Revue de réflexion politique et religieuse.

La décom­po­si­tion du magis­tère

Article publié le 19 Juin 2015 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

L’exhor­ta­tion apos­to­lique Evan­ge­lii gau­dium du pape Fran­çois reste-t-elle un point de réfé­rence ? La réponse paraît clai­re­ment posi­tive ; elle est bien le pro­gramme qu’elle pré­ten­dait être. Sans doute pas à la manière d’une feuille de route pré­cise que le pape, et ceux qu’il man­date en cer­taines cir­cons­tances, appli­que­raient conscien­cieu­se­ment : les à‑coup de la parole papale et de ses actes ne sont pas rares, qui font dou­ter d’un plan pré­cis ou d’une pen­sée théo­lo­gique défi­nie. Cer­tains axes, pré­sents dans ce docu­ment, s’affirment tou­te­fois dans leur constance et sont autant de clefs de lec­ture de la période actuelle. Dans un pré­cé­dent tra­vail ((. Laurent Jes­tin, « Evan­ge­lii gau­dium. Une spi­ri­tua­li­té de la « sor­tie » », Catho­li­ca n. 123, Prin­temps 2014, pp. 55–70.)) , l’enracinement de la pen­sée de Jorge Mario Ber­go­glio dans celle du père Yves Congar – notam­ment son ouvrage Vraie et fausse réforme dans l’Eglise – avait été mis en évi­dence ; et der­rière lui, chez Berg­son et sa concep­tion de la vie comme élan vital sans cesse mena­cé de réi­fi­ca­tion. Dans cette pers­pec­tive, l’Eglise se doit de reve­nir tou­jours à la source de l’Evangile, comme elle se doit de ne pas lais­ser cet élan être arrê­té par des atti­tudes indi­vi­duelles ou com­mu­nau­taires qui, toutes, si contra­dic­toires pour­raient-elles être entre elles, relèvent de la mon­da­ni­té spi­ri­tuelle. Les para­graphes 94 à 97 d’Evangelii gau­dium en poin­taient un cer­tain nombre, dans une charge d’une rare dure­té. Le lec­teur pou­vait alors se poser la ques­tion du degré de sus­pi­cion que le pon­tife pou­vait avoir envers les élé­ments objec­tifs et ration­nels de la vie de l’Eglise : l’orthodoxie doc­tri­nale, les com­man­de­ments de la morale, les règles litur­giques, la dis­ci­pline ecclé­sias­tique, entre autres ce qui a trait à l’accès aux sacre­ments, car tous n’étaient envi­sa­gés, dans ces para­graphes et dans quelques autres, que sous l’angle très dépré­cia­tif d’agents para­ly­sant la vie de l’Evangile. D’autant que le regard, se por­tant vers le monde et plus encore vers les péri­phé­ries, se fai­sait d’une indul­gence sans défaut ni limite.
Des com­men­ta­teurs, inté­rieurs ou exté­rieurs à l’Eglise, ont noté cet élan, du moins son inten­tion, tra­duit par un appel à sor­tir vers les péri­phé­ries, et en louent l’ouverture à tous, la marque de joie, la pos­si­bi­li­té d’une « vraie réforme » de l’Eglise, jusque, pour cer­tains, sur des points fon­da­men­taux de la morale où la dis­tance entre l’Eglise et le monde a main­te­nant tour­né au conflit.
