Revue de réflexion politique et religieuse.

Numé­ro 133 : Luther le révé­la­teur

Article publié le 16 Sep 2016 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Le 31 octobre pro­chain, il est pré­vu que le pape Fran­çois se rende en Suède, à Lund, pour y mener, en com­mun avec les diri­geants de la Fédé­ra­tion luthé­rienne mon­diale, une « com­mé­mo­ra­tion œcu­mé­nique » du 500e anni­ver­saire de la rup­ture de Luther. Nous revien­drons en temps utile sur l’é­vé­ne­ment, inédit dans l’his­toire de l’É­glise, que consti­tue la célé­bra­tion d’un schisme, offi­ciel­le­ment qua­li­fiée de « Jubi­lé » par les pro­tes­tants. Sans doute cela repré­sente-t-il l’un des abou­tis­se­ments logiques d’un œcumé­nisme du « dépas­se­ment inclu­sif » des contra­dic­tions. La responsa­bilité en incombe certes au pape Fran­çois, qui a mul­ti­plié les pro­pos en ce sens, comme par exemple à Rome, le 30 octobre 2014 : « Nous péchons contre la volon­té de Dieu, parce que nous conti­nuons à nous foca­li­ser sur les dif­fé­rences. Notre bap­tême par­ta­gé est plus impor­tant que nos dif­fé­rences. Nous croyons tous dans le Père, le Fils et l’Es­prit Saint. Nous avons tous l’Es­prit Saint avec nous, qui prie en nous. » On se sou­vient aus­si de son échange au temple évan­gé­lique de Rome, le 15 novembre 2015, avec l’é­pouse luthé­rienne d’un catho­lique, l’in­ter­ro­geant sur ce qu’il pen­sait de l’im­pos­si­bi­li­té pour elle d’ac­com­pa­gner son mari à la com­mu­nion : « N’a­vons-nous pas le même bap­tême ? […] Et si nous avons le même bap­tême, nous devons che­mi­ner ensemble. […] C’est une ques­tion à laquelle cha­cun doit répondre per­son­nel­le­ment, en étant sin­cère avec lui-même. […] La vie est plus grande que les expli­ca­tions, les inter­pré­ta­tions. Faites tou­jours réfé­rence au bap­tême. Une foi, un bap­tême, un Sei­gneur ! C’est ce que nous dit Paul ; et à par­tir de là, tirez les consé­quences. Moi, je n’o­se­rais jamais vous don­ner la per­mis­sion de faire cette chose parce que ce n’est pas de ma com­pé­tence. Un bap­tême, un Sei­gneur, une foi : par­lez avec le Sei­gneur, et allez de l’a­vant. Je n’ose pas, je n’ose pas dire davan­tage. »couverture_133
Sur ce fond de sus­pen­sion du juge­ment se sont mul­ti­pliées bien d’autres décla­ra­tions com­munes, des docu­ments pré­pa­ra­toires en vue des célé­bra­tions de 2017, et de nom­breux articles théo­lo­giques, tous signi­fi­ca­tifs à des degrés divers d’une même ligne inclu­sive et révi­sionniste, tant en ce qui concerne l’his­toire que le conflit doc­tri­nal. Le car­di­nal Rein­hard Marx, pré­sident de la confé­rence épis­co­pale d’Al­le­magne, pou­vait affir­mer, début jan­vier 2015, que les catho­liques avaient beau­coup à apprendre de Luther. Un jésuite, le p. Gian­car­lo Pani, dans un article sur l’exé­gèse de l’é­pître aux Romains par Luther dans La Civil­tà cat­to­li­ca (9 jan­vier 2016) en don­ne­ra une appli­ca­tion, sou­te­nant que « la Réforme a aidé à redé­cou­vrir l’é­van­gile de Paul, elle a rame­né l’É­glise à la richesse de ses ori­gines, à la source de la révé­la­tion ». Il ajoute que tout comme saint Paul avait, selon lui, « repen­sé le mes­sage du Christ pour le refor­mu­ler dans le lan­gage et la men­ta­li­té de son temps », Luther avait pui­sé dans les pas­sages de l’é­pître aux Romains concer­nant la foi, les œuvres et la jus­ti­fi­ca­tion matière à deve­nir « le maître et le pré­cur­seur de ceux qui veulent repen­ser l’an­nonce évan­gé­lique pour le monde moderne ».

