Revue de réflexion politique et religieuse.

Iain Sin­clair : Lon­don Orbi­tal

Article publié le 10 Juil 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Les pay­sages urbains repré­sentent d’excellents révé­la­teurs de la condi­tion humaine à l’ère de la moder­ni­té tar­dive. Les formes spa­tiales résul­tant de la mon­dia­li­sa­tion, de la migra­tion des emprises com­mer­ciales depuis les centres urbains vers les zones péri­phé­riques, consti­tuent spé­cia­le­ment autour des grandes agglo­mé­ra­tions un uni­vers visuel pré­gnant, créent une atmo­sphère de ter­ri­toires for­te­ment déstruc­tu­rés par les grandes rocades auto­rou­tières. Plu­sieurs auteurs (Hen­ri-Pierre Jeu­dy, Bruce Bégout…) se sont inté­res­sés à ces trans­crip­tions phy­siques de la moder­ni­té tar­dive, ces réa­li­sa­tions visibles du sys­tème de consom­ma­tion, mais jamais aus­si sys­té­ma­ti­que­ment que ne le fait Iain Sin­clair, sur­tout d’un point de vue cri­tique et esthé­tique.
Le tra­vail de cet auteur, roman­cier anglais, est consi­dé­rable. En plus de 650 pages décou­pées en huit étapes, il livre le résul­tat de son choix subit de par­cou­rir à pied, durant plu­sieurs mois, toute la grande rocade (la M 25) contour­nant la ville de Londres, anno­tant froi­de­ment et métho­di­que­ment les uni­vers han­tés qu’il tra­ver­sait. Son roman, presque un récit de voyage, révèle de manière par­ti­cu­liè­re­ment puis­sante la tran­si­tion des villes hal­lu­ci­nées de l’ère indus­trielle (mises en poème de manière assez impres­sion­nante par le Belge Emile Verhae­ren) vers l’ère des péri­phé­ries urbaines fades, angois­sées, chaos extrême de frag­ments hété­ro­gènes de ter­ri­toires, de modes de vie, où les rési­dus qua­si fos­siles d’agriculture de la vieille ère rurale côtoient les déchet­te­ries, les lieux de la consom­ma­tion de masse (centres com­mer­ciaux), les asiles psy­chia­triques, les ter­rains vagues, les sites pol­lués, les gares de triage et les lotis­se­ments rési­den­tiels (par­fois sécu­ri­sés), bref, une pro­li­fé­ra­tion de choses, d’activités et d’individus éjec­tés, pour des rai­sons toutes dif­fé­rentes les unes des autres, des grands centres urbains. […]

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