Revue de réflexion politique et religieuse.

L’Amérique, modèle pour l’Europe ?

Article publié le 3 Avr 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Honnis par une droite conser­va­trice qui y voit le pro­duit d’une rébel­lion contre l’orthodoxie romaine, cri­ti­qués par une gauche qui en approuve le maté­ria­lisme mais en conteste l’application, atta­qués par un tiers-monde qui secrè­te­ment les envie, ou au contraire ouver­te­ment admi­rés par une droite adepte du libé­ra­lisme éco­no­mique comme par une Eglise qui en fait les pro­mo­teurs d’un sys­tème de coexis­tence paci­fique des reli­gions, les Etats-Unis d’Amérique sus­citent tou­jours les pas­sions mais jamais l’indifférence. Je crois qu’ils ne méritent ni l’excès d’honneur ni l’indignité que l’opinion publique leur pro­digue si géné­reu­se­ment.
S’il est une idée qui a pré­si­dé à la nais­sance comme à la matu­ra­tion des Etats-Unis d’Amérique, s’il est un prin­cipe que les Amé­ri­cains ont constam­ment pro­cla­mé vou­loir défendre et faire triom­pher, d’abord sur leur sol et ensuite sur la terre entière, une évi­dence autour de laquelle est cen­sé se cris­tal­li­ser le consen­sus de tous les citoyens, c’est bien, comme le disait Jef­fer­son, que les hommes ont été dotés par leur Créa­teur de cer­tains droits inalié­nables dont le pre­mier, après la vie, est la liber­té. Non pas cette liber­té ché­rie des révo­lu­tion­naires fran­çais, cla­mant qu’il suf­fit de rendre les hommes égaux pour qu’ils deviennent libres, mais une liber­té conçue, au contraire, comme le prin­cipe de leur éga­li­té, car, comme le pen­sait en somme Jef­fer­son, un homme libre ne peut être que l’égal d’un autre homme libre, tan­dis qu’ils peuvent être égaux dans la ser­vi­tude. C’est de la Réforme qu’est née l’Amérique, cela est une évi­dence his­to­rique, mais c’est aus­si un prin­cipe d’explication de l’histoire amé­ri­caine. Ce que les Amé­ri­cains vou­lurent dès l’origine n’est pas l’égalité, mais qu’il ne fût pas pos­sible d’imposer à un homme de croire à une idée à laquelle sa conscience ne le por­tait pas à croire. […]

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