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Faut-il « reca­drer » l’interprétation de Vati­can II ?

Le jésuite Chris­toph Théo­bald a entre­pris une volu­mi­neuse étude dont le pre­mier tome est paru en 2009, sous le titre : La récep­tion du concile Vati­can II [Chris­toph Theo­bald, La récep­tion du concile Vati­can II. I. Accé­der à la source, Cerf, Coll. « Unam Sanc­tam. Nou­velle série » 1, 2009, 928 p., 48 €.]. Il entre ain­si dans un débat très actuel, et en asso­ciant étroi­te­ment récep­tion et « iden­ti­té pro­blé­ma­tique » (p. 25) du concile – l’adjectif impor­tant autant que le sub­stan­tif –, il se situe réso­lu­ment dans une her­mé­neu­tique de la réforme ; mais il convien­drait d’énoncer la thèse plu­tôt ain­si : il ne s’agit pas tant d’appliquer une grille d’interprétation, quelle qu’elle soit, au concile – évé­ne­ment et cor­pus – que de recon­naître que le concile ins­crit un prin­cipe her­mé­neu­tique au fon­de­ment de la vie et de la parole de l’Eglise. Qu’est-ce à dire ? La Sainte Ecri­ture est, en théo­lo­gie catho­lique clas­sique, et selon les mots de Pie XII, « la source la plus pré­cieuse et une règle divine de la doc­trine de la foi et des moeurs », et « ce tré­sor… lui [à l’Eglise] est venu du ciel » (ency­clique Divi­no afflante spi­ri­tu, 1943). De ce tré­sor et de son com­plé­ment tout autant divin – en son ori­gine et en son auto­ri­té – qu’est la Tra­di­tion, le Magis­tère est le gar­dien et l’interprète, en cer­taines cir­cons­tances infaillible. Le prin­cipe her­mé­neu­tique du concile Vati­can II, selon la pré­sente thèse, modi­fie en pro­fon­deur cette struc­ture tri-polaire en rem­pla­çant, pour le dire sché­ma­ti­que­ment, la Tra­di­tion par le monde, car en lui aus­si réson­ne­rait l’Evangile, et le Magis­tère par l’ensemble des lieux et com­mu­nau­tés où un dia­logue s’instaure à par­tir de la double inter­pel­la­tion que lance cet Evan­gile de la Sainte Ecri­ture et du monde. […]