Dans les ana­lyses qui suivent, nous vou­drions, comme d’autres l’ont déjà fait et conti­nuent de le faire, envi­sa­ger les consé­quences sur la charge des Pas­teurs de l’Eglise de cette concep­tion de la vie ecclé­siale, ins­pi­rée de Congar, mais s’alimentant à d’autres sources, dont la théo­lo­gie du peuple ((. Les deux sources ne sont d’ailleurs pas tota­le­ment indé­pen­dantes, puisque la théo­lo­gie du peuple, comme d’autres théo­lo­gies sud-amé­ri­caines, ont subi l’influence de la Nou­velle Théo­lo­gie dont le père Congar fut une figure de proue. On ne sau­rait négli­ger, au titre des atten­dus, non pas tel­le­ment de la pen­sée ber­go­glienne, mais de la situa­tion pré­sente, la ren­contre avec la théo­lo­gie de ten­dance hégé­lienne du car­di­nal Kas­per. Alliance para­doxale d’une théo­lo­gie pra­tique aux relents anti-intel­lec­tuels et d’une autre très spé­cu­la­tive, ana­ly­sée infra avec acui­té. )) . C’est à un mou­ve­ment glo­bal de sépa­ra­tion, puis de dis­so­lu­tion, qu’on assiste, mou­ve­ment qui touche deux des trois fonc­tions et pou­voirs rela­tifs à celles-ci, les mune­ra par les­quels on spé­ci­fie cette charge des Pas­teurs : le gou­ver­ne­ment (munus regen­di), l’enseignement (munus docen­di) et la sanc­ti­fi­ca­tion (munus sanc­ti­fi­can­di) ((. On n’oubliera pas, par la suite, qu’avec les mots « gou­ver­ne­ment » et « ensei­gne­ment » on entend dési­gner chaque munus, en tant que fonc­tion et en tant que pou­voir, et non pas sim­ple­ment l’activité qui en découle.)) . On par­le­ra plus avant des deux pre­miers, et l’on s’efforcera de cla­ri­fier, dans le gou­ver­ne­ment, la dis­jonc­tion entre Pas­teurs et pas­to­rale, recon­nais­sant qu’il n’y a rien de fon­ciè­re­ment ori­gi­nal dans la situa­tion actuelle par rap­port à des théo­ries et des pra­tiques déjà en cours depuis quelques décen­nies, sinon que c’est au plus haut niveau qu’elles opèrent. Plus nou­velle paraî­tra la décom­po­si­tion qui touche l’enseignement et qui peut être for­mu­lée abrup­te­ment ain­si : l’Eglise ensei­gnante n’enseigne plus, tout en conti­nuant à par­ler. Au bout de ces deux logiques conco­mi­tantes, paral­lèles et liées entre elles, menace l’arbitraire.
* * *
La pre­mière ses­sion du synode sur la famille, en octobre 2014, offre un bon champ d’observation de ces deux mou­ve­ments. En effet, elle a vu s’affronter deux groupes de pré­lats en des dis­cours et des écrits, les uns argu­men­tés, les autres pas­sion­nés ; prises de posi­tion inau­gu­rées par le dis­cours du car­di­nal Kas­per au prin­temps de la même année, par lequel il avait amor­cé, à la demande du pape, la réflexion pré­pa­ra­toire à cette ses­sion autom­nale. Le dis­cours de Fran­çois, au terme de celle-ci, mit un coup d’arrêt bru­tal aux désac­cords affi­chés, en ce qu’il a été un acte d’autorité assu­mée – voire un acte auto­ri­taire, et ce, pour deux rai­sons prin­ci­pales : la pre­mière tient au ren­voi dos à dos de plu­sieurs atti­tudes, cinq « ten­ta­tions » ((. Elles ne sont pas sans rap­port avec les para­graphes 94 à 97 de l’exhortation apos­to­lique, dénon­çant la mon­da­ni­té spi­ri­tuelle. Quelle est la réelle force expli­ca­tive de ces caté­go­ri­sa­tions d’usage récent ? Les cir­cons­tances de leur usage font pen­cher vers une por­tée sim­ple­ment rhé­to­rique, voire une ins­tru­men­ta­li­sa­tion de la méthode igna­tienne du dis­cer­ne­ment des esprits au ser­vice d’une idée déjà éla­bo­rée ou d’un gou­ver­ne­ment ten­dant à l’arbitraire ; le pro­pos étant de reti­rer leur légi­ti­mi­té aux contra­dic­teurs. Un indice de cela est que, au niveau des per­sonnes, on assiste à des mises à l’écart selon un cri­tère très uni­la­té­ral.))  qui, en défi­ni­tive, se rap­portent peu ou prou au couple loi/miséricorde, parais­sant ain­si invi­ter à une posi­tion moyenne, à l’instar du rap­port final si on le com­pare au rap­port inter­mé­diaire et à cer­taines inter­ven­tions avant et pen­dant le synode. La seconde rai­son est la réité­ra­tion de la décla­ra­tion faite en pré­lude au synode selon laquelle les dis­cus­sions s’étaient pas­sées « cum Petro et sub Petro », ajou­tant que « le devoir du Pape est de garan­tir l’unité de l’Eglise ». Certes, disent cer­tains, il y a eu le rap­port inter­mé­diaire, mais, jus­te­ment, conti­nuent-ils, les débats francs, néces­saires et légi­times qu’il a sus­ci­tés l’ont tem­pé­ré et par là ont mis en évi­dence, mieux que jamais, que ce n’était pas la doc­trine qu’il s’agissait de chan­ger, mais une approche pas­to­rale renou­ve­lée qu’il conve­nait de mettre en œuvre.
