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La crise de la jus­tice poli­tique dans la socié­té post-libé­rale

Dans la phi­lo­so­phie clas­sique et chez les pen­seurs chré­tiens, la ques­tion de la jus­tice est liée à l’ordre natu­rel des choses, de l’être, puisque l’univers n’est pas un chaos com­po­sé d’éléments mul­tiples sans lien entre eux, que la rai­son ordon­ne­rait à son gré, mais bien au contraire un tout ordon­né dès son ori­gine par son Créa­teur. La sagesse divine a créé un ordre juste dans les choses, de sorte que leurs dif­fé­rences – sui­vant les degrés de bon­té – et leur hié­rar­chi­sa­tion répondent à la fin que Dieu leur a assi­gnée. La mul­ti­pli­ci­té dans l’ordre existe du fait de ce prin­cipe de fina­li­té, sui­vant lequel les êtres créés réa­lisent dif­fé­rentes opé­ra­tions, parce que l’agir suit l’être. La jus­tice a la signi­fi­ca­tion méta­phy­sique sui­vante : c’est un ordre pro­por­tion­né à une fin. Cet ordre indique la confor­mi­té des choses à leur fin, confor­mi­té qui donne à des choses inégales leur place propre. Et le fruit de la jus­tice, comme le dit Saint Augus­tin, est la paix.
La jus­tice étant en rela­tion étroite avec l’ordre humain, il faut d’abord rap­pe­ler que la cité se com­pose de socié­tés mul­tiples qui pré­sentent dif­fé­rents degrés de per­fec­tion, c’est-à-dire d’unité. La jus­tice est le moyen d’instaurer l’ordre dans la plu­ra­li­té de la  com­mu­nau­té poli­tique. Elle consti­tue ain­si la com­mu­nau­té poli­tique, à laquelle elle donne sa forme et qu’elle ordonne à sa fin, qui est le bien de cette même com­mu­nau­té. […]