Revue de réflexion politique et religieuse.

Laï­ci­té ou reli­gion nou­velle ?

Article publié le 31 Août 2009 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

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Edgar Qui­net a tenu, montre Thi­baud Col­lin dans ce court mais dense essai, un rôle majeur dans la construc­tion de la théo­rie laïque répu­bli­caine, théo­rie qui est tout entière liée à la ques­tion de la refon­da­tion de la socié­té par les révo­lu­tion­naires. Pour Qui­net, la révo­lu­tion ne par­vient pas à son objec­tif de for­ma­tion d’un nou­veau peuple parce que ses auteurs n’ont pas com­pris cette loi essen­tielle des révo­lu­tions, selon laquelle « une révo­lu­tion poli­tique dépend d’une révo­lu­tion reli­gieuse », parce que le reli­gieux est « l’origine de l’esprit ou du tem­pé­ra­ment d’un peuple ». Faute d’éradiquer la reli­gion chré­tienne, ou plu­tôt le catho­li­cisme, de l’esprit du peuple, la révo­lu­tion ne peut s’installer défi­ni­ti­ve­ment.

Mais cette éra­di­ca­tion sou­hai­tée est en réa­li­té une sub­sti­tu­tion : la reli­gion catho­lique, qui fait de la véri­té un abso­lu ensei­gné sous le mode de l’autorité et de la révé­la­tion, impo­sait la liber­té ; la répu­blique, c’est-à-dire la liber­té moderne, sup­pose non la sup­pres­sion de la reli­gion, mais le lien exis­tant entre reli­gion et véri­té, c’est-à-dire l’institution d’une reli­gion du rela­ti­visme. Et « si les reli­gions enseignent le prin­cipe de la socié­té moderne, elles se ren­versent » : à la fin poli­tique des reli­gions, cor­res­pond la nais­sance d’une nou­velle reli­gion : « l’Eglise nou­velle, celle qui ras­semble véri­ta­ble­ment, ne le fait que par l’acceptation du prin­cipe de dis­cus­sion et de ses pré­sup­po­sés », ce qui se tra­duit d’ailleurs par le fait que cette reli­gion, qui s’impose par une auto­ri­té qui doit être indis­cu­tée (et dévo­lue, comme chez Condor­cet, à l’Instruction), est en per­pé­tuelle auto-construc­tion, parce que le rela­ti­visme, comme toute ver­tu, s’apprend en se pra­ti­quant, y com­pris à l’égard de soi-même. Cette der­nière carac­té­ris­tique de la pen­sée de celui qui a très for­te­ment influen­cé Jules Fer­ry, puis les auteurs de la loi de 1905, per­met assu­ré­ment de mettre en pers­pec­tive les actua­li­sa­tions contem­po­raines de la laï­ci­té répu­bli­caine.

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