Pas­to­ral : voi­là sans aucun doute un des vocables les plus employés et com­men­tés du demi-siècle pas­sé. Un des plus contro­ver­sés aus­si. Les approches sont nom­breuses, la lit­té­ra­ture abon­dante. Il ne s’agit pas de trai­ter ici l’ensemble de la ques­tion, mais de poin­ter un aspect assez par­ti­cu­lier, moins à la jonc­tion de la doc­trine et des pra­tiques qui s’en auto­risent, qu’au point pré­cis où le droit bute sur le refus qui lui est oppo­sé, ou sur son sup­po­sé dépas­se­ment. Pour ce faire, il nous faut nous dépla­cer du couple loi/miséricorde par lequel on veut résu­mer les posi­tions, les « ten­ta­tions », les solu­tions et les impasses, à un autre couple qui lui est corol­laire, celui de droit/pastorale ; le pre­mier se place sur le plan des idées, des doc­trines, le second envi­sage l’action des pas­teurs et des fidèles et leur régu­la­tion. Les deux plans ne sont pas indé­pen­dants, on en convient aisé­ment ; pour autant, ils sont dis­tincts et, de plus, la situa­tion actuelle pré­tend à un chan­ge­ment radi­cal sur ce plan de l’action sans que rien ne soit remis en cause dans le pre­mier plan, par­ti­cu­liè­re­ment dans la doc­trine. Accep­tons-en l’augure dans un pre­mier temps.
Por­ter son atten­tion sur le couple droit/pastorale, c’est prendre acte d’une forme de bana­li­té, d’une évi­dence mas­sive pour nombre de pas­teurs et de fidèles, de théo­lo­giens voire de cano­nistes : les deux termes sont dans un rap­port fon­cier d’opposition et l’on efforce, au mieux, de tem­pé­rer le pre­mier par le second ; car, tou­jours selon cette pers­pec­tive, le prin­cipe suprême du droit, c’est-à-dire le salut des âmes, ne reçoit son effec­ti­vi­té que de l’extérieur. C’est à une autre démarche qu’il revient d’apporter ce prin­cipe, que l’on qua­li­fie de pas­to­rale, que l’on nomme même « la pas­to­rale ».
Deux réponses doivent être appor­tées, une sur le droit cano­nique, l’autre sur cette pas­to­rale ((. Sur ces aspects, on lira avec pro­fit le texte sui­vant : Eduar­do Bau­ra, « Pas­to­rale e dirit­to nel­la Chie­sa », in Vent’anni di espe­rien­za cano­ni­ca : 1983–2003, a cura del Pon­ti­fi­cio Consi­glio per i Tes­ti Legis­la­ti­vi, Cité du Vati­can, 2003, pp. 159–180. Plus fon­da­men­ta­le­ment, bien que plus som­mai­re­ment, le dis­cours de Jean-Paul II au tri­bu­nal de la Rote romaine, le 18 jan­vier 1990, don­nait clai­re­ment le cadre de pen­sée et d’action de l’Eglise sur ce rap­port entre droit et pas­to­rale. )) . La pre­mière est en défi­ni­tive une objec­tion : la figure du droit sous-jacente n’est pas conforme à ce que l’Eglise en a tou­jours dit. Sans remon­ter trop en amont dans l’histoire, citons Pie XII qui, dans un dis­cours du 5 juin 1956, affir­mait que la fin du droit était le salut des âmes. Les tra­vaux pré­pa­ra­toires à la réforme du code de droit cano­nique, qui abou­tirent en 1983, enten­dirent appro­fon­dir cette réa­li­té et la rendre plus mani­feste. Com­ment y par­ve­nir, si ce n’est en remon­tant à l’institution de l’Eglise par le Christ, à l’ordination de toutes choses à ce salut des âmes, fidèles comme encore païennes ? Plus pré­ci­sé­ment, l’institution des pas­teurs légi­times, la charge et le pou­voir que le Chef désor­mais invi­sible de l’Eglise leur confiait, voi­là ce qui se trouve à la source – et qui régule – tant le droit que l’action pas­to­rale, tous deux étant ordon­nés au prin­cipe suprême qui a com­man­dé la mort du Christ en Croix. Et, donc, voi­là ce qui fait que le salut des âmes est un prin­cipe inté­rieur au droit de l’Eglise, et non exté­rieur. Dès lors, « il n’est pas vrai que, pour être plus pas­to­ral, le droit doive deve­nir moins juri­dique » (Jean-Paul II, dis­cours à la Rote romaine, 18 jan­vier 1990).
