Revue de réflexion politique et religieuse.

Le scien­tisme, menace per­ma­nente

Article publié le 4 Juil 2010 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Comment « fonc­tionne » le scien­tisme actuel ?

Ce sont tou­jours à la base les nou­veau­tés scien­ti­fiques qui font rêver, et ceci d’autant plus que chaque connais­sance nou­velle n’est pas remise en pers­pec­tive mais prise comme une véri­té abso­lue ; les hommes reli­gieux ne désa­morcent plus que rare­ment et pas à pas l’extension inac­cep­table de leur conte­nu et les cri­tiques ne sont pas ou peu reprises par les médias. A chaque pro­grès qui fait rêver, le scien­tiste nour­rit son idéo­lo­gie d’une avan­cée scien­ti­fique qu’il trans­forme en une sorte de sys­tème d’accès direct à une com­po­sante maté­rielle du para­dis sur terre, dont il pense qu’elle amé­liore tout l’homme selon une anthro­po­lo­gie du bon­heur dont il fait un pos­tu­lat qua­si reli­gieux. Il y a là une pré­oc­cu­pa­tion rejoi­gnant les aspi­ra­tions reli­gieuses clas­siques – le sens de la vie, l’origine et la des­ti­née de l’univers… – mais à cela s’ajoute une fas­ci­na­tion face à l’ampleur de ce qu’on connaît, car la science a ouvert un domaine de connais­sances bien plus large : c’est sur l’ampleur de ce domaine que l’on fonde le scien­tisme pro­po­sé à tous, mais en fait sur les mêmes prin­cipes qui ont fait le scien­tisme des Lumières. Deux phrases clés de maté­ria­li­sa­tion de l’homme carac­té­risent encore aujourd’hui l’anthropologie du scien­tisme : « L’homme est une machine dans laquelle la pen­sée est le pro­duit de ses humeurs », du méde­cin Caba­nis et « Jamais on ne com­pren­dra le fonc­tion­ne­ment de la socié­té si on ne la consi­dère pas (aus­si) comme une machine ordi­naire » de l’ancien prêtre Sieyès, la « taupe de la Révo­lu­tion » comme disait Robes­pierre.

Aujourd’hui, on pré­tend avoir « presque maî­tri­sé » les méca­nismes du vivant. En fait on n’a presque rien maî­tri­sé du tout, on connaît seule­ment un peu plus de choses qu’auparavant, ce qui indique bien l’extrême com­plexi­té de la nature et sur­tout de la vie ; celle-ci appa­raît en fait comme de plus en plus inex­tri­cable et impré­vi­sible puisque même sa base est dans la théo­rie quan­tique soli­de­ment éta­blie mais qui refuse le déter­mi­nisme des inter­ac­tions élé­men­taires. Pour­tant on se lance dans l’utopie : demain nous gué­ri­rons toute mala­die, nous connaî­trons la cause de la mort et nous en gué­ri­rons. Il y a à la racine un rai­son­ne­ment illo­gique : on tient deux posi­tions contra­dic­toires : je sou­tiens que tout est maté­riel, mais moi je ne suis pas maté­riel ! Cer­tains phi­lo­sophes, comme Jean-Pierre Dupuy, ont mis en relief ces contra­dic­tions et ces fausses logiques. On est face à une sorte de reli­gion, avec sa « foi » – une vision glo­bale du grand tout de ce que je sais (en fait bien peu de choses et un futur de moins en moins pré­dic­tible) – et une espèce d’idée sur le futur, fausse au niveau du rai­son­ne­ment, puisqu’elle oublie que la maté­ria­li­sa­tion métho­do­lo­gique de toute science humaine com­porte en soi ses propres pré­sup­po­sés indé­mon­trables. […]

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