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Louis Ber­trand : Saint Augus­tin

Réédi­tion d’une belle bio­gra­phie (publiée en 1913) de l’évêque afri­cain et Père de l’Eglise d’Occident. « Le visage hié­ra­tique du vieil évêque s’anime, devient étran­ge­ment vivant, presque moderne d’expression », indique dans son pro­logue l’académicien Louis Ber­trand qui, tout au long des pages, ne cesse de décrire l’atmosphère et le contexte dans lequel vit Augus­tin, fai­sant revivre les villes qu’il tra­verse, les pas­sions, les états d’âme, la quête de la Beau­té et de Dieu, accor­dant tou­jours une large place à ce qui entoure le (futur) saint, qu’il s’agisse des cou­tumes, des lieux, du cli­mat, des per­sonnes. Tha­gaste, Madaure, Car­thage, Ostie, villes mar­quées par le génie construc­teur des Romains, mais aus­si par les fêtes et cou­tumes païennes et ayant cha­cune leur spé­ci­fi­ci­té. Rome l’orgueilleuse, emplie d’or et de sta­tues, où règne une débauche extra­or­di­naire, Milan où il ren­contre saint Ambroise… On y suit en par­ti­cu­lier son che­mi­ne­ment vers la conver­sion, sous l’œil loin­tain et si proche de sa mère sainte Monique. « A mesure qu’il se rap­proche du but, Augus­tin semble au contraire s’en éloi­gner. Telles sont les démarches secrètes du Dieu qui prend les âmes comme un voleur : il fond sur elle, à l’improviste. Jusqu’à la veille du jour où le Christ vien­dra le prendre, Augus­tin est obsé­dé par le monde et le sou­ci d’y être en bonne place » (p. 182). Nous par­ve­nons enfin à Hip­pone : « Essayons de voir Augus­tin dans sa chaire et dans sa ville épis­co­pale […] Ecou­tons-le dans cette basi­lique de la Paix où pen­dant trente-cinq ans il n’a pas ces­sé d’annoncer la parole de Dieu. Le chant des psaumes vient d’expirer. A l’extrémité de l’abside, de son siège ados­sé au mur, Augus­tin se lève. […] D’avance l’auditoire est fré­mis­sant de sym­pa­thie et de curio­si­té. De toute sa foi, de toute sa pas­sion, il col­la­bore avec l’orateur. Il est tur­bu­lent aus­si. » (p. 285–286). Louis Ber­trand sou­ligne en par­ti­cu­lier le carac­tère et la dou­ceur du saint. Celui qui aurait bien vou­lu pas­ser sa vie dans l’étude de l’écriture et la médi­ta­tion des dogmes caté­chise, bap­tise, dis­cute avec ceux qui menacent le chris­tia­nisme, repre­nant les démons­tra­tions inter­mi­nables sans relâche et tou­jours avec une extrême cha­ri­té du moment que la véri­té est en jeu : Augus­tin « n’est pas seule­ment le plus humain de tous les saints, c’est aus­si l’un des plus aimables, dans tous les sens de ce mot bana­li­sé – aimable selon le monde, aimable selon le Christ ». Aper­çu suc­cinct d’un ouvrage de qua­li­té qui mérite vive­ment d’être lu.