La seconde réponse sonne, para­doxa­le­ment, au départ, comme une ques­tion : qu’est-ce donc que la pas­to­rale ? Ce terme (dont on ne sait d’ailleurs s’il convient de le prendre sous sa forme sub­stan­ti­vée ou sim­ple­ment comme un adjec­tif qua­li­fi­ca­tif) désigne com­mu­né­ment l’ensemble des acti­vi­tés concou­rant au bien des âmes, c’est-à-dire la vie et la mis­sion sur­na­tu­relles de l’Eglise. Tou­te­fois, au regard de ce qui vient d’être rap­pe­lé, il s’agit là d’un sens large, et il existe un sens propre plus étroit, qui désigne la charge des pas­teurs. Les deux signi­fi­ca­tions sont légi­times, la seconde cepen­dant fonde la pre­mière. Disons-le autre­ment : le terme qui nous occupe ici relève prin­ci­pa­le­ment du sacre­ment de l’ordre, et dans un second temps du sacre­ment du bap­tême. Tout le Nou­veau Tes­ta­ment peut être cité à l’appui de cela. Fau­drait-il alors réser­ver le terme « pas­to­ral » à ce qui qua­li­fie l’activité propre et exclu­sive des pas­teurs ? Peut-être pas, mais la dépen­dance du sens large par rap­port au sens étroit ne sau­rait être oubliée.
La conscience de cette dépen­dance doit être d’autant plus vive et clai­re­ment affir­mée que la seconde signi­fi­ca­tion est atti­rée vers une troi­sième accep­tion du terme, dont la capa­ci­té d’attraction est forte. En ce troi­sième sens, « pas­to­ral » vise l’adaptation de la vie et de l’action de l’Eglise aux cir­cons­tances du moment, ce qui en soi ne sau­rait faire l’objet d’un reproche, mais ce qui peut tendre vers une concep­tion his­to­ri­ciste de l’activité pas­to­rale, puis de l’Eglise qui en est le sujet. Le hic et nunc, non seule­ment prend le pas sur ce qui est immuable dans la révé­la­tion et l’Eglise, mais tend à le lais­ser de côté. Sans le nier, dira-t-on ; oui… mais en lui reti­rant toute valeur effec­tive. Une des consé­quences est que toute situa­tion ou toute requête, avec laquelle l’action pas­to­rale entre en contact, se voit qua­li­fiée de réa­li­té pas­to­rale, voire d’exigence pas­to­rale. Or, la pre­mière signi­fi­ca­tion du vocable rap­pelle qu’est pas­to­ral seule­ment ce qui est ordon­né ou ce qui ordonne au salut des âmes, à la vie éter­nelle. Est-ce le cas de toute réa­li­té de ce monde ? Cer­tai­ne­ment pas, et le consi­dé­rer, c’est sou­mettre le droit à une pres­sion, au nom d’une cer­taine pas­to­rale – mais qui ne mérite plus ce qua­li­fi­ca­tif –, pres­sion à laquelle il ne peut répondre : non parce qu’il ignore le salut des âmes, mais jus­te­ment en son nom. Si les pas­teurs – ou les « agents pas­to­raux » pour reprendre une expres­sion de l’exhortation du pape Fran­çois – for­çaient en ce sens, à quoi abou­ti­rait-on si ce n’est à sub­sti­tuer à l’orthodoxie une ortho­praxie qui n’aurait pour seule base que les concep­tions per­son­nelles des indi­vi­dus, des théo­lo­giens « pas­to­raux » ou de cer­tains pas­teurs ? De là à la trom­pe­rie, à l’injustice, somme toute à l’arbitraire, le pas est-il si grand ? Ain­si, depuis de nom­breuses années, les papes suc­ces­sifs ont mis en garde – leurs dis­cours