Revue de réflexion politique et religieuse.

Hen­ri-Chris­tian Giraud : Chro­no­lo­gie d’une tra­gé­die gaul­lienne. Algé­rie : 13 mai 1958 – 5 juillet 1962

Article publié le 14 Fév 2013 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Le mot « chro­no­lo­gie » qui com­mence le titre de cet ouvrage dédi­ca­cé à Jean Brune n’est pas usur­pé, mais il pour­rait aisé­ment être rem­pla­cé par d’autres termes : tra­gé­die pla­ni­fiée, pro­ces­sus de mise à mort… Pour­tant les enchaî­ne­ments qui sont notés au jour le jour par H.-C. Giraud laissent
pen­ser que si leur res­pon­sable prin­ci­pal est incon­tes­ta­ble­ment celui qui fut le chef de l’Etat issu du coup de force orga­ni­sé par ses affi­dés dans la fou­lée du sur­saut du 13 mai, la pro­gram­ma­tion n’est pro­ba­ble­ment ni avé­rée ni sur­tout ration­nel­le­ment arrê­tée dès le départ dans ses moindres détails. Il semble que le prin­ci­pal de cette affaire ait été une sorte d’hybris affec­tant un per­son­nage se convain­quant d’avoir un rôle his­to­rique irrem­pla­çable, dési­reux de signer son second pas­sage aux affaires comme le peintre son chef d’oeuvre, tout le reste ne rele­vant que de l’empirisme, sans consi­dé­ra­tion des consé­quences humaines tota­le­ment étran­gères à sa men­ta­li­té.
Ce que l’auteur montre tout au long de cette chro­no­lo­gie, c’est que le FLN, du moins ses diri­geants vivant en Tuni­sie, après un temps de sur­prise, cap­te­ra par­fai­te­ment le sens de cette situa­tion. Cette chro­no­lo­gie gaul­lienne est en fait une suite de recu­lades : ne pas trai­ter avec le seul FLN, ne pas lâcher le Saha­ra ni Mers-el-Kébir, ne pas conclure tant que le ces­sez-le-feu n’est pas appli­qué, etc. Rien de tout cela ne sera res­pec­té, et pour en finir,
carte blanche sera don­née à l’ennemi d’hier deve­nu allié et maître d’oeuvre. Tra­gé­die ? Albert Camus (Car­nets, 5 mars 1958), cité en exergue : « Entre­tien avec de Gaulle. Comme je parle des risques de troubles si l’Algérie est per­due et en Algé­rie même de la fureur des Fran­çais d’Algérie : “La fureur fran­çaise ? J’ai 67 ans et je n’ai jamais vu un Fran­çais tuer d’autres Fran­çais. Sauf moi !” ».

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