Par­mi les mul­tiples publi­ca­tions du même genre, la confé­rence épis­co­pale d’Al­le­magne a publié le 20 juillet der­nier un recueil de plus de deux cents pages sur « la Réforme dans une pers­pec­tive œcumé­nique », dans l’in­tro­duc­tion duquel Luther est qua­li­fié de « témoin de l’é­van­gile, maître de la foi et pro­phète d’un renou­veau spi­ri­tuel » (Zeu­gen des Evan­ge­liums, […] Leh­rer im Glau­ben und Rufer zur geist­li­chen Erneue­rung). De telles appré­cia­tions sont deve­nues banales aus­si bien dans la bouche de nom­breux res­pon­sables ecclé­sias­tiques que dans les maga­zines des­ti­nés aux lec­teurs catho­liques. C’est au point que les res­tric­tions éma­ne­raient plu­tôt du côté pro­tes­tant, en par­ti­cu­lier en rai­son de la gêne occa­sion­née par les pro­pos très anti­sémites de Luther, ses excès de lan­gage peu édi­fiants et ses appels à la répres­sion sociale.

Fina­le­ment, dans ce pro­ces­sus sup­po­sé de mise à jour, Vati­can II est com­mu­né­ment pré­sen­té comme une clé déci­sive, en pre­mier lieu pour mettre à l’hon­neur le prin­cipe du « dia­logue » œcu­mé­nique, avec son pré­sup­po­sé d’une com­mune culpa­bi­li­té dans la respon­sabilité de la rup­ture, désor­mais adop­té en lieu com­mun, comme cela est bien clair dans le pré­am­bule du rap­port Du conflit à la com­mu­nion publié en 2013 par la Com­mis­sion luthé­ro-catho­lique romaine sur l’u­ni­té, qui est le texte de base ser­vant à la commémo­ration de 2017 ; en second lieu, pour indi­quer com­ment grâce au « renou­veau évident de la théo­lo­gie catho­lique au Concile Vati­can II, les catho­liques d’au­jourd’­hui peuvent appré­cier le sou­ci de réforme de Mar­tin Luther, et le consi­dé­rer de façon plus ouverte qu’aupa­ravant » (ibid., 28). Par­mi les exemples four­nis vient celui de la messe et de sa rela­tion au sacri­fice de la Croix. Il est indi­qué qu’à l’é­poque du concile de Trente régnait dans l’É­glise « la perte d’un concept glo­bal de com­mé­mo­ra­tion, [..] un manque de caté­go­ries adé­quates pour expri­mer le carac­tère sacri­fi­ciel de l’eu­cha­ris­tie ». « Il fal­lut le renou­veau de la théo­lo­gie sacra­men­telle et litur­gique du concile Vati­can II pour revi­ta­li­ser le concept de com­mé­mo­ra­tion (anam­ne­sis) » (ibid., 151) per­met­tant, au dire du rap­port, de mieux sai­sir les dif­fé­rentes manières de « faire mémoire » du sacri­fice rédemp­teur. Il est sin­gu­lier que soit cité à l’ap­pui le pas­sage de la Pré­sen­ta­tion géné­rale du nou­veau rite de la messe publiée en 1969, celui-là même que Paul VI dut modi­fier l’an­née sui­vante en rai­son de ses graves ambi­guï­tés.

Toutes ces démarches sont mues par une même dis­ci­pline opéra­toire, for­mu­lée en son temps par Jean XXIII : « Ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous divise. » Le risque de tout pos­tu­lat de ce genre est de conduire à un révi­sion­nisme his­to­rique biai­sé (ren­voi dos à dos des res­pon­sa­bi­li­tés, dans un cli­mat de « repen­tance » char­geant un pas­sé cen­sé heu­reu­se­ment révo­lu grâce à un pro­grès de com­pré­hen­sion auto­cé­lé­bré) accom­pa­gné de tran­sac­tions doc­tri­nales par ailleurs sans garan­tie de valeur défi­ni­tive.

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S’il est bien natu­rel de cher­cher à com­prendre Luther en concen­trant l’at­ten­tion sur sa per­son­na­li­té, son angoisse radi­cale et sa manière de la sur­mon­ter, son apti­tude à mou­voir les esprits, sa doc­trine enfin, il n’est pas moins néces­saire de le consi­dé­rer dans les rap­ports fonc­tionnels avec son époque.