annuels à la Rote romaine en portent le témoi­gnage constant – contre une com­plai­sance dans les affaires de nul­li­té de mariage. Citons, à titre d’exemple, cet extrait d’un dis­cours que l’on a déjà men­tion­né : « L’autorité ecclé­sias­tique […] n’oublie pas le droit qu’elles [les per­sonnes] ont éga­le­ment de ne pas être trom­pées par une sen­tence de nul­li­té qui serait en contra­dic­tion avec l’existence d’un vrai mariage. […] Aus­si le juge doit-il tou­jours se gar­der du risque d’une com­pas­sion mal com­prise qui tom­be­rait dans le sen­ti­men­ta­lisme, qui ne serait pas­to­rale qu’en appa­rence. Les routes qui s’écartent de la jus­tice et de la véri­té finissent par contri­buer à éloi­gner de Dieu les per­sonnes, obte­nant un résul­tat oppo­sé à celui qu’on recher­chait en toute bonne foi. » (Jean-Paul II, dis­cours au tri­bu­nal de la Rote romaine, 18 jan­vier 1990)
Indu­bi­ta­ble­ment, la pers­pec­tive où droit et pas­to­rale sont pla­cés en oppo­si­tion est sous-jacente à des pro­po­si­tions faites récem­ment, autour ou durant le synode sur la famille, comme celle d’une sim­pli­fi­ca­tion des pro­cé­dures de nul­li­té de mariage ((. Non qu’il ne faille en soi rien modi­fier ; c’est plu­tôt le motif de cette requête qui inter­roge, car il s’agit bien ici de tem­pé­rer la loi par des « néces­si­tés pas­to­rales ». Or, « l’institutionnalisation de cet ins­tru­ment de jus­tice qu’est le pro­cès repré­sente une conquête, un pro­grès de la civi­li­sa­tion et du res­pect de la digni­té de l’homme, à laquelle l’Eglise elle-même a contri­bué d’une manière impor­tante avec le pro­cès cano­nique. Ce fai­sant, l’Eglise n’a pas renié sa mis­sion de cha­ri­té et de paix, mais a seule­ment éta­bli un moyen adé­quat pour par­ve­nir à cette consta­ta­tion de la véri­té qui est la condi­tion indis­pen­sable de la jus­tice ani­mée par la cha­ri­té, et donc aus­si de la vraie paix. » (Jean-Paul II, dis­cours au tri­bu­nal de la Rote, 18 jan­vier 1990, n. 7))) , jusqu’à éven­tuel­le­ment leur extrac­tion du cadre judi­ciaire, ou telles que la recon­nais­sance d’éléments conju­gaux et fami­liaux authen­tiques dans des unions de fait, c’est-à-dire en dehors du sacre­ment du mariage et des élé­ments de droit qui le consti­tuent et l’encadrent. Fort heu­reu­se­ment, ces pro­po­si­tions ont été édul­co­rées, voire ont dis­pa­ru, dans le rap­port final du synode. Ce qui est moins heu­reux, c’est qu’elles ont été pro­non­cées, qu’elles ont fait l’objet, pour cer­taines, de louanges ou au moins ont été recon­nues comme étant par­tie pre­nante du vaste débat syno­dal, dont le dis­cours conclu­sif de Fran­çois s’est réjoui qu’il ait eu lieu ain­si, « cum Petro et sub Petro ».
Il est vrai, se réjouir ain­si n’est pas approu­ver l’ensemble et les détails. Une impres­sion demeure tou­te­fois : le som­met de l’Eglise aujourd’hui ne se place pas, quant au rap­port droit/pastorale, dans la pers­pec­tive qui fut celle de ses pré­dé­ces­seurs, mais bien dans celle qui a été ici cri­ti­quée. […]

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