Revue de réflexion politique et religieuse.

Route com­mune vers l’E­tat mon­dial ?

Article publié le 5 Fév 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

L’attente d’un super-Etat mon­dial nour­rit les uto­pies au même titre que le rêve d’édifier la Cité par­faite. Par contre­coup, les anti-uto­pies lit­té­raires annoncent un monde futur dans des termes qui paraissent exa­gé­rés et ter­ri­fiants au moment où elles sont écrites, mais au fur et à mesure jugés clair­voyants sous quelques rap­ports : ain­si par exemple Nous autres, d’Evgueni Zamia­tine (1920), avec son « Etat unique » qui apporte le bon­heur, Le meilleur des mondes, d’Aldous Hux­ley (1932), qui annonce la bio­cra­tie uni­ver­selle, 1984 de George Orwell, et son fameux Big Bro­ther. A leur tour, ces fic­tions inquié­tantes viennent nour­rir les fan­tasmes conspi­ra­tion­nistes aux­quels l’Internet four­nit des moyens inédits de dif­fu­sion et d’amplification. Par nou­vel effet de réac­tion, la dif­fu­sion sur­abon­dante de ces repré­sen­ta­tions aus­si effrayantes qu’imaginaires per­met de faire oublier, bien qu’elles s’étalent sous nos yeux, les ten­ta­tives effec­tives d’unification du monde sous direc­tion, ou comme on dit aujourd’hui avec une impré­ci­sion carac­té­ris­tique du moment, sous gou­ver­nance uni­fiée. Tout se passe comme si deux réa­li­tés paral­lèles se déve­lop­paient : d’un côté, une réa­li­té fan­tas­tique qui envoûte les uns et fait sou­rire les autres, et d’un autre côté, une réa­li­té poli­tique, éco­no­mique, cultu­relle bien concrète, fai­sant l’objet d’analyses sérieuses, de pro­grammes et de réa­li­sa­tions effec­tives.

En 1999, année de son retour en Rus­sie, Alexandre Zino­viev avait publié chez l’Age d’Homme, à Lau­sanne, l’un de ses livres les plus ache­vés, La Grande rup­ture. Socio­lo­gie d’un monde bou­le­ver­sé. Il y ana­ly­sait les trans­for­ma­tions majeures, sur le plan ins­ti­tu­tion­nel en par­ti­cu­lier, ayant sui­vi la décom­po­si­tion du régime sovié­tique et la fin de la bipo­la­ri­sa­tion des rela­tions inter­na­tio­nales. Peu après arri­ve­ra l’attentat du 11 sep­tembre 2001 qui ne fera que confir­mer cer­taines de ses ana­lyses, déjà annon­cées puis reprises dans plu­sieurs autres ouvrages. […]

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