Revue de réflexion politique et religieuse.

Marie-Pau­line Des­warte : La Répu­blique orga­nique en France

Article publié le 14 Juin 2015 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Profes­seur émé­rite de droit public de l’Université d’Artois, l’auteur s’inscrit dans les pas de juristes catho­liques de for­ma­tion clas­sique, en par­ti­cu­lier du grand ana­lyste de l’Etat Mar­cel de la Bigne de Vil­le­neuve.
M.-P. Des­warte, qui entend par « orga­nique » la plu­ra­li­té ordon­née d’une socié­té, démonte métho­di­que­ment, tout au long de cet ouvrage, les contra­dic­tions inso­lubles de la trans­cen­dance imma­nente propre au mythe moderne. La Répu­blique (fran­çaise) illustre bien la dif­fi­cul­té de main­te­nir l’unité du corps qui lui est sou­mis autre­ment que par une « indi­vi­si­bi­li­té » faite d’incessantes contraintes légales nive­leuses dans leur logique propre. La par­tie construc­tive de l’ouvrage exa­mine de pos­sibles mesures réfor­mistes en même temps qu’elle fait res­sor­tir leurs inévi­tables limites (le vote fami­lial insup­por­table à l’idée d’égalité, la repré­sen­ta­tion pro­fes­sion­nelle au sein de quelque Conseil éco­no­mique et social sans indé­pen­dance ni repré­sen­ta­ti­vi­té, les modestes « Prin­cipes de la Com­mu­nau­té » de Vichy condam­nés en même temps que la révo­lu­tion natio­nale pro­mue par le régime, la réfé­rence à des droits de l’homme abu­si­ve­ment assi­mi­lés – par Mari­tain, entre autres – à l’intangible Loi natu­relle). M.-P. Des­warte remarque que dans cer­taines situa­tions, la Répu­blique a dû par­fois com­po­ser avec cer­taines formes d’organicité, notam­ment outre-mer, ou encore qu’elle a un temps sem­blé dis­po­sée à accep­ter le suf­frage fami­lial, comme en 1848. En réa­li­té, tant que les prin­cipes demeurent, il est vain d’espérer le moindre chan­ge­ment, sauf si cela est momen­ta­né­ment utile, sous le poids de la néces­si­té – face, par exemple, à l’instauration d’Etats dans l’Etat à base eth­no-reli­gieuse. La conclu­sion de l’ouvrage évoque le « retour du réel » mais reste ouverte. L’auteur évoque à titre d’exemple la nou­velle consti­tu­tion hon­groise dont l’objectif affi­ché est de recons­truire après les ruines. Une ques­tion demeure, que n’aborde pas l’auteur : la Répu­blique s’appuie, certes, sur la contrainte pour se sur­vivre, mais ne repose-t-elle pas sur­tout sur un socle humain garant de sa durée, une base sociale faite des mul­tiples réseaux d’intérêts idéo­lo­giques, finan­ciers, « dynas­tiques » même dont l’ensemble consti­tue le « petit peuple » auquel s’était inté­res­sé en son temps Augus­tin Cochin ? En ce sens alors, ne pour­rait-on pas dire que la Répu­blique est bel et bien orga­nique ?

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