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Expo­si­tion : Armée, célé­bra­tion et culpa­bi­li­té

Sous le titre géné­ral « La France en Algé­rie 1830–1962 », le Musée de l’Armée, à Paris, offre jusqu’au 29 juillet 2012 une expo­si­tion qui a pour ambi­tion de pré­sen­ter de façon dépas­sion­née cette « page de l’histoire mili­taire de notre pays ». Dans un sou­ci péda­go­gique louable, elle s’appuie pour ce faire sur l’oeuvre de Jacques Fer­ran­dez, auteur d’une bande des­si­née sur ce sujet inti­tu­lée Car­nets d’Orient, publiée par les édi­tions Cas­ter­man. Pour autant, l’essentiel est ailleurs, dans un cer­tain nombre d’objets, de tableaux ou de docu­ments pro­ve­nant de divers fonds, et, sur­tout, dans de nom­breux pan­neaux expli­ca­tifs rédi­gés (avec une tra­duc­tion en anglais et en arabe) et des films d’archives ou des entre­tiens réa­li­sés pour l’occasion avec des « per­son­na­li­tés qua­li­fiées ».
C’est une expo­si­tion agréable à visi­ter, à laquelle on peut sans dif­fi­cul­té consa­crer deux bonnes heures et qui per­met de voir de très beaux objets (pein­tures d’Horace Ver­net ou de Chas­sé­riau, sabre d’Abd-el-Kader, etc.) ou des docu­ments d’archives dif­fi­ci­le­ment acces­sibles, comme cer­tains films de l’ECPAD ou de l’INA. Au total, les objets et les docu­ments pré­sen­tés n’ont pas voca­tion à par­ler par eux-mêmes, mais ils sont mis au ser­vice d’un « pro­jet muséal para­dig­ma­tique », pour reprendre les termes du direc­teur adjoint de cette ins­ti­tu­tion, c’est-à-dire, plus sim­ple­ment, d’un ordon­nan­ce­ment de l’histoire, voire d’une inter­pré­ta­tion de son sens. Sur un tel sujet, et en un tel lieu, le pari était certes har­di : comme le recon­naît le com­mis­saire de l’exposition, le lieu­te­nant-colo­nel Ber­trand, il s’agit d’un « sujet majeur, grave, pas­sion­nel et polé­mique ». Si l’on en juge par l’accueil de la cri­tique (comme par exemple le dos­sier louan­geur sans res­tric­tions appa­rentes qu’y a consa­cré le Figa­ro Maga­zine), l’objectif est atteint.
Ces réac­tions una­ni­me­ment bien­veillantes et, plus encore, que le Musée de l’armée soit l’organisateur et le pro­mo­teur d’une telle expo­si­tion, ne peuvent que lais­ser pan­tois devant l’étendue du désar­me­ment moral et la perte de tout esprit cri­tique. Ne serait-ce qu’à ce titre, elle mérite d’être vue pour y admi­rer les méthodes insi­dieuses déployées pour déni­grer notre his­toire natio­nale, nos gou­ver­ne­ments et notre armée, der­rière une pré­ten­due objec­ti­vi­té. […]