Revue de réflexion politique et religieuse.

Réforme et conti­nui­té

Article publié le 5 Fév 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Le der­nier numé­ro de la Revue tho­miste, publiée par les domi­ni­cains de Tou­louse, est exclu­si­ve­ment consa­cré à la pre­mière par­tie des Actes d’un col­loque dont nous avions ren­du compte en son temps. La deuxième par­tie est annon­cée pour le numé­ro sui­vant.

Dans son intro­duc­tion (« L’Eglise, une et vivante »), le P. Emma­nuel Per­rier, direc­teur de la revue, rap­pelle que l’objet du col­loque découle du dis­cours pro­non­cé le 22 décembre 2005 par Benoît XVI, avec sa « juste clé de lec­ture » non seule­ment de Vati­can II mais de « l’unique sujet-Eglise » dans son ensemble. Cette intro­duc­tion apporte des remarques très inté­res­santes. Tout d’abord, le Concile n’a pas été l’occasion, mais bien l’origine du conflit entre rup­ture et conti­nui­té, et s’il en fut ain­si, ce n’est pas seule­ment parce que des clans oppo­sés s’y sont affron­tés, puisque ses textes ont été votés à une écra­sante majo­ri­té. La cause du conflit, dit le P. Per­rier, n’est pas d’abord doc­tri­nale, même dans le cas de la liber­té reli­gieuse, elle est d’abord dans la méthode, dans l’usage mas­sif de l’herméneutique opé­ré par le Concile et depuis. On peut dis­cu­ter la dis­so­cia­tion ain­si réa­li­sée entre doc­trine et méthode, dans la mesure où celle-ci consti­tue une forme de révi­sion­nisme appli­qué aux doc­trines mêmes et pas seule­ment à leur aspect, le lan­gage n’étant pas neutre, sur­tout lorsqu’il a fait l’objet d’une lente et savante éla­bo­ra­tion au cours des siècles, ou bien au contraire lorsqu’on demeure à l’intérieur d’une même aire socio­cul­tu­relle, celle par exemple de la laï­ci­té répu­bli­caine limi­tée à une petite por­tion du temps his­to­rique. Mais il faut com­prendre ce que veut dire le P. Per­rier : en pré­ten­dant se réin­ter­pré­ter elle-même, l’Eglise du Concile n’a pas direc­te­ment l’intention de pro­cla­mer quelque nou­veau dogme, mais seule­ment de se pen­ser à neuf, d’un autre point de vue que celui dont l’Eglise avait vécu depuis l’origine, ou tout au moins depuis le concile de Trente. Le résul­tat immé­diat a été de « pla­cer l’Eglise en état d’herméneutique conti­nuelle […] Pour le dire plus radi­ca­le­ment, la récep­tion du Concile a pris la forme d’une devo­tio post­mo­der­na, aus­si incroya­ble­ment répan­due qu’inconsciente, celle de l’activité her­mé­neu­tique per­pé­tuelle ». L’expression est à rete­nir pour expli­ci­ter le sens et la por­tée du qua­li­fi­ca­tif « pas­to­ral » appli­qué au Concile. […]

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