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Lec­ture : Un homme une femme au Para­dis

Jean Borel­la, s’appuyant sur sa connais­sance tant des Pères que des langues anciennes, de la dog­ma­tique et de la phi­lo­so­phie, rom­pu à l’étude des sym­boles par le labeur de toute une vie, nous invite, en sept médi­ta­tions, à entrer, pas à pas sous la conduite du guide patient et sûr dont il est un modèle, dans l’intelligence du mes­sage sublime que livre le tout pre­mier « com­men­ce­ment » de la Bible (« Au com­men­ce­ment… ») sur la véri­té de l’homme et sa place dans l’univers, sur la signi­fi­ca­tion de la dif­fé­ren­cia­tion sexuelle ((. J. Borel­la, Un homme une femme au Para­dis. Sept médi­ta­tions sur le deuxième cha­pitre de la Genèse, Ad Solem, 2008, 240 p., 25 €.)) . Les deux pre­miers cha­pitres du livre de la Genèse ont fait l’objet, tant dans le judaïsme que dans la lit­té­ra­ture chré­tienne, de com­men­taires qui rem­pli­raient sans doute des biblio­thèques entières. Pou­vons-nous affir­mer pour autant qu’à ce jour tant de gloses ont fait droit, non bien sûr à un conte­nu for­cé­ment inépui­sable, mais rien qu’à son noyau doc­tri­nal ? Aus­si auto­ri­sé et génial exé­gète que soit un saint Gré­goire de Nysse, et pro­fond théo­lo­gien, ou un saint Augus­tin, il faut bien recon­naître que ni l’un ni l’autre ne se sont pen­chés sur la signi­fi­ca­tion théo­lo­gique du couple pri­mi­tif telle qu’elle res­sort du texte sacré. A l’autre extré­mi­té de la recherche scrip­tu­raire, les com­men­ta­teurs ont déployé une science impres­sion­nante autour du texte sacré, mais pour n’accorder à son conte­nu même que peu de cré­dit quant à sa cohé­rence, son har­mo­nie, sa per­ti­nence et sa déter­mi­na­tion. On vise ici, bien enten­du, l’école, ou plu­tôt les dif­fé­rentes écoles his­to­ri­co-cri­tiques qui ont don­né le la et le donnent encore sou­vent en matière d’exégèse avec de lourdes consé­quences en dog­ma­tique.
A côté d’un pareil cou­rant qui fut de plus en plus domi­nant depuis l’époque de l’humanisme, nous avons vu appa­raître à date plus récente des écoles de pen­sée qui, tout en tenant compte des pro­grès des sciences posi­tives, s’attachent à la sub­stance du texte ins­pi­ré plu­tôt qu’à ses condi­tion­ne­ments, les­quels risquent tou­jours de limi­ter extrê­me­ment le champ d’investigation du fait des pré­sup­po­sés inévi­tables de toute science posi­tive qui paye ain­si de l’exiguïté de son objet propre le carac­tère diri­mant de ses ver­dicts, la qua­li­té apo­dic­tique de ses asser­tions. […]