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San­drine Deul­ceux, Rémi Hess : Hen­ri Lefebvre. Vie, oeuvre, concepts

Cette concise mais syn­thé­tique et sti­mu­lante intro­duc­tion per­met de dis­po­ser d’un pre­mier éclai­rage sur la tra­jec­toire d’Henri Lefebvre (1901–1991), socio­logue ne pré­ten­dant nul­le­ment à la « neu­tra­li­té axio­lo­gique », tout au contraire. Intel­lec­tuel plus « roman­tique révo­lu­tion­naire » que com­mu­niste, connu comme le père fon­da­teur du situa­tion­nisme, Hen­ri Lefebvre, qui avait été exclu du PCF en 1958, a été ostra­ci­sé par Sartre et bien d’autres, sur­tout après la publi­ca­tion, en 1965, d’un livre sur la Com­mune de Paris, qui l’a fait pas­ser pour un social-traître. Plu­tôt qu’une bio­gra­phie, les auteurs nous pro­posent une rapide chro­no­lo­gie, et plu­tôt qu’un lexique, quelques mots clés (moder­ni­té, lutte des classe, his­to­ri­cisme). Bien que suc­cincte, la pré­sen­ta­tion des oeuvres per­met aus­si d’entrevoir leur contexte d’écriture (entre autres, mai 1968). De l’ensemble, on retien­dra ici les deux entrées : le quo­ti­dien et l’urbain. A rebours com­plet de toutes les formes d’esthétisation ou de subli­ma­tion dont il fait aujourd’hui l’objet sous l’effet d’une sorte d’épicurisme latent, le quo­ti­dien est, pour Lefebvre, le révé­la­teur d’une destruc­tu­ra­tion et d’une scis­sion par le sys­tème éco­no­mique en vigueur entre dif­fé­rents uni­vers orga­ni­sés de manière cloi­son­née (vie pri­vée, de bureau, de loi­sir…) et, en tant que sous-uni­vers « colo­ni­sé » de la vie de cha­cun, ame­né à être contrô­lé, asser­vi. D’où l’illusion pour les indi­vi­dus de par­ve­nir à le maî­tri­ser. […]