La révolte de Luther a été sans aucun doute un acte per­son­nel. Mais elle a aus­si été le terme bru­tal d’un chan­ge­ment d’en­semble de la socié­té et de ses élites, chan­ge­ment qui avait lon­gue­ment mûri avant ce pas déci­sif. Aus­si ne sau­rait-on iso­ler le fait per­son­nel — mal­gré sa poten­tia­li­té sub­ver­sive — et don­ner une ampleur déme­su­rée à l’at­titude d’un reli­gieux affec­té de défauts dif­fi­ciles à tenir dans l’ombre, d’un théo­lo­gien tri­bu­taire de l’hé­ri­tage phi­lo­so­phique de la sco­las­tique déca­dente. Car cet homme est arri­vé à un moment clé de l’his­toire occi­den­tale. Luther s’est ins­crit dans une évo­lu­tion à la fois intellec­tuelle et sociale dont les élé­ments étaient ras­sem­blés depuis long­temps déjà et a su expri­mer, ou même sim­ple­ment mani­fes­ter les aspi­ra­tions latentes de nom­breuses puis­sances désta­bi­li­sa­trices en mal de chan­ge­ment radi­cal, poli­tiques et éco­no­miques en par­ti­cu­lier. En ce sens, Luther illustre d’a­vance ce que Hegel a pu écrire dans La Rai­son dans l’His­toire, peut-être d’ailleurs en pen­sant à lui, sur le rôle de cer­tains « indi­vi­dus his­to­riques » : « […] nous voyons qu’ils ont eu le bon­heur d’être les agents d’un but qui consti­tue une étape dans la marche pro­gres­sive de l’Es­prit uni­ver­sel ».

Le phé­no­mène luthé­rien rele­vait de la dis­ci­pline reli­gieuse, de la doc­trine et de son inter­pré­ta­tion, mais à l’ar­rière-plan il était en effet étroi­te­ment lié à un uni­vers de chré­tien­té en manque d’authen­tique réforme, mais dont il pré­ci­pi­ta la décom­po­si­tion. La ques­tion dog­ma­tique de la Réforme doit évi­dem­ment être abor­dée, mais elle ne sau­rait être elle-même sépa­rée de ces aspects tem­po­rels. Le lien de réci­pro­ci­té entre les deux domaines est criant : la rup­ture dog­ma­tique n’a pas seule­ment eu des retom­bées dans tous les sec­teurs de la vie sociale, elle a impli­qué un chan­ge­ment dans la manière d’être dans le monde. Deux écueils sont donc à évi­ter : l’un ne voyant dans la révolte luthé­rienne qu’une affaire reli­gieuse dont les aspects sociaux devraient être consi­dé­rés comme for­tuits ou bien rele­vant de fac­teurs conco­mi­tants mais dis­tincts, et l’autre, jus­te­ment à cause de l’im­portance consi­dé­rable du chan­ge­ment dans l’or­ga­ni­sa­tion géné­rale de la socié­té, ne voyant dans cette même révolte indi­vi­duelle d’un moine qu’un épi­phé­no­mène de l’é­vo­lu­tion géné­rale de la suc­ces­sion his­to­rique des évé­ne­ments, sans prê­ter outre mesure atten­tion à ses aspects théo­lo­giques. Dans la réa­li­té, his­toire et dogme sont soli­daires.

Ce lien est peut-être ce qui donne réponse aux inter­ro­ga­tions sur les rai­sons d’une réha­bi­li­ta­tion aus­si éton­nante que celle qui est atten­due. Certes, celle-ci s’ins­crit dans le pro­ces­sus de l’œ­cu­mé­nisme tel que le concile Vati­can II l’a offi­cia­li­sé et tel qu’il s’est déve­lop­pé ensuite sur cet appui. Il s’a­git en quelque sorte pour ce mou­ve­ment de pour­suivre son déve­lop­pe­ment auto­nome et donc de fran­chir des étapes nou­velles dans la pra­tique comme dans la théo­rie, au risque de som­brer dans l’in­con­sis­tance. Et cela trouve dans le moment pré­sent une occa­sion très favo­rable, du fait du retour en force de l’es­prit du concile depuis l’a­vè­ne­ment de Jorge Mario Ber­go­glio, pri­vi­lé­giant le plu­ra­lisme, la réduc­tion des exi­gences de fidé­li­té doc­tri­nale au pro­fit d’une vision évo­lu­tion­niste et dif­fé­ren­tia­liste du dogme.

