Revue de réflexion politique et religieuse.

Père Michel Viot : Dieu et l’État. Signi­fi­ca­tion de la fête du Christ-Roi

Article publié le 11 Mai 2014 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

L’ouvrage, pré­fa­cé par l’évêque de Bayonne, Mgr Marc Aillet, entend mon­trer que l’enseignement de Pie XI dans son ency­clique Quas pri­mas est tou­jours actuel. Actuel, il l’est, certes, en ce sens que ce qui a été pro­cla­mé du haut de la Chaire en 1925 n’était que la reprise, à un moment don­né, d’un des dogmes les plus fon­da­men­taux et évi­dents de la foi catho­lique, et donc impos­sible à mettre sous le bois­seau : le Christ est Maître de tout, tout pou­voir lui a été don­né dans le Ciel et sur la Terre, sur tous les hommes (et pas seule­ment sur les chré­tiens !), aus­si bien dans leur vie indi­vi­duelle que dans les socié­tés qu’ils forment. Actuel en un autre sens cepen­dant, dif­fi­cile à éta­blir, à cause des choix du concile Vati­can II, qui, s’efforçant de reje­ter dans le domaine de la tech­nique ce qui relève de l’ordre poli­tique sup­po­sé­ment neutre et « auto­nome », a été conduit à scin­der la por­tée de la royau­té du Christ : la com­pre­nant, dans le temps his­to­rique, comme un règne pure­ment spi­ri­tuel, « dans les cœurs », fût-il de témoi­gnage ardent ; et au-delà de l’histoire seule­ment, comme une exten­sion uni­ver­selle du triomphe du Christ. C’est ce qu’exprime sym­bo­li­que­ment la réduc­tion de sens de la fête du Christ-Roi qu’avait ins­ti­tuée Pie XI en conclu­sion de son ency­clique, qui prend une valeur uni­que­ment spi­ri­tuelle et escha­to­lo­gique dans la litur­gie réfor­mée de 1969–70. Le P. Viot fait donc tout son pos­sible pour appli­quer ici une her­mé­neu­tique de conti­nui­té. Il est cepen­dant contraint de noter que la doc­trine expo­sée dans Quas pri­mas l’est « avec moins de fer­me­té, un peu comme si son accom­plis­se­ment par­fait repor­té à la fin des temps nous auto­ri­sait à tem­pé­rer l’ardeur qu’il aurait fal­lu mettre dans [son] appli­ca­tion immé­diate ». Il est éga­le­ment conduit à contre­dire, dans sa conclu­sion, le prin­ci­pal résul­tat pra­tique de ce chan­ge­ment, à savoir l’acceptation de la laï­ci­té de l’Etat (ou de la réduc­tion de la poli­tique à la tech­nique). « Mais après tout, écrit-il, depuis quand pareille notion est-elle dogme révé­lé de l’Eglise ? » L’effort est sin­cère, mais il se ter­mine, même sans le for­mu­ler direc­te­ment, par un inévi­table « non pos­su­mus ». Dans la situa­tion pré­sente, qui assiste à une sorte d’accréditation offi­cielle du « chris­tia­nisme faible », seul accep­table par la post­mo­der­ni­té, ce refus prend valeur de témoi­gnage cri­tique.

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