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Impact de la crise de l’éducation sur l’ins­ti­tu­tion mili­taire fran­çaise

Depuis jan­vier 2011 en France, l’Ecole de Guerre est de retour. L’institution char­gée de for­mer les cadres mili­taires supé­rieurs de la nation retrouve en effet son nom ori­gi­nal après une ving­taine d’années sous le nom moins glo­rieux et expli­cite de Col­lège inter­ar­mées de défense. Que les mili­taires recon­naissent eux-mêmes que leur res­pon­sa­bi­li­té pre­mière est d’apprendre à faire la guerre et à la gagner, quoi de plus satis­fai­sant à pre­mière vue ? On espère sim­ple­ment qu’il n’y a pas là le signe d’un repli des esprits vers une concep­tion exclu­si­ve­ment tech­nique et apo­li­tique de leur métier, comme de l’abandon de toute ambi­tion de res­ter en har­mo­nie avec une socié­té dont on peut dou­ter qu’elle ait tant que cela envie d’en découdre. Il s’agit éga­le­ment d’être sûr que der­rière cette déci­sion il y a plus qu’un affi chage quelque peu déma­go­gique (chez les mili­taires, la mesure est popu­laire…), une véri­table remise en cause du pro­jet édu­ca­tif des armées pour faire face aux défis per­ma­nents de la défense, que la crise finan­cière et éco­no­mique de 2008 ne fait que com­men­cer de redé­voi­ler.
Répondre com­plè­te­ment à ces ques­tions deman­de­rait un tra­vail consi­dé­rable, qui dépasse le cadre de cet essai et serait par cer­tains côtés trop tech­nique pour inté­res­ser le lec­teur non spé­cia­li­sé. Il se heurte par ailleurs à la pau­vre­té des réflexions conduites actuel­le­ment en France sur ce sujet et à l’absence de rigueur et de for­ma­lisme dans la défi­ni­tion des objec­tifs de cette for­ma­tion : symp­to­ma­tique peut-être de la confu­sion actuelle de la fin et des moyens, on constate en effet qu’aucun texte régle­men­taire ne fixe avec quelque pré­ci­sion les objec­tifs de la for­ma­tion tant à l’Ecole de Guerre que dans une école de for­ma­tion ini­tiale comme celle de Saint-Cyr pour l’armée de terre dont viennent les plus gros bataillons d’officiers fran­çais. Ils semblent en effet être défi­nis en interne par la direc­tion de ces écoles, puis vali­dés dans un dia­logue incer­tain avec leurs auto­ri­tés de tutelle ou les « Conseils de per­fec­tion­ne­ment » dont ils sont dotés. […]