Dans la situa­tion pré­sente, la fidé­li­té dog­ma­tique est en effet mini­misée, et ceux qui la consi­dèrent comme impor­tante se voient écar­tés avec mépris comme des arrié­rés, des pha­ri­siens atta­chés à la lettre et non à l’es­prit, etc., tout cela par le pape Fran­çois en per­sonne, ora­le­ment et dans ses écrits publics les plus impor­tants. Au-delà des traits de carac­tère ou autres rai­sons d’ordre per­son­nel, il est pos­sible de retrou­ver dans ces dis­cours et atti­tudes les traces d’un état d’es­prit qui a lar­ge­ment mar­qué depuis long­temps une par­tie du cler­gé contem­po­rain, expri­mant un cer­tain aga­ce­ment devant l’exi­gence d’une fidé­li­té stricte aux élé­ments fon­da­men­taux de la doc­trine chré­tienne, sou­vent jugés « com­pli­qués », au pro­fit de la recherche d’ar­ran­ge­ments, de possibi­lités pra­tiques d’en­tente et de recom­po­si­tions oppor­tunes, notam­ment dans l’in­ten­tion sou­vent avouée d’é­vi­ter un rejet de la part du monde envi­ron­nant. Ces réac­tions prennent aisé­ment appui sur un défi­cit des exi­gences théo­lo­giques, du res­pect pour la parole de Dieu jus­qu’au plus petit trait (Mt 5, 18), et sur une manière de confondre les articles de foi avec des pres­crip­tions légales. L’an­ti-intel­lec­tua­lisme devient alors aisé­ment un anti­dog­ma­tisme carac­té­ri­sé. Pour cer­tains il s’a­git de posi­tions idéo­lo­giques cohé­rentes avec une com­pré­hen­sion de la « Tra­di­tion vivante » dans un sens trans­for­miste : beau­coup sont très expli­cites sur ce sujet, Wal­ter Kas­per par exemple, l’un des prin­cipaux contri­bu­teurs à la réha­bi­li­ta­tion de Luther. (Cf. notam­ment son dis­cours à l’U­nes­co du 4 mai 2010, « Pen­ser la tra­di­tion chré­tienne aujourd’­hui », RSR 2010–3, pp. 29–345. Le car­di­nal était alors pré­sident du Conseil pon­ti­fi­cal pour la pro­mo­tion de l’u­ni­té chré­tienne.)

D’autre part, et là notam­ment appa­raît la connexion entre dogme et his­toire, le cli­mat d’en­semble de l’é­poque moderne tar­dive est notoi­rement rela­ti­viste, et il pèse for­te­ment sur les catho­liques : les réfé­rences se brouillent dans les désordres du monde, et ces désordres mêmes concluent aujourd’­hui une longue pré­pa­ra­tion de la pen­sée moderne, sub­jec­ti­viste, ouverte au plu­ra­lisme des opi­nions, hos­tiles à l’au­to­ri­té au nom de la liber­té de pen­sée, et par ailleurs igno­rante, et glo­rieuse de son igno­rance, dans des matières consi­dé­rées comme tout juste bonnes à rete­nir l’in­té­rêt de quelques cou­peurs de che­veux en quatre. Vue ain­si, la célé­bra­tion com­mune entre catho­liques et luthé­riens telle qu’elle se pré­pare paraît à la fois natu­relle et conforme à l’es­prit du temps, pour peu que puissent tom­ber les bar­rières mineures d’ordre socio­lo­gique.

Mar­got Kass­mann, ancienne pré­si­dente de l’É­glise luthé­rienne évan­gé­lique d’Al­le­magne et actuelle « ambas­sa­drice » de la Fédé­ra­tion luthé­rienne mon­diale pour le « Jubi­lé » de la Réforme, a résu­mé la manière sui­vante les valeurs propres à la plu­part des pro­tes­tants actuels : « plu­ra­lisme, œcu­mé­nisme, dia­logue entre les reli­gions, rôle des femmes, dépas­se­ment des divi­sions, ins­truc­tion, et liber­té ». Or cette liste bien banale, elle la met en rela­tion avec les prin­cipes légués par Luther : « Pour Luther, il était impor­tant que tout homme et toute femme puisse pro­fes­ser de manière auto­nome sa foi et com­prenne de manière auto­nome ce en quoi il croit » (Synode évan­gé­lique réfor­mé de Zurich, novembre 2015).

