Revue de réflexion politique et religieuse.

La sub­si­dia­ri­té comme piège

Article publié le 4 Juil 2010 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

La sub­si­dia­ri­té n’est pas une notion secon­daire, encore moins une notion négli­geable. En réa­li­té ce concept, le vocable mis à part, exprime de manière ramas­sée la mesure de la hié­rar­chie de nature qui est éta­blie entre les struc­tures sociales élé­men­taires et les struc­tures com­plexes qui les sur­plombent. C’est pro­ba­ble­ment la rai­son pour laquelle l’invocation du « prin­cipe de sub­si­dia­ri­té » est res­tée d’un usage secon­daire dans le dis­cours social catho­lique offi­ciel jusqu’à Vati­can II inclu­si­ve­ment. En effet, la sub­si­dia­ri­té ne fait que rap­pe­ler d’une manière simple et sug­ges­tive quelques-unes des véri­tés élé­men­taires sur la rai­son d’être de la poli­tique et de tout exer­cice de l’autorité sociale, ain­si que sur la bonne arti­cu­la­tion des rap­ports entre les com­mu­nau­tés élé­men­taires et les grou­pe­ments plus impor­tants consti­tués à leur ser­vice, qu’ils soient d’ordre « pri­vé » ou d’ordre « public ».
La lec­ture du pre­mier cha­pitre de la Poli­tique d’Aristote et des com­men­taires qu’en donne saint Tho­mas suf­fi­rait à le com­prendre. La socia­bi­li­té com­mence dans la cel­lule de base qu’est la famille, mais celle-ci, même élar­gie et mal­gré tout ce qu’elle a de pré­cieux pour la vie maté­rielle et morale de l’homme, reste inca­pable d’apporter tout ce qui est néces­saire à la vie plé­nière de ses membres. La divi­sion du tra­vail per­met que les uns et les autres sup­pléent en par­tie et mutuel­le­ment à ces besoins élar­gis, et requiert à son tour une orga­ni­sa­tion col­lec­tive per­met­tant la mul­ti­pli­ci­té de ces sup­pléances, mais une mul­ti­pli­ci­té qui soit réel­le­ment com­plé­men­taire et ordon­née : et tel est l’ordre poli­tique de la cité10. Cet ensemble de pos­si­bi­li­tés maté­rielles et morales consti­tue en lui-même le bien com­mun de la col­lec­ti­vi­té poli­tique (on com­prend tout de suite que ce bien indi­vis ne sau­rait se réduire aux infra­struc­tures éco­no­miques), plus éle­vé et dési­rable que le bien par­ti­cu­lier de chaque membre puisqu’il est la condi­tion même de leur pleine acqui­si­tion. […]

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