Revue de réflexion politique et religieuse.

Nicole Kou­layan et Man­sour Sayah (dir.) : Synop­ti­kos. Mélanges offerts à Domi­nique Urvoy

Article publié le 11 Mai 2014 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Il est très dif­fi­cile de trou­ver un fil conduc­teur unique dans les plus de qua­rante contri­bu­tions de ces mélanges en l’honneur du grand spé­cia­liste de la civi­li­sa­tion arabe et musul­mane qu’est Domi­nique Urvoy. A côté de sujets comme les influences de l’arabe sur la langue fran­çaise, de cha­pitres tech­niques (dont un de Marie-Thé­rèse Urvoy, sur le génie concret de la langue arabe et à l’inverse, son peu d’intérêt pour les nuances abs­traites, ce qui a notam­ment des impli­ca­tions sur le « dia­logue »), on trouve une his­toire de la ville de Bou­gie (Béjaïa) en Algé­rie, une étude sur la reliure à l’époque abbas­side, ou encore un texte sur le cen­te­naire de l’encyclique Pas­cen­di (dont seules les quelques lignes finales tentent un rat­ta­che­ment des plus for­tuits à la ques­tion isla­mique). Dans un tout autre registre, le Vicaire apos­to­lique au Koweït, Mgr Camil­lo Bal­lin, fait connaître le sort de la com­mu­nau­té chré­tienne du Sou­dan au temps de la révolte du Mah­di (1881–85), jusqu’à la prise de Khar­toum en 1898 par Lord Kit­che­ner. C’est un des rares cas, sinon unique, d’apostasie col­lec­tive de mis­sion­naires au XIXe siècle confron­tés à la per­sé­cu­tion vio­lente. D’autres reli­gieux et reli­gieuses sur­vé­curent en fai­sant comme les coptes eux aus­si pris au piège, fei­gnant l’adhésion à l’islam et vivant secrè­te­ment en chré­tiens dans l’espoir de jours meilleurs. Deux inter­ven­tions ont une por­tée poli­tique. Celle tout d’abord de Jean-Pierre Fer­rier, sur « L’introuvable diplo­ma­tie arabe et isla­mique », qui montre à quel point les régimes des peuples musul­mans sont loin de for­mer un bloc uni­taire, cela à l’encontre des sim­pli­fi­ca­tions de Hun­ting­ton et de sa guerre des civi­li­sa­tions. Ce manque d’unité interne ne signi­fie pas l’absence de com­pli­ci­té contre le reste du monde, étant don­né le devoir abso­lu pour tout vrai musul­man de mener le dji­had ; mais cela laisse place à de nom­breuses contra­dic­tions pou­vant en frei­ner le zèle. Une autre contri­bu­tion, « L’islam en France, pugi­lat ou débat ? », par Jeanne-Hélène Kal­ten­bach, s’intéresse aux « contor­sions » opé­rées par les gou­ver­ne­ments fran­çais suc­ces­sifs pour pré­tendre « enca­drer », sans le faire réel­le­ment, l’exercice du sys­tème musul­man en France métro­po­li­taine (le cas du dépar­te­ment de Mayotte étant dis­tinct et anté­rieu­re­ment réglé). L’auteur four­nit une série d’indications sur la dis­si­mu­la­tion des don­nées (elle parle de « taqiyya laïque », ce men­songe auto­ri­sé aux « croyants » musul­mans lorsque cela leur est utile dans leurs rap­ports avec les non-musul­mans ; mais ici il s’agit des gou­ver­nants fran­çais mas­quant déli­bé­ré­ment la réa­li­té à leurs conci­toyens). Il en res­sort ce que nous connais­sons : l’impossibilité de chif­frer le nombre de musul­mans, et l’extrême pri­vi­lège, tou­jours plus éten­du, dont jouit en France la reli­gion maho­mé­tane et le sys­tème social atte­nant. L’étude se limite à la France, mais elle vaut aisé­ment pour les autres pays euro­péens atteints de la même céci­té volon­taire.

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