La conver­gence est d’au­tant plus facile que se trouvent donc par­ta­gées les « valeurs » domi­nantes, et que celles-ci se voient rat­ta­chées aux intui­tions de Luther — ne serait-ce que comme loin­taines et logiques consé­quences. Ce n’est donc pas un hasard si ce « dénoue­ment » inter­vient main­te­nant. Bien au contraire, de même que Luther a été le porte-parole incons­cient d’une époque, de même le demeure-t-il d’une Église qui, dans le prin­cipe avec Vati­can II, a intro­duit cer­taines pos­si­bi­li­tés d’ou­verture au monde, et qui, par des voies incer­taines, connaît aujourd’­hui une nou­velle vague d’adhé­sion plus claire aux valeurs de la contem­po­ra­néi­té, tant d’un point de vue théo­rique (par cano­ni­sa­tion de ce qui existe, en tant que mani­fes­ta­tion de l’es­prit du temps) qu’aux princi­pales requêtes de Luther, celles mêmes qui l’a­vaient fait condam­ner ou qu’il por­tait en lui comme les prin­cipes d’un fon­da­men­tal « tour­nant anthro­po­lo­gique ». À savoir le pri­mat de la conscience, la défi­ni­tion de la foi comme ce que l’on retient être ce que Dieu nous révèle à tra­vers l’in­tel­li­gence directe que l’on a de sa Parole, que ce soit (à l’é­poque de Luther) à tra­vers les Écri­tures, ou bien à tra­vers les « signes des temps » que l’on pré­tend dis­cer­ner dans l’ac­tua­li­té. De sorte que Luther était à son époque un révé­la­teur de bien des aspi­ra­tions, et qu’il peut le demeu­rer aujourd’­hui, quoique d’une autre manière.

 

Le dos­sier que nous pré­sen­tons dans les pages qui suivent aborde quelques aspects seule­ment du chan­ge­ment intro­duit par la rup­ture de Luther dans le domaine théo­lo­gi­co-poli­tique. Nous enten­dons ici l’ex­pres­sion dans le sens où Prou­dhon et Dono­so Cor­tés ont sou­li­gné l’in­ter­re­la­tion néces­saire entre poli­tique et théo­lo­gie et la dépen­dance de la pre­mière envers la seconde.

Ce dos­sier est com­po­sé de deux séries de contri­bu­tions. Les deux pre­mières (Miguel Ayu­so, Gilles Dumont) reprennent des confé­rences effec­tuées lors d’un col­loque inter­na­tio­nal réuni à l’U­ni­ver­si­té Ana­huac Norte (Mexi­co) les 27, 28 et 29 avril 2016, co-orga­ni­sé par les Jour­nées his­pa­niques de droit natu­rel et l’As­so­cia­tion mexi­caine des juristes catho­liques, autour du thème « Les consé­quences poli­ti­co-juri­diques du pro­tes­tan­tisme. À 500 ans de Luther ». Les Actes de ce col­loque paraî­tront bien­tôt aux édi­tions Mar­cial Pons (Madrid).

Du pre­mier texte que nous publions, celui de Miguel Ayu­so, nous n’of­frons que la tra­duc­tion des prin­ci­paux extraits, en rai­son de sa grande den­si­té ; le texte sui­vant (Gilles Dumont) est quant à lui don­né dans sa ver­sion inté­grale. Ensuite viennent deux autres contri­bu­tions, celle de Tho­mas Stark sur la théo­lo­gie de Luther comme tri­bu­taire de la phi­lo­so­phie sco­las­tique déca­dente et comme source loin­taine de la pen­sée hégé­lienne ; celle de Claude Polin, enfin, cen­trée sur la com­pa­rai­son entre la poli­tique de Luther et celle de Cal­vin.

Nous revien­drons ulté­rieu­re­ment sur d’autres sujets ayant un lien avec ce 500e anni­ver­saire des thèses de Wit­tem­berg.

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