dans le même sens : construire un consen­sus qui per­mette, dans un monde plu­ri­cul­tu­rel et mul­ti­con­fes­sion­nel, d’atteindre des valeurs glo­bales pour un ordre mon­dial fon­dé sur des pré­sup­po­sés laï­cistes, non dog­ma­tiques, au moins au sens de non confes­sion­nels.
Des doutes ont sur­gi quant à savoir si l’Eglise approu­ve­rait un tel pro­jet. Sans que l’on puisse par­ler d’adhésion expresse, les chefs de file du dia­logue inter­re­li­gieux espé­raient que, après quelques signaux en ce sens don­nés par Jean-Paul II, les catho­liques se déci­de­raient à y par­ti­ci­per. Le docu­ment de la CTI apporte des réponses à ce sujet : par­tant du pré­sup­po­sé que nous vivons dans « une seule com­mu­nau­té mon­diale », elle affi rme que nous pre­nons « conscience d’une soli­da­ri­té glo­bale » fon­dée sur l’« uni­té du genre humain » et que, en nous appe­lant à une « res­pon­sa­bi­li­té pla­né­taire », elle sus­cite une néces­saire « réflexion éthique et poli­tique d’amplitude uni­ver­selle » (n. 1). Elle nie cepen­dant qu’un consen­sus sur des bases induc­tives puisse fon­der l’éthique de manière abso­lue, car une « éthique mini­male » rela­ti­vise les « exi­gences éthiques fortes » des reli­gions (n. 6).
De tels pro­jets manquent d’un cri­tère objec­tif, onto­lo­gique, de ce qui est juste, et par consé­quent pèchent par rela­ti­visme et posi­ti­visme (n. 7). Seule la doc­trine de la loi natu­relle peut don­ner un fon­de­ment ultime aux biens moraux. C’est donc elle que la CTI entend expo­ser et renou­ve­ler. La loi natu­relle, dit le docu­ment, éta­blie sur la nature humaine elle-même, déter­mine des normes objec­tives et sus­cite des conduites ver­tueuses ; elle s’affirme dans les ten­dances fon­da­men­tales de notre nature, en expri­mant les pré­ceptes objec­tifs et uni­ver­sels qui ins­pirent les normes morales, sociales et poli­tiques (n. 9). […]

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