Revue de réflexion politique et religieuse.

Jeró­ni­mo Moli­na : Nada en las manos

Article publié le 9 Juin 2014 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

L’auteur est pro­fes­seur de poli­tique sociale à l’Université de Mur­cie, et dirige la revue Empre­sas polí­ti­cas ; il vient éga­le­ment de publier un nou­veau livre sur le « mythe de Carl Schmitt ». Ici cepen­dant il quitte le genre scien­ti­fique dont il a l’habitude – dis­ciple de Ray­mond Aron, Julien Freund, Dal­ma­cio Negro – pour livrer, sous forme d’un jour­nal, ses diverses lec­tures, dans un bel éclec­tisme, tan­tôt abor­dant une œuvre mar­quante, tan­tôt notant des réflexions sur des manières poli­tiques, sur tel ou tel argu­ment lu ou enten­du, etc. Le Chi­nois (antique) Han-Fei-tse, auteur d’un trai­té du gou­ver­ne­ment d’une veine ana­logue au Prince de Machia­vel, et dis­ciple de Sun-tse, émi­nent stra­tège de la ruse, retient son atten­tion et l’horrifie. « Il offre, écrit-il, le cata­logue le plus hal­lu­ci­nant de l’abjection humaine. » Cette si facile hor­reur dans laquelle tourne le pos­sé­dant du pou­voir sans autre frein que la volon­té de celui qui le pos­sède hante notre auteur. A pro­pos de la dic­ta­ture (concept com­mun à Dono­so Cor­tés et à Schmitt), il note : « Moindre mal : bien pos­sible. L’équation semble être ce qu’elle est : une pru­dente jus­ti­fi­ca­tion de la dic­ta­ture clas­sique, celle du sabre, pas celle de la dague. » Ibn Khal­dûn, dans son Auto­bio­gra­phie, jus­ti­fiait d’ailleurs de louer tant et plus les tyrans. Jeró­ni­mo Moli­na constate aus­si la féro­ci­té des enne­mis de l’Eglise et admire le lan­gage clair des papes du XIXe siècle. « A tous, en plus de les condam­ner, Rome offrit un digne trai­te­ment lit­té­raire. Si le libé­ra­lisme et le moder­nisme sont des erreurs pes­ti­fères (Gré­goire XVI, Léon XIII, Pie X et d’autres pon­tifes l’assurent), rien de com­pa­rable avec la ter­rible défi­ni­tion du com­mu­nisme de Pie IX dans l’encyclique Qui plu­ri­bus de 1846 : “le fiel du dra­gon dans la coupe de Baby­lone ” ». Ce jour­nal fait pen­ser au pro­me­neur au bord de la mer qui recueille toutes sortes de petites choses pré­cieuses au hasard de sa marche – l’auteur parle, lui, de « copeaux ». Cette petite flèche avi­sée de Ches­ter­ton, par exemple, tirée de son pre­mier livre, The Thing (1929), jugeant le Mari­tain de la Pri­mau­té du spi­ri­tuel : « La par­tie théo­lo­gique et théo­rique de son oeuvre s’est des­sé­chée avec une extra­or­di­naire rapi­di­té, et avec la même rapi­di­té le vide qu’elle a lais­sé s’est rem­pli d’autres choses. » Mal­gré le titre, ce n’est pas réel­le­ment « rien entre les mains ».

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