Revue de réflexion politique et religieuse.

Michaël Oake­shott : Du conser­va­tisme

Article publié le 25 Juin 2013 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Ce très bref ouvrage de 70 pages, com­plé­tées par une intro­duc­tion et une post­face pré­sen­tant l’œuvre du phi­lo­sophe bri­tan­nique décé­dé en 1990, consti­tue la tra­duc­tion d’une confé­rence de 1957, par laquelle il pro­po­sait une défi­ni­tion du conser­va­tisme. Se refu­sant à toute véri­table concep­tua­li­sa­tion, par refus d’un ratio­na­lisme dont il raille les limites, Oake­shott pro­pose du conser­va­tisme une défi­ni­tion scep­tique et libé­rale : est conser­va­teur celui qui ne se réfu­gie pas dans un pas­sé idéa­li­sé, ou se pro­jette dans un futur uto­pique, mais se satis­fait plei­ne­ment du temps pré­sent. Le conser­va­tisme n’est donc pas une doc­trine, mais une atti­tude ou plus encore une dis­po­si­tion intel­lec­tuelle, par laquelle celui qui en est affec­té (ou la fait sienne volon­tai­re­ment) pré­fère, en tout domaine, le fami­lier à l’inconnu. De ce fait, le conser­va­tisme prô­né par Oake­shott n’a rien à voir avec l’attachement à toute idée d’ordre, ou de nature humaine : s’il répugne au chan­ge­ment, c’est essen­tiel­le­ment par confort qu’agit le conser­va­teur. Quant au gou­ver­ne­ment, il ne sera conser­va­teur que s’il ne sort pas du rôle de régu­la­teur des pas­sions dont le déchaî­ne­ment pour­rait entraî­ner des chan­ge­ments trop bru­taux. Vu à ce prisme, le conser­va­tisme n’est donc rien d’autre que le croi­se­ment de l’esprit bour­geois et du libé­ra­lisme poli­tique.

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