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Lec­tures : Un des­tin accom­pli

La paru­tion cette année de deux livres, l’un de la main de la fille de Louis XVI, et l’autre sur la vie de cette prin­cesse, par Hélène Bec­quet, contri­bue gran­de­ment à l’histoire vraie de cette période, déli­vrée d’une ver­sion impo­sée qui enchaîne les esprits quand elle ne les vide pas de leur capa­ci­té de réflexion ((. Marie-Thé­rèse Char­lotte de France, Der­niers jours à la pri­son du Temple, Pré­face de Louis de Bour­bon, Edi­tions Jacob Duver­net, jan­vier 2012, 152 p., 16,90 € ; Hélène Bec­quet, Marie-Thé­rèse de France, Per­rin, février 2012, 414 p., 24 €.)) .
Le Mémoire écrit par Marie-Thé­rèse de France com­mence par cette phrase laco­nique : « Le Roi mon père arri­va au Temple avec sa famille le 13 août 1792 à sept heures du soir. » Madame Royale, fille du roi Louis XVI, écri­vit ce Mémoire pen­dant les der­niers mois de son enfer­me­ment à la tour fati­dique. Ces trois années de cap­ti­vi­té virent l’intensification des humi­lia­tions et de l’inhumanité.
C’est une quin­zaine de per­sonnes qui est ame­née au Temple avec la famille du Roi. Des gardes muni­ci­paux sont pla­cés chez le Roi et la Reine. Le 19 août, un arrê­té de la Com­mune appor­té à une heure du matin ordonne que toutes les per­sonnes qui ne sont pas de la famille royale soient emme­nées à la pri­son de La Force.
La famille royale pas­sait ses jour­nées réunie. Pour la san­té du Dau­phin âgé de sept ans, ils se pro­me­naient tous chaque jour dans le jar­din du Temple. Marie-Thé­rèse note que son père était presque tou­jours insul­té par la garde et le jour de la saint Louis, on chan­ta « Ça ira » auprès du Temple. Louis XVI n’était plus trai­té en roi, on l’appelait mon­sieur, ou Louis, on ne se décou­vrait pas devant lui. Un cer­tain Rocher, porte-clefs, chan­tait la Car­ma­gnole et autres chan­sons. Il souf­flait la fumée de sa pipe dans le visage du Roi qui lui par­don­nait. Le 19 août, La Fayette quitte la France. Le 2 sep­tembre, Ver­dun capi­tule, les mas­sacres de sep­tembre com­mencent dans les pri­sons. Le len­de­main, les reclus entendent des cris affreux. Au Roi qui demande ce qui se passe, un offi­cier répond : « Eh bien, Mon­sieur, si vous vou­lez le savoir, c’est la tête de Madame de Lam­balle qu’on veut vous mon­trer ». Six des assas­sins pas­sèrent plu­sieurs fois devant les fenêtres de la Tour avec la tête au bout d’une pique. La famille royale apprit plus tard que les mas­sacres avaient duré trois jours. Il se trou­vait par­fois des muni­ci­paux qui adou­cis­saient le sort des pri­son­niers en mon­trant au Roi de la sen­si­bi­li­té. « Je crois qu’ils sont morts », ajoute la prin­cesse. Les jour­naux leur sont reti­rés. On les insulte et les menace de mort si les enne­mis approchent, même le dau­phin « puisqu’il est né d’un tyran ». […]