Revue de réflexion politique et religieuse.

La guerre entre uto­pie paci­fiste et Real­po­li­tik

Article publié le 29 Oct 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Les conflits actuels nous ramènent en per­ma­nence vers un fait évident : la ques­tion de la guerre se trouve néces­sai­re­ment au coeur de tout sys­tème de rela­tions inter­na­tio­nales. La récente publi­ca­tion de deux essais de Carl Schmitt (1888–1985) ((. Carl Schmitt, Guerre dis­cri­mi­na­toire et Logique des grands espaces, Kri­sis, 2011, 289 p., 25 €. Pré­face de Dani­lo Zolo, notes et com­men­taires de Gün­ter Maschke. Tra­duc­tion de l’allemand par Fran­çois Pon­cet.))  vient oppor­tu­né­ment ali­men­ter la réflexion sur ce sujet ; les textes béné­fi­cient d’une intro­duc­tion par Dani­lo Zolo, pro­fes­seur de phi­lo­so­phie du droit connu pour son gau­chisme anti-inter­ven­tion­niste ; de riches anno­ta­tions par Gün­ter Maschke, héri­tier spi­ri­tuel de Schmitt, apportent d’appréciables com­plé­ments.
Ces deux essais sont signés. Sans être un maître – loin s’en faut – Carl Schmitt est un grand intel­lec­tuel conser­va­teur au style dense, par­fai­te­ment à l’aise dans l’abstraction, et qui impres­sionne par sa capa­ci­té à iden­ti­fier les consé­quences pra­tiques que telle théo­ri­sa­tion boi­teuse impli­que­ra tôt ou tard.
Ces deux essais sont éga­le­ment datés et situés. Ils remontent à 1937–1942. Typiques d’un cer­tain entre-deux-guerres, ils illus­trent ce que put être une inté­rio­ri­sa­tion alle­mande du pre­mier conflit mon­dial, du trai­té de Ver­sailles, de l’occupation de la Ruhr, des pas-de-deux état­su­niens entre iso­la­tion­nisme et uni­ver­sa­lisme, des ater­moyants efforts de la Socié­té des Nations (SdN), du pacte Briand-Kel­logg (1928–1929) qui décla­rait la guerre hors la loi, de la conquête ita­lienne de l’Abyssinie, etc. Là où nous sou­li­gne­rions volon­tiers que, par sou­ci de limi­ter un cer­tain ascen­dant fran­çais, la Grande-Bre­tagne s’est sou­vent trom­pée de poli­tique étran­gère entre 1918 et 1939, Schmitt ne retient ain­si que le ver­sant anti-alle­mand de la poli­tique inter­na­tio­nale, ce qui est au moins injuste. […]

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